Chapitre 9

212 17 0
                                    

Point de vue de Luke

Vu comme Jenifer m'avait résumé la situation, je supposai que nous étions plutôt mal... Ma tête aussi était mal, j'allais avoir une sacré bosse. Le capitaine du groupe de soldats s'avança.
_ Ces quatre jeunes gens affirment qu'ils ne connaissent pas votre nom, Votre Majesté, dit-il.
_ On vient d'arriver ici, nous défendis-je immédiatement, chose que le groupe de soldats ne nous avait pas laissé faire tout à l'heure.
_ Qui t'a donné l'autorisation de parler paysan ?! s'énerva le garde qui m'avait frappé.
Je me tus. De toute façon, c'était compliqué de faire autrement, il ne m'aurait pas laissé parler, et je n'avais aucune envie de récupérer une nouvelle bosse.
_ Eh bien, quelle insolence ! clama le Roi.
Jenifer m'avait rapidement dressé le portrait du parfait contraire de ce Roi, si j'en crois le ton ironique qu'elle a pris, mais elle avait oublié d'aborder le sujet de son horrible voix !
_ Je pense que nous avons quand même le droit de nous défendre, Votre Majesté, m'empressai-je d'ajouter.
_ Je ne le permets pas ! Je suis le Roi, symbole de justice, et ma sentence est sans appel !
_ Quelle est-elle pour ces voyous Majesté ? enchaîna l'un des gardes.
_ Voyous ? On a rien fait de mal ! s'écria Théa.
_ On vous a juste dit qu'on ne connaissait pas le Roi, s'exclama à son tour Yann, c'est pas un crime quand même ?!
_ Si, justement, c'est une insulte à ma personne, s'indigna Ferreol.
_ J'y crois pas... s'exaspéra Jenifer.
_ Silence ! hurla le capitaine.
Plus aucun de nous, le Roi compris, n'osa prononcer un mot de plus.
_ Votre Majesté, quelle est leur punition ?
_ Nous...
Je m'arrêtai dans mon élan. Le capitaine m'avait lancé un regard si noir, que s'il avait eu des arcs à la place des yeux, je serait mort criblé de flèches...
_ Je veux qu'ils restent un mois dans mes geôles, clama Ferreol. Pour leur insolence.
_ Quoi ?! s'époumonna Jenifer.
_ Vous avez très bien compris ! Et à chaque mot que vous prononcerez à présent, je rajouterai un mois de plus ! Ce qui nous amène à deux mois.
Le capitaine fit un signe de tête, et trois gardes emmenèrent mes amis vers une porte qui menait sûrement aux cachots... Le capitaine sortit une épée courte qu'il tendit juste devant ma gorge et murmura, de manière à ce que je soit le seul à l'entendre :
_ Et si tu fais un seul geste, je t'enferme bien plus loin et plus longtemps que tes amis. Je vois bien que c'est toi le meneur, alors tiens toi tranquille, sinon vous allez tous le regretter, toi le premier.
Je ne montrai rien de mon angoisse -pourtant très grande -, et le capitaine me poussa vers le reste du groupe.
Après avoir descendus des dizaines de marches irrégulières, les gardes nous amenèrent devant une lourde grille derrière laquelle se trouvait un long et sombre couloir, uniquement éclairé par quelques torches accrochées au murs.. Le capitaine ouvrit la grille, et après avoir avancés quelques secondes, les gardes nous jetèrent dans des cellules froides, nous séparant les uns des autres. Yann était dans la geôle à droite de la mienne et Théa était en face de moi. En revanche, aucun signe de Jenifer. Ils avaient dû l'emmener encore plus loin... Les soldats sortirent des prisons peu après, un sourire au coin des lèvres. J'aurais bien crié pour appeler mon amie, mais cela n'aurait fait que nous apporter des ennuis, nous n'avions plus qu'à espérer qu'elle aille bien. Pour l'instant, j'allais devoir m'occuper de mon meilleur ami qui avait l'air vraiment mal...
_ Ça va Yann ? demandais-je en m'approchant de la cellule de mon ami.
_ Ça pourrait aller mieux, beaucoup mieux...
_ Et toi Théa ?
_ Oh bah moi ça va ! Je pense que je vais m'éclater : deux mois enfermée dans une prison toute crade sans avaler autre chose qu'un crouton de pain moisi et un peu d'eau sale !
Elle marqua une courte pause avant de s'allonger de tout son long sur le sol.
_ Je crois que je vais mourir... se découragea-t-elle.
_ Mais non, on va se sortir de là, dis-je faussement confiant.
_ Bah ouais, ils y arrivent toujours dans les films ! s'écria Yann, son visage s'illuminant d'un coup.
Je ne pris pas la peine de répondre, Théa s'en chargeait très bien : "On est pas dans un film, c'est la vraie vie !".
Je me retournai, les laissant parler tous les deux. De toute façon, ils n'avaient pas besoin de moi, et je préférai préfléchir à une solution pour nous sortir d'ici...

Point de vue de Yann

Luke était assis en tailleur dans un coin, cherchant un moyen de s'enfuir, et Théa était allongée en plein milieu de sa cellule, cherchant la meilleure position pour dormir. Moi, j'étais debout, la tête posée entre deux barreaux, cherchant déséspérément une aide extérieure, qui n'arriverait probablement jamais. Ce roi Ferrero Ier n'avait vraiment aucune pitié...
J'entendis un drôle de bruit provenant de mon estomac malmené. Je n'avais rien pris au petit déjeuner ce matin, pensant déjeuner à la cafétéria du lycée, destination que je n'ai finalement pas atteinte... Et maintenant je mourrais de faim.
_ Eho ! Y'a quelqu'un ?! criai-je. Vous pourriez apporter quelque chose à manger ? Rien qu'un crouton de pain !
Mes amis me dévisagèrent puis levèrent les yeux au ciel.
_ Bah quoi ? Qui ne tente rien n'a rien ! me défendai-je en me renfrognant.
_ Tu sais quoi ? C'est la première fois que je t'entends citer une expression sans te tromper ! se moqua Luke.
Je fis la moue, et ils retournèrent tous les deux à leurs pensées respectives. Je m'assis à mon tour, puis regardai en direction de la cellule sur ma droite. Elle était vide, et attendait un autre innocent qui aurait insulté ou oublié le nom du Roi. J'allai reporter mon attention sur mes chaussures lorsque je crus voir quelque chose bouger dans l'ombre. Je m'approchai et ce quelque chose bougea à nouveau.
_ Y'a quelqu'un ?
_ Non, dit une faible voix, il n'y a personne...
_ Approchez-vous, que je puisse vous voir, demandai-je en plissant les yeux pour tenter d'apercevoir la personne dans la pénombre.
Une silhouette se dégagea, et je pus la voir un peu plus nettement au fur et à mesure que la personne se rapprochait.
_ Luke, Théa ! Y'a quelqu'un à côté !
_ Sans rire ! En même temps, vu le peu qu'il faut à ce Roi de malheur pour envoyer quelqu'un en prison, je suis sûre que ses cachots sont remplis, dit-elle.
_ Ne parlez pas de Sa Majesté comme ça... siffla la voix. Ou vous finirez dans le même état que moi...
Il entra dans la faible lumière des torches, et nous avons pu le voir un peu mieux. Il s'agissait d'un vieillard, maigre comme un clou, sa peau flasque formait des plis sur ses bras et son visage, seules parties visibles de son corps, le reste étant caché sous une sorte de longue robe ample.
_ Qui êtes-vous ? demanda Luke. Et que vous est-il arrivé ?
_ Je ne suis plus personne, et j'ai fait la grande bêtise de sous estimer le grand Ferreol, qui m'a jeté ici depuis des années.
Théa laissa échapper un petit cri.
_ Des années ? s'inquiéta-t-elle.
_ Qui étiez vous avant cette punition messire ?
_ Oh... Cela faisait longtemps qu'on ne m'avait pas appelé comme ça mon garçon... sourit le vieillard. Avant de moisir ici, j'étais un grand seigneur... Un très grand seigeur même...
Il marqua une longue pause, bien qu'il parla très lentement.
_ Avant, j'étais le Roi du Gondor... lâcha-t-il dans un soupir.

Le Retour du MordorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant