3 [Réécrit]

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On était vendredi. J'étais assise en salle des profs, en train de jouer avec mes cheveux bruns tout en réfléchissant. Emma n'était pas venue, ni mercredi, ni jeudi, ni aujourd'hui. Enfin, si, elle était venue au collège, mais elle n'était pas venue me dire ce qu'il se passait.
Certes, je ne l'avais pas forcée. Mais, une partie de moi-même pensait qu'elle allait venir m'en parler. Apparemment, je m'étais trompée.

« Delphine? Me dit une voix qui me sortit de mes pensées.
-Oui? Répondis-je en me retournant.»
Il s'agissait de Céline, une prof de français, la prof de français des 3e5.
« C'est à propos d'Emma, tu sais...?»

Évidemment, je m'y attendais.

« Depuis le début de la semaine, elle me paraît très fatiguée, d'habitude, elle est très attentive et là... Continua-t-elle.
-Oui, t'es pas la seule à me le dire. Je vais essayer de lui parler.
-Merci. Me répondit-elle.»
Elle s'éloigna vers la machine à café qui était enfin libérée.

Bon,raison de plus pour aller parler à Emma. Quand ? Bonne question. Mais je savais qu'elle allait en physique le lundi, à 9h, en semaine A. La semaine prochaine était une semaine A et la salle de physique était juste en face de la mienne. Sauf que je prenais à 13h30 les lundis. Mais bon, je viendrais plus tôt, puisqu'il y avait neuf chances sur dix que Jonathan travaille, et que je n'allais pas rester à rien faire chez moi. De toute façon, je n'étais pas une lève-tard. Problème résolu.

Malgré tout, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à Emma. Qu'est-ce qui pouvait l'empêcher autant de dormir? De toute façon, elle serait bien obligée de me le dire. Je n'avais pas cru à son excuse de la dernière fois, "j'ai du mal à trouver le sommeil", ça, ça arrive à tout le monde et ça ne dure pas une semaine entière. Sauf pour ceux qui ont des problèmes de sommeil. Non, j'étais sûre et certaine qu'Emma cachait quelque chose, et je n'allais pas tarder à découvrir quoi. Pourquoi j'étais autant attachée à ça ? Aucune idée. Moi-même, je ne savais pas.

La sonnerie annonçant la fin de la récréation nous rappela à l'ordre et bientôt, je me retrouvai toute seule dans la salle des profs. Je décidai de rentrer chez moi, ne sachant pas vraiment quoi faire d'autre et surtout, en espérant arrêter de penser à Emma.

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« À quoi tu penses ? Me demanda Jonathan pendant que nous étions en train de dîner.
-À rien du tout. Répondis-je alors qu'il venait de me sortir de mes pensées.
-Chérie, ça fait seize ans que tu partages ma vie. Je sais quand tu mens.
-Non, mais c'est rien, juste le boulot.»
Je n'avais rien trouvé de mieux. Bon, ça n'était pas totalement faux, Emma était mon élève, donc ça touchait au travail.
« Dure journée ?
-Oui, en quelque sorte.»
Jonathan comprit que je ne voulais pas en parler. Il dut penser que ça n'était pas trop important puisqu'il ne me demanda rien d'autre.



Nous débarrassions en silence. Seul le son du JT à la télé était audible, et je m'interrogeais encore et toujours sur le cas d'Emma. Je ne savais même pas pourquoi il se passait ça. Je n'avais qu'une seule envie : qu'elle disparaisse de mon esprit, au moins pour que je puisse profiter de mon week-end. Mais je pensais encore et toujours à elle, à cette histoire de famille adoptive, à sa fatigue en cours. Peut-être avait-ce un lien. De toute façon, elle me le dirait lundi. Ellen'aurait pas le choix.

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