Encore un ?!

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Marjorie. Même jour. Paris.

Alors que je suis entourée de dentelles, de fils et autres tissus, et alors que je mets la dernière main à mon corset noir, la clochette de ma boutique retentit. Je me lève et me dirige vers mon comptoir en laqué noir. Je suis saisie devant la personne qui vient d'entrer.

Bon. Visiblement, il y a eu conciliabule derrière mon dos, et il a été décidé, de m'envoyer l'emmerdeur de service. J'ai nommé, mon meilleur ami Adrien Erria. Nous nous connaissons depuis notre adolescence. Avec Gaspard, on a fait les quatre cents coups. Et avec Olivier au club, on a fait toutes les positions du Kamasoutra... Et si Adrien et là, eh bien... Ça risque de faire mal.

Il pose un coude nonchalant sur mon comptoir, croise les chevilles et fait semblant de regarder ses ongles. Du haut de son mètre quatre-vingt-quinze, il en impose vraiment.

- Pas besoin de me le dire, je grogne.

- Oh mais si, je vais te le dire Marjo, me dit-il de sa belle voix de stentor. Tu te comportes comme une sale petite peste en ce moment.

- Et donc tu es venu me faire la morale ?

- Gasp m'a appelé. Il s'inquiète. Quant à Joe et à Leila, elles sont sur la défensive et ruminent toute la sainte journée. Tes petites sautes d'humeur sont en train de tous nous péter à la gueule. Je n'ai donc pas besoin de t'expliquer ce que Richard et moi subissons...

Je ricane.

- Lei a enfin appris à viser ? Tu t'es mangé une agrafeuse récemment ?

- Marjo... gronde-t-il. Je n'ai pas envie de rire. Qu'est-ce qui se passe, putain ?

- Mon père m'emmerde. Et Gaspard me soûle, à prendre sa défense.

Adrien se redresse et hausse un sourcil absolument pas convaincu par mes explications.

- Tu me prends pour un con. Tu as toujours su gérer les crises d'autoritarisme du Général. Quant à Gaspard tu sais qu'il a toujours été de ton côté. Il cherchait juste à apaiser les choses. Il broie du noir depuis que tu ne lui parles plus. D'autant qu'il part en mission en Afrique, dans moins d'une semaine. Une sombre histoire de viol de femmes africaines par des soldats français... Il n'a pas vraiment le moral, ni la tête à faire son boulot correctement à cause de toi.

Je me crispe soudain. Je n'aime pas quand Gaspard part en mission. J'ai toujours peur de ce qui pourrait arriver. Même si je ne le montre pas. Adrien m'observe intensément et attend avec la patience du chasseur et du dominant que je passe à table.

- Si je te dis tout, tu me lâches ?

- Je ne te promets rien.

- Et j'imagine que tu vas faire un rapport à Lei après ?

- Tout le monde s'inquiète pour toi Marjorie. On veut juste s'assurer que tu vas bien. On dirait que tu ne contrôles plus rien en ce moment... Et ça n'est pas normal venant de toi. C'est comme si les vaches se mettaient à braire d'un seul coup... Tu visualises ?

Je rigole de bon cœur devant l'image.

- Faut pas exagérer quand même...

Je me mords les lèvres. Je n'ai pas envie de parler de Neptune. Pas encore. J'aime notre intimité, loin de tout et de tout le monde. Mais alors que je m'apprête à débiter un mensonge plus gros que moi, mon portable s'allume et un message apparaît.

[Retour au port dans J-4. Je prépare la bitte d'amarrage. Et vous parée à virer ? N.]

- Tiens, tiens, tiens... C'est qui ce « N. » ?

Fire Crush - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant