La louve noire

Chapitre 3

En moins de cinq minutes, j'avais trouvé un petit magasin pas trop loin. Je pouvais percevoir les grosses voitures que j'avais repérées sur le parking en train de me suivre tout le long de la route. Ils allaient surement faire part à Dan de mon changement de destination.

Je lui dirais la vérité, je lui dirais qu'un homme m'avait fait tombée et qu'il m'avait demandé mon nom.

Non, je ne pouvais définitivement pas lui dire ça.

Il penserait que j'aurais été tentée de m'enfuir ou d'appeler à l'aide. Si je lui disais ça, il viendra me dire que j'aurais pu tout simplement lui donner un faux nom. Comment lui expliquer que j'avais été perturbée par cet homme ténébreux aux beaux yeux bleu...

J'étais foutue.

Au moins, je serais là à l'heure. J'avais trouvé ce petit market et ne refis plus l'erreur d'oublier ma liste sur le siège passager. Je fis mes courses le plus vite possible, regardant toujours par terre pour éviter de croiser le regard de quiconque. Cinq minutes plus tard, je sortis du magasin les mains remplis de sac de course en me dirigeant presque en courant jusqu'à la petite Chevrolet.

J'aurais aimée arrêter de penser à cet homme durant tout le trajet du retour. Il était tellement séduisant. Quelque chose me faisait me sentir bien quand j'étais prêt de lui. Son regard m'avait percutée, il m'avait regardée avec une telle intensité...

Je frissonnai de plaisir.

Je pense que c'est évident, il s'est passé quelque chose entre nous. Seulement, je devais arrêter d'y penser, cela me ferait souffrir. Je ne le reverrais plus jamais, il ne faudrait pas que je me fasse de faux espoir.

Ou alors, je me faisais des films et c'était parce que je restais enfermée trop longtemps dans ce grenier que j'avais des hallucinations.

Je secouai la tête une bonne fois et me concentrai sur la route. Il me restait deux minutes pour être assise là où Dan m'avait demandé d'être. De loin, j'aperçus la maison délavée.

Regardant dans mon rétroviseur, je vis les trois grosses voitures emprunter le même chemin que moi puis elle tournèrent pour se retrouver derrière la maison.

Je soufflai intérieurement, je n'avais pas la force d'affronter la colère de Dan aujourd'hui, je priais pour qu'il soit de bonne humeur.

Je sortis de la voiture en claquant la porte et prit les courses dans le coffre.

A peine venais-je de m'assoir que je vis la Jeep noir de Dan se garer à côté de la voiture verte. A son regard, je voyais que je m'étais trompée, il n'avait vraiment pas l'air de bonne humeur. Il était même furieux.

Il sortit de sa voiture et passa ses mains nerveusement dans ses cheveux. Il me jeta un coup d'œil.

Ça m'avait toujours intriguée de savoir ce qu'il faisait quand il partait. Que faisait ce type dans la vie ? Comment avait-il de l'argent ? Il n'avait peut-être pas besoin de payer le loyer de ce débris mais il avait besoin d'argent pour se nourrir. Dan n'avait pas la tête du parfait employeur, alors comment se faisait-il cet argent ?

Il ouvrit la porte de la maison et j'en concluais que je devais le suivre. Ne sachant pas quoi faire, j'entamais la discussion.

-Ça va ?

Au fond de moi, je me mis une claque énorme. Qu'est-ce que je m'en foutais comment ce type allait, et puis comme s'il allait me dire quoi que ce soit...

-Non. Non, ça ne va pas du tout. Je suis dans la merde.

Il était dans la merde ?

Dan faisait les cents pas dans le salon, frappant au passage dans un paquet de poussière. Je m'étais assise sur le fauteuil, ne trouvant pas quoi faire d'autre. Malgré les poussières et les moisissures que comportait ce canapé, je préférais mille fois être ici que dans le grenier attachée à ce collier pour chien.