Désirs cruels

Butterfly, partie 3

Merci pour votre enthousiasme sur cette histoire mes chéries <3 Je prends beaucoup de plaisir à vous l'écrire (bon je flippe un peu toute seule quand même lol !). Elle sera plus longue que Blood love. Je vous embrasse !

Nous avons je ne sais comment, trouvé la force de sortir dans le crépuscule sans nous retourner, laissant ma maison ouverte et vulnérable aux cambriolages. C'était le cadet de mes soucis. Nous courions aussi vite que possible dans mon quartier résidentiel, assourdies par la sirène civile qui continuait à hurler dans l'air. Des gens couraient dans tous les sens sans que nous sachions véritablement pourquoi. Ma tête était remplie de visions de ce monsieur Janon qui ne ressemblait plus au monsieur Janon que je connaissais. Nora me tenait la main et galopait plus vite que moi, ce qui donnait l'impression qu'elle me trainait derrière elle. Mon cœur me brûlait la poitrine. J'avais envie de pleurer et de hurler, frustrée de ne pas savoir ce qui était en train de se passer. Les paroles du proviseur me revinrent en tête : « Bonne chance à tous ». Maintenant c'était une certitude, les cours n'avaient pas été annulés à cause de la canicule... Il se passait quelque chose de plus grave. Quelque chose qu'on a voulu nous cacher jusqu'au dernier moment.

— Nora... Nora.... Nora !!!

Je ralentis avant de m'arrêter complètement en me pliant en deux. L'angoisse mêlée à cette course m'empêchait de respirer convenablement. Nora me colla contre le grillage d'une maison en surveillant nos arrières. Des gens couraient en hurlant, d'autres avaient les bras chargés de produits électroménagers encore emballés et des familles grimpaient dans leur voiture avant de démarrer en trombe. Personne ne semblait vouloir s'arrêter pour poser des questions et chercher à obtenir des informations auprès d'autres gens. On entendait des vitres se briser, des alarmes de voiture et des pleurs de nourrisson. Il commençait à faire nuit et c'était le chao total.

— Emily, je t'en supplie. Ne flanche pas maintenant, j'ai besoin de toi.

— Je...

— La maison de Max n'est plus loin, si on continue à courir, on peut y arriver en trois minutes.

— Max...

Bon sang, Max. Mon copain. Lui seul pouvait nous aider. Je hochai la tête avant de laisser mon amie me tirer par la main. Pendant que je courais en me laissant entrainer, je regardais à ma gauche et à ma droite. Je voyais des choses que je n'arrivais pas à comprendre ou que je ne voulais pas comprendre. Il y avait des corps inertes à terre et des gens qui semblaient ailleurs, qui trainaient une jambe derrière eux en avançant. Certains se cognaient à des poteaux tout comme mon voisin, comme s'ils étaient en hypnose. D'autres encore toussaient jusqu'à cracher du sang sur le bitume. Nous croisâmes un couple dont les bouches étaient couvertes par des masques antivirus. C'est cette chose qui me fit le plus flipper. Virus... je me souvins du garçon au lycée qui toussait jusqu'à en cracher ses poumons... La ville était atteinte d'un virus qui rendait totalement dingue ou qui rendait léthargique, comme mon voisin. J'en étais persuadée mais j'ignorais encore que c'était bien plus grave que cela.

— Emily ! C'est laquelle ? C'est quelle maison ? Je ne me souviens plus, s'écriait Nora en trottinant.

Je rassemblai mes esprits en secouant la tête avant de désigner la maison de Max, évitant de justesse une voiture qui nous fonçait dessus.

— Allons y et vite.

Le portail étant verrouillé, nous escaladâmes le grillage avant de courir à travers l'allée centrale pour enfin tambouriner à la porte. Nos supplications mêlées à des sanglots se perdaient dans le chao qui s'épaississait. La porte s'ouvrit tellement précipitamment que Nora et moi perdîmes l'équilibre en avant. Quand je me redressai, je sautai dans les bras de Max dont l'air très soucieux fit lâcher mes nerfs pour de bon.