L'intraveineuse de sens

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Un journal n'est-il pas censé être le meilleur ami des moments intimes, des joies et des peines, des horreurs et des cauchemars ? Alors, Chers Mots, chères phrases et chère ponctuation, expliquez-moi pourquoi je n'ai plus donné de nouvelle ces derniers jours ?

N'imaginez pas qu'il ne c'est rien passé, loin de là. C'est sûrement là que se situe de problème, d'ailleurs : il s'est déroulé trop de choses. Je suis arrivée à un stade où je ne sais même plus ce que j'ai fait ou non, ce qui relevait du rêve ou de la réalité. Ce matin en est l'idéal acabit : je me suis réveillé aux côtés d'Alexis. Jusque-là, rien d'alarmant. Mais en me redressant, quelle vision chers mots... Quelle vision... Sa main dans le creux de mes reins, nous deux en sous-vêtements emmitouflés dans une couverture à l'arrière de sa voiture.

Oui, horreur est le mot idéal. Vous n'imaginez pas les films que j'ai pu me faire. Comble du bonheur (notez bien mon sarcasme matinal), j'ai retrouvé mes vêtements sur la plage, avec les siens. Seulement, avec la marée, ils sont trempés. J'ai rattrapé ceux d'Alexis aussi, mais j'hésite à les lui rendre ; cela me fera un merveilleux point de pression : pas d'explications, pas de vêtements. C'est donnant-donnant. Pourtant, le voir dans cette tenue est plutôt plaisant.

Je m'égare, Chers Mots. La Niel que vous connaissiez est désormais très loin, et bon sang que j'ai peur. Je suis quoi ? Mais surtout, je vais devenir quoi ? Il y a de cela quelques jours, jamais je n'aurais discuté avec de parfaits inconnus, allé dans une fête avec des garçons de six ans mes ainés, et jamais je ne me serais retrouvée en lingerie sur une plage à écrire dans un carnet des tribulations d'une nuit oubliée. Alors, je vous repose une dernière fois la question : je suis quoi, et je m'apprête à devenir quoi ?

Niel la paumée.

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