Butterfly, partie 2

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Nora et moi prîmes le chemin du retour en traversant une partie de Cedar city afin de nous arrêter au fast food du coin pour prendre notre déjeuner. Nous pouvions sentir la chaleur du bitume brûlant sous la semelle de nos sandales. C'était insupportable au point de devoir boire toutes les trois minutes. Malheureusement pour nous, la moitié du lycée avait eu la même idée pour le fast food ce qui nous a valu l'attente dans une queue énorme.

— On aurait dû sauter le repas... ta piscine m'appelle de toutes ses forces, Em.

— Allez patience ma vieille, plus que deux clients devant nous.

Nora souffla en mettant tous ses cheveux en arrière. Ses boucles brunes retombèrent sur son visage en rebondissant comme des ressorts.

— Punaise, chuchota-t-elle, j'ai la culotte qui colle au bonbon.

Plusieurs personnes s'esclaffèrent mais Nora s'en fichait. Je l'aimais principalement pour ces deux raisons qui font toute sa personnalité : son franc parlé et son assurance.

— Cette crinière ne m'aide pas, dit-elle en essayant d'attacher ses cheveux. J'envie tes cheveux aussi fins que du fil de soie.

— Et moi j'envie tes boucles d'amazone et ton volume.

Nora leva les yeux au ciel. Notre commande passée et nos sacs de nourriture en main, nous sortîmes dans la rue. Je ne savais pas pourquoi, mais ce vendredi était blindé de monde. Trop de gens déambulaient autour de nous, entraient et sortaient des magasins, tout ceci dans une précipitation brouillonne. Sous le soleil accablant, accompagnées par nos estomacs en demande de satiété, nous avons marché tant bien que mal sur deux pâtés de maisons, nous éloignant des commerces et nous enfonçant dans les quartiers résidentiels. Tout en discutant avec Nora j'observais le voisinage. Il n'était que midi trente et des enfants faisaient du skate, me laissant penser que leurs cours aussi avaient été annulés. Tout près de ma calme rue, une volée de corbeaux passa au-dessus de nos têtes avec d'assourdissants croassements, de quoi nous filer la chair de poule.

— Trop bizarre !

— Cette chaleur nous déboussole tous on dirait.

Nora ouvrit mon portail, me laissa passer avant de le refermer.

— Tes parents et Josh rentrent quand ?

— Dimanche. Josh voulait leur faire visiter le campus et leur présenter ses amis avant de quitter la fac. Apparemment un jour ne suffit pas.

— Je n'arrive pas à croire que ton frère ait enfin fini ses études. Bon sang, et nous, on est toujours au lycée à transpirer comme des vaches.

Je haussai les épaules en entrant dans ma maison. Quand je refermai la porte derrière nous, Nora poussa un soupir de bonheur en s'étalant au sol comme une crêpe.

— Dieu. Merci, merci, merci pour cette invention géniale. La clim ! Oh dieu...

— Il y a une autre invention que tu vas aimer ma petite Nora.

Je traversai mon salon et ouvris les baies vitrées qui donnaient sur le jardin et la piscine. Nora fit une grimace hilarante avant de faire semblant de ramper comme un vers de terre. Sous mes quintes de rire, elle se leva, courut, traversa le salon, enjamba un transat et sauta la tête la première dans la piscine, les jambes tordues en crochet. Ce qu'elle n'avait pas noté avant de sauter, c'était la bâche posée sur toute la surface. Elle céda sous son poids mais c'était hilarant de voir son saut freiné par le plastique souple. Cette fille était belle, intelligente, agréable, et diablement drôle. L'homme qu'elle épouserait serait un veinard. Lorsqu'elle fit surface, elle rigolait à gorge déployée, insouciante, pleine de vie, quant à moi, je n'arrivais pas à respirer tant je riais.

Désirs cruelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant