Infini 1

Chap.12

Impossible de dormir. Je virevolte dans mon lit sans trouver le sommeil. Un coup d'œil à mon téléphone.
2H30.
J'aplatis mon visage dans mon oreiller.

– C'est pas vrai.

Je repousse ma grosse couette en colère. Roman arrive à me pourrir mes nuits en plus de mes journées. J'aimerai qu'il soit là pour pouvoir lui refaire son visage de sale gosse. J'attrape mes clefs, enfile une paire de tennis et sort faire un tour de voiture en pyjama au milieu de la nuit. Je manque de peu de rentrer dans la voisine. J'ignore ce qu'une femme de 90 ans peut faire dehors à une heure pareil mais il n'y a pas d'âge pour être bizarre. Peut être qu'elle aussi est hantée par un brun ténébreux. Qui sait.

La clef tourne et le moteur se met à rugir. J'aime. Le contacte du volant sous mes doigts me parcoure de frissons, mon pied caresse l'accélérateur. Un sourire étire mes lèvres. C'est parti.
J'écrase la pédale, m'engageant dans la nuit noir éclairée d'une lumière superficielle. L'aire frai s'engouffre dans la voiture. Me vider la tête et élaborer un plan pour faire payer mes nuits d'insomnies à l'autre tête de con. C'est un peu gamin mais je m'en moque, je resterai une éternelle enfant.

Je suis tellement concentrée sur mon plan que je ne vois pas le virage. Ma voiture fait un saut bizarre et je me retrouve propulsée contre le volant. Il est dur. Ne jamais tâter le volant avec sa tête. Une douleur s'écrase sur mon crâne et contre ma poitrine.

Il me faut bien 5 minutes pour reprendre connaissance et me remettre de mes émotions. Je touche mon front repeignant mes doigts de rouge. Génial, je me suis bien amochée et je n'ai pas pensé à prendre mon téléphone. Qui rangerai son téléphone dans son pyjama? Pas moi. Trois coups d'épaule suffisent à ouvrir ma portière bloquée.De la fumée sort de ma voiture.

– Putain ma voiture!

Seule chose que j'arrive à articuler.

C'est très dure de marcher droit. Les herbes m'arrivent à m'y genoux,s'insinuant sous mon pyjama. Cette situation ne pourrais pas être pire. Je fait un pas et mon pieds rencontre du vide avant de descendre d'un bon mètres ou deux. Le fossé est plein de boue m'arrivant au genou.
Surtout ne pas imaginer toute les bêtes qui grouillent sous mes pieds. Trop tard, je frôle la paranoïa en imaginant une grosse bestiole escalader ma jambe. C'est fou ce qu'elle parait réelle. Je sens ses pattes s'agripper à ma cuisse nue. Un petit coup d'œil pour me confirmer que je ne rêve pas et qu'un crapaud est belle et bien accroché à ma cuisse. Je crie,saute sur place et enlève mon bas de pyjama à la hâte. Mes pieds s'accrochent dans le tissus et je tombe, les fesses dans la boue.
GENIAL.
Le crapaud reprend sa marche vers une branche.
J'ai envie de pleurer.
Ma tête me fait un mal de chien, ma poitrine aussi, j'ai de la bave de crapaud sur les jambes qui ne sont même plus couvertes de mon pyjama qui, lui, gît dans la boue, ma voiture est morte et je suis bloquée dans un putain de fossé. Mon horoscope du jour doit être pourrit.

Numéro un, sortir du fossé.
Numéro deux, espérer que quelqu'un vienne se promener à trois heure du matin pour m'aider.
Numéro trois,... je sais pas encore mais il y aura un numéro trois dans un futur plus ou moins proche.

J'attrape une touffe d'herbe et tire dessus pour me hisser hors de ce fossé. Manque de bol, la touffe casse et je me retrouve le cul par terre. Encore. Et en culotte. Je croise les doigts pour ne pas avoir écraser un crapaud au passage et me retrouver avec son œil collé au derrière. Nouvelle tentative, même résultat.

J'en ai mare.

J'aimerai bien avoir un pouvoir de lévitation ou un truc dans le genre. On ferme les yeux et on se concentre bien fort pour soulever sa carcasse boueuse de ce troue. Rien, il ne se passe rien. Mes pieds sont toujours dans la boue et mes genoux aussi.
C'est dans ces moments là que je regrette de ne pas mesurer 1 mètre 80. Avec mon 1mètre64, je ne vois même pas l'herbe au dessus du fossé.