Butterfly, partie 1

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C'est parti pour une nouvelle histoire ! : D Merci à tous pour vos commentaires sur Blood Love <3


Butterfly, partie 1

La vie se résume parfois à rien... parfois à tout un tas de choses profondes ou non. Je ne m'étais jamais posée cette question, jusqu'à cette journée...

Ce matin-là, ma préoccupation routinière était le lycée et les examens de fin d'année... La terminale... Ouais... C'était à cela que se résumait ma vie. Du moins, c'est ce que je croyais. C'était le mois de juin et la canicule mettait des bâtons dans les roues des étudiants. Les « pool party » et les soirées jusqu'au bout de la nuit compromettaient les révisions. J'en étais la première victime bien que très studieuse. C'était ça mon petit truc à moi : plutôt populaire et brillante. Voilà deux choses normalement incompatibles dans le genre de lycée que je fréquentais. Ici, chaque personne, qu'elle le veuille ou non, entrait dans une catégorie. Il y avait les intellos, les sportifs, les populaires « soit belle et tais toi », les geeks, les gothiques, les anorexiques, les boulimiques et les sans catégorie définie, comme moi. J'admets que c'était plutôt superficiel mais cela maintenait un certain équilibre... Un équilibre qui allait voler en éclat... à tout jamais.

— Hey Em ! Attends !

Je me retournai vers cette voix familière. Ma meilleure amie Nora me courait après dans les couloirs du lycée. Lorsqu'elle arriva à ma hauteur, j'étais déjà en train d'ouvrir mon casier et d'essuyer les premières sueurs sur mon front.

— Nom d'un nichon tendu, il fait une chaleur, s'écria-t-elle en reprenant son souffle et en esquivant les épaules des passants.

Les couloirs étaient blindés de monde, surement à cause de la clim dans l'enceinte du lycée.

— Sérieusement Nora... Arrête de parler de nichon à tout va.

— Et toi arrête de reprendre mes expressions ! Elles déchirent !

Nous échangeâmes l'un de nos regards faussement défiant et plein de complicité avant de sourire.

— Bon raconte, dit-elle en me poussant l'épaule.

Je levai les yeux au ciel en fermant mon casier, mes livres à bout de bras. Nora avait déjà les bras croisés avec de l'excitation plein les yeux.

— Il n'y a rien à raconter... Max et moi on a dîné au Homard d'or, puis on est allé regarder les étoiles, on s'est embrassé et voilà, fin de l'histoire.

Nora fit une grimace avant de faire semblant de vomir.

— On a diné au Homard d'or et on a regardé les étoiles, répéta-t-elle en prenant une voix de snobinarde. Emily !! Sérieux ?

— Quoi encore ?

— Dis-moi qu'il t'a enfin fourrée !

— Chuttttt !!!

— Vous l'avez fait oui ou non ??

— Non, dis-je en vérifiant que personne ne nous regardait.

— Merde alors. Il est gay ? C'est quoi son problème ?

N'ayant pas du tout envie d'aborder le sujet, je pivotai sur moi-même pour me diriger vers ma salle de cours mais Nora me rattrapa plus vite que je ne l'aurais parié.

— Emily... Max et toi vous sortez ensemble depuis deux ans... Je crois que t'es en train de perdre ton temps avec un mec comme lui.

— C'est un type bien !

— Trop bien même !

— C'est pas vrai... Tu ne vas pas recommencer avec ça !

Nora prit nerveusement une boucle brune autour de son index.

— Vous regardez les étoiles au lieu de vous envoyer en l'air, désolée mais c'est trop glauque.

— On est romantiques.

— Pathétiques.

— Uniques.

— En manque de nique !

— Nora !!!

Même si mon amie m'énervait, je devais admettre qu'elle me faisait rire. Je m'arrêtai au milieu des étudiants qui déambulaient autour de nous pour lui faire face.

— On prend notre temps, c'est tout...

J'aimais bien Max... J'aimais ses bonnes manières et le fait qu'il vienne d'une bonne famille. En plus, nous étions totalement sur la même longueur d'onde désirant tous les deux entrer en fac de médecine.

— Il est trop barbant ! Ses notes sont barbantes, sa maison aussi, sa cabriolée ultra, ultra, ultra barbante, son fric, barbant ! Tout barbant. Il te faut un mec avec du caractère, avec de la débauche, du mordant, du répondant, de la poigne ! Un mec qui partagerait son burger bien gras avec toi et non un homard prétentieux à trente dollars. Lui ! C'est lui qu'il te faut, dit-elle en désignant un mec de la tête.

Je laissai mes yeux se poser sur mon pire cauchemar, en train de draguer une fille appuyée contre des casiers. Justin Rowark, le type le plus populaire du lycée par son physique mais aussi par son insolence, sa tchatche, son esprit rebelle. Je le connaissais depuis le jardin d'enfants et je le détestais. Je n'avais jamais réussi à m'entendre avec lui. Je ne supportais pas les hommes dont la confiance en eux atteignait des montagnes. Justin faisait craquer tout ce qui bouge et il le savait.

— Même sur une île déserte entourée de requins, jamais, jamais, jamais... Jamais... je ne le laisserais m'approcher.

Justin me lança un regard à ce moment-là avant de montrer ses dents parfaites à sa nouvelle proie.

— Eh bien, si ça arrive, tends-lui juste tes fesses, tu m'en diras des nouvelles, rétorqua mon amie en lorgnant Justin.

— Il passe son temps à draguer des meufs, à faire du sport, à organiser des soirées. J'admets qu'il est canon mais c'est tout. Je préfère Max et de loin.

— Em... Tu es un cas désespéré !

Je soufflai d'exaspération en remontant la lanière de ma salopette/jupe sur mon épaule. Un type en train de tousser violemment passa devant nous en postillonnant de la salive.

— Errrkkk...

Je me mis à rire en observant le garçon entrer dans les toilettes.

— Rhume des foins !

— Stp Em. Commence pas avec tes diagnostics à la noix.

— Bon Nora... Tais-toi. Allons en cours.

Je liai le geste à la parole en priant pour qu'elle ne remette pas Max sur le tapis.

Les trois premières heures de cours se passèrent sans encombre bien que quelques malaises aient été signalés à cause de la canicule. Au milieu de notre cours d'histoire, quelque chose de magique se produisit. La voix du proviseur avait retenti dans l'enceinte du Lycée :

Chers élèves, à cause de la canicule, le lycée fermera ses portes dans quinze minutes. Vous êtes priés de regagner la sortie dans le calme. Je répète, tous les cours sont annulés... Jusqu'à nouvel ordre... Hum... Bonne chance à tous.

On entendit des hurlements de joie et dans ma salle de cours, des feuilles volèrent. J'observais les élèves ranger leurs affaires, le sourire aux lèvres et notre prof d'histoire sortir de la salle avec un visage tendu. Malgré la joie que je me faisais d'avoir le reste de la journée pour moi, quelque chose d'étrange me broya l'estomac. Ce « bonne chance à tous » était étrangement inquiétant...



Désirs cruelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant