Dans son studio, Gloria n'arrivait pas à retrouver son calme. Elle était dans un état étrange... Ce n'était pas de la peur mais de l'incompréhension mêlée à de l'excitation, d'ailleurs, sa gestuelle en témoignait. Elle ne tenait pas en place. Elle prit d'abord une douche brûlante puis fourra les vêtements souillés de la prostituée dans un sac poubelle. Elle se contempla ensuite de longues minutes dans un miroir. Elle se trouvait belle et le terme, « belle » était trop faible. Ses cheveux étaient devenus aussi doux, souples et brillants que du fil de soie. Sa peau était lisse et halée, ses pommettes bien saillantes et les creux dans ses joues, estompés. Quant à son corps, il avait perdu sa maigreur et retrouvé son bombé.
— Comment c'est possible ?
Gloria se répéta plusieurs fois cette question en tenant ses belles pommes dans ses paumes. Loin dans son esprit, la vérité l'effleurait, mais elle ne voulait pas y céder. Ces choses-là n'existaient pas, c'était impossible... et pourtant elle ne pouvait vraiment le nier. Elle voulait juste rester un peu plus longtemps dans le déni, ça lui convenait mieux.
La nuit courait sans qu'elle ne puisse fermer l'œil. Quelque chose lui dictait de faire ses valises et ce fut fait. Elle voulait maintenant quitter cet immeuble glauque infesté de cafards. À l'aube, Gloria rassembla ses affaires et toqua à la porte du propriétaire.
— Ah, te voilà petite peste, tu me dois trois loyers !!! Si tu crois que...
Le propriétaire mal rasé et sale se tut face à la nouvelle apparence de Gloria. Lorsqu'elle le fixa de ses prunelles aux teintes ocre, Monsieur Graham se figea, les jambes flageolantes.
— Qu'est-ce que tu veux ma chérie ?
Gloria fut étonnée mais ne s'attarda pas sur ce changement d'humeur si soudain.
— Voilà de quoi payer mes loyers, dit-elle en lui tendant l'argent d'Harry.
Le propriétaire compta rapidement les billets avant de se mettre à hurler en disant qu'il n'y avait pas le compte mais lorsque Gloria le fixa encore, il se radoucit d'un coup :
— Très bien Gloria, merci, minaudait-il en refermant la porte.
— Attendez !
Gloria s'empressa d'empêcher la porte de se refermer avec son pied. Elle voulait vérifier quelque chose.
— Monsieur Graham, rendez-moi mon argent, s'il vous plait.
— Non mais ça va pas la tête ? Dégage d'ici tout de suite !!!
Gloria attrapa les yeux de Graham avec les siens et répéta lentement :
— J'ai dit... Rendez-moi mon argent.
Dans un silence presque troublant, le propriétaire restitua l'argent à Gloria avant de fermer la porte en ayant l'air ailleurs. C'était incroyable. Gloria en était bouche bée. C'était comme si elle était capable d'hypnotiser les gens avec ses yeux. La vérité qu'elle ne voulait pas admettre s'offrait à elle sans retenue. Quelque chose qui dépassait l'entendement lui était arrivé. Elle glissa la moitié du butin sous la porte pour se donner bonne conscience puis poussa la porte de l'immeuble pour sortir. Dehors, ses craintes émanant des contes qu'elle connaissait furent vite balayées. Il faisait jour et elle se sentait bien. Le soleil n'avait aucune incidence sur sa peau. Ses hypothèses volèrent en éclat. Peu importe ce que c'était, elle ne voulait plus essayer de comprendre. Elle fit signe à un taxi et lui demanda de l'emmener dans un hôtel luxueux sur Time square. Se faire plaisir, voilà ce qu'elle voulait. Après avoir passé trois ans à se prostituer et à se droguer, elle vit ce changement comme du pain béni.
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Désirs cruels
Short StoryPlongez dans dix petites histoires frissonnantes qui mêlent obscurité et érotisme. Quand les pires situations deviennent des fantasmes... ou des désirs cruels... Oserez-vous succomber ?