Je me réveillai en sursaut. Mes membres étaient engourdis, un vent caressait mon torse découvert. Les souvenirs de la veille me revenaient en tête, et plus les secondes s'écoulaient, plus le rouge me montait aux joues. Je ne réalisais toujours pas ce que j'avais pu faire. Niel avait déposé un mot, en me disant qu'elle partait. Il y a quelques jours de cela, elle comptait aussi partir. Était-ce la même volonté qui était revenue ? Et ce "fais ce que tu veux", comment devais-je le prendre ?
Je m'étais fait la promesse de la ramener chez elle, dans quelques jours. Mais je ne pouvais mener à bien ma mission avec une fugitive des plus coriaces. Après tout, rien ne m'obligeait à prendre soin d'elle, à être son ami, son confident, son père et son grand-frère à la fois. Une intime part de moi me disait de continuer, de la chercher, encore et encore. Trop souvent, je n'avais pas écouté mon cœur et suivit ses conseils. Je sautai dans le premier jean qui passait par là, enfilai mes baskets sans les lacer et commençai à trottiner en passant mon t-shirt. Il me fallait retrouver Niel, c'était une évidence. Elle possédait une partie de moi, c'était indéniable.
Les sentiers montaient jusque haut sur les falaises. Faits de terre battue de sable et de gravillons, ils étaient particulièrement glissants avec la rosée du matin. Mais je n'avais pas le temps de m'en soucier, Niel était devenue ma priorité.
Ce fut une chute bête. Une chute que j'aurais pu éviter. Un gravillon un peu plus gros que les autres, un chemin qui bifurque brusquement, un lacet qui s'emmêle sous ma semelle. Une glissade, un dérapage, mon épaule qui heurte le sol. Une pente trop raide, quelques touffes d'herbe pour se rattraper.
Du vide, encore et toujours.
Enveloppé, comme du coton, je ne sens plus rien.
Je ne revois que le sourire de Niel, son rire cristallin et les étoiles infinies de ses yeux.
Je ne revois que du noir, intense, éclatant. Une succession de couleur, de cris et de mouvements.
Tout devient flou, puissant, imposant.
Tout s'arrête, rien n'est exaltant.
Blanc.
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Profitez, c'est l'avant dernier !
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L'intraveineuse de sens
General FictionAu final, que sommes-nous ? Niel le sait. Elle le sait, parce que les mots le lui ont dit. Tout simplement. #210 dans Fiction Générale (28.08.2016) © Je suis un paradoxe. | 2016 #JeSuisResponsableDeCeQueVousLisez