Le Retour du Mordor

Chapitre 11

Point de vue de Théa

Le garde nous avait apporté à manger juste après la révélation du vieillard. Comme je m'y attendais, c'était tout simplement immangeable ! Je repoussai l'assiette en me demandant comment l'ex Roi du Gondor avait pu survivre plusieurs années là dedans...

Je m'approchai ensuite de la grille pour écouter le vieil homme.
_ Alors, dis-je, comment êtes vous arrivé ici ?
Le vieillard soupira longument puis entama son récit.
_ J'ai hérité du trône grâce à mon père et, je crois me souvenir que je n'étais pas un mauvais roi... Le peuple n'était pas malheureux et les nobles pas mécontents... Mais, j'ai fait la bêtise de choisir un Intendant qui visait plus haut que ce poste.
_ Ferreol ? demanda Luke.
L'ancien roi hocha la tête.
_ Vous ne nous avez pas dit votre nom, remarqua Yann.
_ C'est vrai, acquiesca le concerné. Je m'appelle Cliras.
Un court silence s'imposa alors, jusqu'à ce que je reprenne la parole.
_ Comment Ferreol a-t-il pu prendre votre place ? Enfin, faire arrêter un roi n'arrive pas tous les jours...
_ Il a eu le soutien de l'armée et du Conseil, voilà tout...
Décidément, ce roi était plutôt avare en détails.
_ Un Conseil ? demanda Luke. Je n'étais pas au courant qu'il y en avait un en Gondor...
Le vieil homme haussa les sourcils.
_ L'arrivée du Conseil a marqué le début du Sixième Age, et depuis, il a une place très importante dans la hiérarchie. C'est étrange que vous ne soyez pas au courant...
_ Nous ne sommes arrivés que très récemment à Minas Tirith, se justifia Luke.
_ Par " très récemment", il veut dire quelques heures. Et pour l'instant, on apprécie pas trop le paysage, dis-je en tapant contre les barreaux de ma cellule.
_ Ni la gastronomie... renchérit Yann en faisant tourner le bout de pain dans son écuelle.
_ Mais arrêtez de vous plaindre ! On est en Terre du Milieu, peu importe qu'on soit enfermés ou qu'on mange mal, on vient de retrouver Andùril, et on parle avec le descendant d'Aragorn ! Alors je pense qu'on a de quoi s'estimer heureux.
_ Parle pour toi, marmonnai-je pour moi même.
_ Comment connais tu ce nom jeune homme ? demanda Cliras en redressant la tête.
_ Je vous demande pardon ?
_ Le nom Aragorn, où l'as tu entendu ?
Le vieil homme s'était redressé, et se tenait maintenant bien droit face à mon ami.
_ Eh bien, d'où je viens, c'est un nom qui est connu de tout le monde. Ou presque, continua Luke en jetant un regard amusé à Yann qui se renfrogna.
_ Dis moi mon garçon, d'où est-ce que tu viens ?
_ De très loin monseigneur, trop loin pour que vous connaissiez.
_ Oh... C'est bien alors, très bien que dans de lointaines contrées on se souvienne de ce nom glorieux...

J'hésitai à lui dire que si ce nom était connu, c'est parce que le personnage en question avait été créé de toutes pièces par un écrivain dont le livre avait été adapté en film. Mais après réflexion, j'aurais dû lui expliquer ce qu'était un film, j'ai donc abandonné l'idée.
_ Et vous avez parlé d'Andùril, se souvint l'ex roi.
_ Oui, une grande épée plutôt jolie, répondis-je. Mais assez lourde à porter...
_ Elle était perdue depuis tant d'années... Où l'avez vous trouvée ?
_ Chez un forgeron à Minas Tirith, répondit Luke.
_ Lequel ? ajouta Cliras.
_ Je sais pas, mais son fils s'appelait Poldo, un grand gars qui n'avait pas l'air très sympa, se rappela Yann.
L'ancien roi sourit et murmura un nom : Gilen.
_ Vous le connaissez ? bondis-je.
_ Oui, c'est un grand ami. Je l'avais nommé Forgeron du Roi, et c'est donc lui qui fournissait la majorité des armes à l'armée Gondorienne. C'est étrange qu'il vous ait cédé cette épée... Je suis sûr qu'il aurait pu reconnaître Andùril entre mille lames.
_ Il a dit qu'elle me conviendrait parfaitement, et que je n'aurais aucun mal à la manier, s'expliqua Luke.
_ Si tu es digne de manier Andùril c'est que tu as d'autres choses à accomplir ici... dit Cliras, énigmatique.
_ Alors là non ! Je te préviens, m'exclamai je à l'intention de Luke, dès qu'on est sortis de cette cellule poisseuse, on rentre directement à la maison !
_ Encore faut il qu'on arrive à s'échapper, se découragea d'avance Yann.
Luke tenta alors de me faire changer d'avis avec des arguments qui n'avaient aucune valeur à mes yeux comme "On peut pas partir sans être allés voir Fondcombe et la Montagne Solitaire !" ou encore "On n'aura qu'à s'installer tous les quatre dans la Comté et on vivra au milieu des Hobbits jusqu'à la fin de notre vie !". Mais comme il pouvait s'y attendre, je campai sur mes positions.
_ Si Jenifer était là, elle serait d'accord avec moi, bougonna-t-il.
_ Ouais mais elle est pas là ! répliquai-je.
_ D'ailleurs, on a toujours aucune nouvelle d'elle, dit Yann.
_ C'est vrai, me rappelai-je soudainement inquiète, j'espère qu'il ne lui est rien arrivé.
Luke avait relevé la tête, et se dirigeait à présent vers la porte de la cellule.
_ Une fois qu'on aura trouvé un moyen de sortir, on ira la chercher, lança-t-il en forçant sur les barreaux.
Cliras comprit ce qu'il essayait de faire, et l'arrêta dans la seconde.
_ C'est inutile jeune homme, ces barreaux sont extrèmement résistants, tu ne les briseras pas comme ça.
Le même sourire énigmatique se dessina sur le visage de l'ex Roi.
_ Par contre, on peut les faire faiblir un peu...
Je regardai Yann puis Luke, et nous nous tournâmes tous les trois vers Cliras qui s'était approché de sa propre porte. Il sortit d'une de ses poches une sorte de petit sifflet en bois. Il le porta à ses lèvres et souffla. Le son émis par le sifflet n'était pas fort du tout, mais très doux, et il ne portait, selon moi, pas très loin. Mais visiblement, suffisament pour qu'un garde l'entende puisque des bruits de pas retentirent au fond du couloir. Par précaution, je me reculais, mais ce n'était pas pour nous réprimander qu'était venu ce soldat, mais pour nous aider. Il se dirigea vers Cliras qui lui tendait son sifflet. Le garde le prit, puis lui donna un petit flacon qui contenait un liquide transparent, puis chuchota quelques mots pour l'ex Roi avant de retourner à son poste.
_ Que vous a-t-il dit ? demanda Yann.
_ Qu'il serait toujours là si j'avais besoin d'aide.
_ Est-ce votre parent ? s'interrogea à son tour Luke.
_ Pas du tout, c'est simplement un soldat qui est resté fidèle à son ancien Roi. Il m'avait donné ce sifflet pour lui dire quand j'aurais besoin d'aide. Malheureusement, j'étais alors abattu, et je n'avais pas du tout la force de quitter cet endroit après la trahison de Ferreol. Mais vous, jeunes gens, vous m'avez redonné la motivation nécessaire pour partir de cette prison.
Et de plus, je crois que toi, mon garçon, doit accomplir de grandes choses, finit-il après s'être tourné vers Luke.
_ C'est très bien tout ça, m'impatientai-je, mais en quoi un flacon peut nous aider à sortir de cet endroit infect ?
_ Ça, jeune fille, c'est de l'acide, lâcha tout simplement Cliras en souriant.