Le Retour du Mordor

Chapitre 4

Point de vue de Luke

Ce qu'avait dit Théa était vrai. On ne pouvait pas se présenter ainsi au roi du Gondor. Il nous fallait trouver un moyen de changer de vêtements sans croiser trop de personnes...
On avancait doucement, regroupés, lorsqu'enfin, on atteigna la grande porte. Les gardes postés en haut ne nous demandèrent ni nos noms, ni d'où nous venions. Ils nous ouvrèrent simplement les portes, ayant sûrement remarqué que nous n'étions que des enfants.
On passa alors les portes de la ville puis lorsqu'elles se refermèrent, je poussai un soupir de soulagement, puis pris un moment pour admirer l'architecture extraordinaire de cette cité, sortie tout droit du plus grand livre de fantastique connu. Je vis que Jenifer admirait elle aussi la ville. En revanche Yann dévisageait les gens et Théa regardait ses pieds, attendant probablement que l'on décide de bouger.
Une main sur mon épaule me sortit de mes pensées. Je me tournai et vis Jenifer qui me montrait une sorte de boutique un peu plus loin. Des vêtements étaient pliés sur un étalage. C'était le moment de troquer nos jeans contre la tenue de l'époque. On avança vers la boutique, les passants nous regardaient bizarrement. Il est vrai que l'on ne devait pas voir des adolescents habillés comme ça tous les jours. Les filles regardèrent rapidement les quelques robes étalées sur la table de bois. Je vis une mine dégoutée sur le visage de Théa
_Je préfèrerais une robe de sorcier, chuchota-t-elle.
_Peut être, mais tu n'en trouveras pas ici, répondit Jenifer amusée.
Elles entrèrent, suivies de Yann et moi.
La boutique était très étrange (rien à voir avec celles de Londres) Je n'en avais jamais vu de pareilles, pas même dans le Seigneur des Anneaux. Je regardai autour de moi : les vêtements, en revanche, étaient semblables à ce que j'avais déjà vu dans les films.Jenifer choisit une robe bleue pâle en tissu avec une sorte de chemise, blanche. Théa opta pour une robe jaune pâle et une chemise grise. Yann, lui, prit une chemise verte . Quant à moi, je pris également une chemise mais de couleur bleue. Nous prîmes tous une sorte de pantalon noir ainsi qu'une paire de bottes de la même couleur.
Nous nous avancions avec nos articles vers la femme qui tenait la boutique, lorsque je me rendis compte de quelque chose :
_On a rien pour payer ! m'exclamais-je.
La femme se retourna vers moi et me dévisagea les sourcils froncés. Je lui offris mon plus beau sourire.
_Mince ! dit Jenifer. J'avais pas pensé à ça...
_Si vous voulez ces vêtements, il faudra bien payer jeunes gens, nous prévint la vendeuse.
_Oui, j'arrive, dis-je.
J'allai jusqu'à elle puis tâtai mes poches, sans réel but, car même si j'avais de l'argent, les £ ne lui irai probablement pas... J'entendis le tintement de pièces, et je m'empressai d'ouvrir ma poche pour découvrir une vingtaine de pièces d'argent.
_Oh ! s'exclama la femme. Mais c'est largement suffisant pour payer ces quelques vêtements ! Donnez m'en 2, et cela suffira.
Comme je n'y connaissais rien, je lui fis confiance et lui donnai les deux pièces. Elle les rangea précieusement dans la petite bourse qu'elle gardait attachée autour de sa taille avec une ceinture.
On se changea à tour de rôle dans une sorte d'arrière boutique, puis nous sortîmes de la boutique et les filles me submergèrent de questions.
_Où as tu trouvé ces pièces ? m'agressa presque Théa.
_Je n'en sais rien ! Elles sont apparues dans ma poche, comme par magie ! me défendais-je.
_Bon, il est vrai qu'on est en Terre du Milieu, un monde de magie, mais à moins que Gandalf ne te les ai mises discrètement dans ta poche, je vois mal comment elles ont pu atterir là ! enchaina Jenifer.
Je hochai la tête puis regardai autour de nous. Pas de chapeau pointu en vue, donc pas de Gandalf.
_En tout cas, ces pièces doivent valoir pas mal d'argent si elle nous a vendu ces vêtements pour seulement deux pièces. On devrait trouver des armes maintenant.
_J'ai cru voir un forgeron tout à l'heure, dit Yann, il remontait la route.
_Alors, ça va mieux ? chuchota Théa en se rapprochant de lui.
_Un peu oui, merci....

Jenifer
Je m'approchai de Théa avec un regard plein de sous entendus.
_Oh ! Mais tu veux pas me lacher deux minutes ?
_Non, répondis-je en souriant, jamais...
Elle me tira la langue et avança devant jusqu'à rejoindre la forge.
_Bonjour ! nous salua le maître d'armes.
_Bonjour, s'avança Luke. Nous voudrions des armes s'il vous plaît.
Le forgeron nous regarda à tour de rôle puis
explosa de rire.
_Qu'y a-t-il ? demandais je intriguée.
_Je ne peux pas vendre d'armes à des enfants, vous seriez incapable de les manier ! s'exclama-t-il.
_C'est faux ! s'indigna Luke. Prêtez m'en une et je vous montre ce que je peux faire.
Le maître d'armes se leva et se pencha vers lui. Il était très grand, il n'avait plus beaucoup de cheveux sur le crâne, de grandes mains qu'il essuyait constamment sur son tablier marron et des petits yeux pétillants. Luke recula un peu face à la stature très imposante du forgeron.
_Tu n'as pas l'air très apte à manier une épée petit...
_Détrompez vous, rétorqua Luke. Donnez moi un adversaire à ma taille et je vous montre ce que je sais faire.
Je ne pus m'empêcher d'admirer l'audace de mon ami.
_Tu as l'air très confiant, dit le maître d'armes. Pourquoi pas après tout ? Poldo ! appela-t-il.
Un jeune homme qui devait avoir notre âge entra. Théa, Yann et moi reculâmes encore tellement Poldo parraissait fort et dangereux. Luke en revanche ne bougea pas.
_Je vous présente mon fils, Poldo. Ne vous inquiétez pas, il n'est pas méchant, plaisanta le père.
Sauf que nous on ne rigolait pas du tout.
_Tel père tel fils, murmura Théa.
_Ça n'a jamais été aussi vrai ! répondit Yann.
_Alors, que se passe-t-il Père ? s'impatienta Poldo.
_Et bien ce jeune homme veut acheter une épée, mais il lui manque quelque chose...
_Il ne peut pas payer ?
_Si mais il lui manque simplement des muscles ! s'exclama le forgeron.
_Très amusant, merci... ironisa Luke. Bon on passe au combat ?
_Je pense que tu as compris la situation fils.
_Absolument... Passe lui une épée qu'on en finisse, il faut que je retourne travailler.
_Tu retourneras travailler avec quelques os cassés mon ami, le provoqua Luke.
_Tu peux toujours y croire.
Je m'avançai vers mon ami et le tirai par la manche en m'excusant auprès de la montagne de muscles.
_Tu sais Luke, il doit y avoir d'autres forgerons à Minas Tirith, tu n'as pas besoin de l'affronter... tentais-je.
_Tu ne crois pas que je puisse gagner ?
_Si mais lui il est un peu... euh comment dire... imbattable ?
_Fais moi confiance.
Il repartit vers son adversaire en me laissant la peur au ventre. Il attrappa l'épée que lui tendais Poldo puis engagea la conversation :
_Tu ne veux pas abandonner ? le provoqua-t-il à nouveau.
_Non, et toi le gringalet ?
_Non plus, mais merci de la proposition !
Une fois encore, je remarquai le courage de Luke. Si il était aussi fort qu'il le laissait paraître, le combat promettait d'être rude, tout comme l'issue...