Chapitre 8

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Point de vue de Jenifer

Les gardes ouvrirent les portes de Minas Tirith à la vue du petit groupe de cavaliers. Nous nous sommes donc engouffrés au galop dans la ville, le capitaine criant aux civils de lui laisser le passage. Après avoir gravi les sept niveaux de la Cité Blanche, les cavaliers nous firent descendre de cheval puis ils nous prirent nos armes. Ensuite, ils nous regroupèrent au centre d'un cercle de soldats. Seul Luke n'était pas avec nous, le cavalier qui l'avait assomé le portait sur son épaule, comme s'il n'étais qu'un sac de toile. Le pauvre, il allait louper un superbe spectacle : l'Arbre Blanc du Gondor était là juste sous nos yeux. Il était encore plus beau et plus majestueux que dans les films... Malheureusement, je n'eut pas le loisir de l'admirer plus que ça, car un des soldats me poussa vers l'avant, pour me faire avancer.
Arrivé devant les portes, le capitaine échangea rapidement quelques mots avec le garde qui jeta un coup d'œil vers nous, puis il reporta son attention sur le capitaine qui avait continué à parler. Le garde hocha la tête et fit signe à un deuxième garde d'ouvrir les portes. Les soldats nous poussèrent à nouveau vers l'avant, et je vis que Théa me jetait des regards inquiets. Je me contentais de lui sourire, puisque je n'étais pas plus rassurée qu'elle. Yann restait le plus près possible de son meilleur ami. Je voyais ses lèvres bouger : il parlait sûrement à Luke dans l'espoir de le réveiller. Nous finîmes par entrer dans la salle du trône, où à ma grande surprise, se trouvaient une trentaine de personnes du peuple, toutes accompagnées d'un garde. Ces personnes n'avaient pas du tout l'air rassurées, un peu comme nous en fait... La majorité des soldats qui nous accompagnaient, nous laissèrent, et sortirent après s'être inclinés en direction du trône. D'ailleurs, je ne voyais pas la personne sur le trône, et dès que j'essayais de sortir de la file pour apercevoir le Roi du Gondor, l'un des quatre soldats restants s'empressait de me remettre à ma place. Pas un bruit ne régnait dans cette salle, tout était silencieux...
Au bout de quelques minutes, un fracas se fit entendre dans la pièce d'à côté. Je vis alors débouler dans la salle du trône, un homme petit et mince accompagné d'un homme plus grand mais plutôt corpulent qui lui hurlait dessus.
_ Je t'avais dit que j'en voulais un blanc, comme mon Arbre, pas un brun horrible comme ceux que montent les soldats ! criait le deuxième homme.
_ Je suis vraiment navré, s'excusa le premier homme. Je vais corriger cette erreur tout de suite votre Majesté...
J'ouvris de grand yeux.
_ Je rêve ou il l'a appelé votre Majesté ? chuchota Théa.
Je hochai la tête, encore choquée. Alors cet homme se mettait hors de lui pour la couleur d'un cheval... Quel genre de Roi était il ? Sûrement pas l'héritier d'Aragorn ! Ou du moins je l'espérais...
Le plus petit homme s'inclina au moins cinq fois avant de s'éclipser, en marche arrière et la tête baissée.
Le Roi s'assit sur son gigantesque trône, puis il claqua des doigts en allongeant ses jambes. Un domestique se précipita et posa ce qui semblait être un tabouret sous ses pieds que Sa Majesté s'empressa de reposer lourdement. Ce même domestique se redressa puis parla d'une voix forte que la salle amplifia.
_ Sa Majesté le Roi Ferreol Ier du nom.
Toute la salle s'inclina, et je fis de même.
_ Sa Majesté va maintenant juger chacun de vous avec la sagesse dont il est doté, continua le domestique avant de se décaler pour laisser la place au premier paysan ainsi qu'au garde qui l'accompagnait.
Le soldat s'inclina puis expliqua au Roi ce qu'avait fait le paysan.
_ Cet homme a été surpris à insulter Sa Majesté le Roi Ferreol Ier sous prétexte que les impots sont trop élevés.
_ Ah oui ? s'énerva le Roi. Une insulte à la Couronne et au Royaume ! Peut être que quelques mois à nettoyer mes sols te feront du bien ? Emmenez le, ordonna-t-il au garde.
Le paysan se mit à supplier le Roi, lui disant qu'il avait une femme et ses enfants à nourrir, et qu'ils ne pourraient se débrouiller sans lui. Mais Ferreol fit mine de ne rien entendre, et congédia à nouveau le paysan d'un signe de la main.
Une mine dégoutée s'installa sur mon visage : je détestais cet homme. Il était censé représenter la sagesse et la justice du Royaume du Gondor, mais je trouvais qu'il incarnait plus l'orgueil, l'idiotie et la méchanceté... Juger quelqu'un aussi rapidement et aussi sévèrement ne devrait pas être permis.
_ Suivant ! cria-t-il.
Deux enfants s'avancèrent, apeurés. A nouveau, le soldat expliqua les faits :
_ Ces deux enfants ont eu l'audace de rigoler à un spectacle de marionettes où vous étiez la cible de moqueries. Bien entendu, j'ai déjà envoyé le marionettiste au cachot...
_ Parfait, et bien amenez lui son public également.
Les deux enfants se mirent à hurler, pendant que le garde les faisait sortir de la salle du trône. Je fis appel à tout mon sang froid pour ne pas crier que cet homme était tout sauf juste et sage, parce que ça m'aurait apporté plus d'ennuis qu'autre chose...
Je fus donc dans l'obligation de voir tous ces gens se faire punir sans raison, et tandis que la file rétrécissait, l'angoisse de notre petit groupe ne fit qu'augmenter.
A présent, il n'y avait plus que cinq personnes devant nous, il ne nous restait donc que cinq petites minutes pour trouver des arguments qui nous éviteraient la prison. Après tout, nous ne connaissions pas son nom, ce qui nous vaudra bien un petit séjour au cachot de Minas Tirith... Et en plus, Luke ne s'était toujours par réveillé, ce qui ne nous arrangeait absolument pas... Mais pour ça, j'avais une petite idée en tête... Je m'approchai de Luke, lui demandant de se réveiller, ce qu'il ne fit pas évidemment. Puisque je n'avais pas d'autre choix, je me vis dans l'obligation de lui mettre une belle baffe qui eut l'effet escompté. J'eu droit à un regard amusé de Théa, étonné du garde qui tenait Luke, et Yann secoua la tête quelques secondes puis s'approcha un peu.
_ De toute façon, il l'avait méritée, chuchota-t-il.
Je souris puis me retournai vers Luke qui regardait la salle de haut en bas et de droite à gauche.
_ Je te résume la situation, dis-je. On est dans la salle du trône de Minas Tirith, et si on trouve pas d'arguments convaincants, on va moisir quelques temps en prison, punis par... le très gentil Roi du Gondor, Ferreol Ier, finis-je en souriant exagérément au garde qui me regardait d'un œil mauvais.
Luke se redressa et nous regarda tous les trois.
_ Et tout ça c'est passé en cinq minutes ? s'étonna-t-il.
_ Plutôt une demi heure, la belle au bois dormant, se moqua Théa.
_ Suivant !
Je me tournai pour voir que les suivants, c'était nous. Nous n'avions plus qu'à espérer être assez malins pour cet abruti de Roi orgueilleux...

Le Retour du MordorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant