8 [Réécrit]

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Jonathan m'embrassa pour la dernière fois avant que je parte. Il était 13h et je n'avais cours qu'à partir de 13h30 les lundis, donc il s'était arrangé pour commencer plus tard, histoire de rester avec moi. On se reparlait, évidemment, cette histoire douloureuse ne devait pas briser notre couple.

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17h. J'étais enfin chez moi. J'avais tout fait pour éviter Emma. Je ne voulais pas lui reparler, et elle ne viendrait pas d'elle-même.
Je me sentais très mal, finalement, si je ne m'étais jamais rapprochée d'elle, je n'aurais rien su. Tout était de ma faute. On se remettait à souffrir à cause de moi.
Tandis que j'avais le nez plongé dans une copie que je n'arrivais pas à corriger tellement j'étais dans mes pensées, une sonnerie se fit entendre.
Quelqu'un sonnait à la porte. Génial. Aujourd'hui, alors que mon moral était plus bas que terre.
Je me rendis vers la porte espérant que ce n'était qu'une pub ou bien le voisin, mais en ouvrant, je découvris mes parents. Je les invitai à entrer en essayant de faire bon profil.

« On passait et on s'est dit qu'on allait rendre visite à notre fille préférée. M'annonça mon père.
Génial papa. Si tu savais à quel point c'est pas le moment. Pensai-je.»
Je me contentai d'acquiescer et m'éclipsai dans la cuisine pour préparer des cafés.

Je ne voulais pas leur parler d'Emma. Ils ne devaient pas être ré-impliqués quinze ans plus tard.
En buvant le café, on parlait de tout et de rien, mais je n'avais qu'une seule envie : qu'ils partent. C'était, certes, un peu méchant, mais c'était surtout pour ne pas qu'ils sachent.

« Tu t'es disputée avec Jonathan ? Demanda ma mère alors qu'on parlait de nos prochaines vacances.
-Hein ? Non, pourquoi tu dis ça ? L’interrogeai-je.
-T'es pas avec nous. Me répondit-elle. Généralement, c'est seulement quand vous vous disputez que t'es comme ça.
-Non, non, j'étais juste en train de penser à... Au voyage en Angleterre. Mentis-je. »
Le voyage en Angleterre était un voyage que le collège organisait tous les ans pour les quatrièmes. J'y allais tous les ans depuis que je travaillais ici.

« Bonjour ! Annonça Jonathan. »
Je ne l'avais même pas entendu arriver. Il fit la bise à ma mère et serra la main de mon père, puis il m'embrassa.
« T'es rentré tôt. Fis-je remarquer
-Il est 19h. Me répondit-il. »

Ma mère se leva de sa chaise
« Déjà ? On va peut-être y aller, Jean !
-Vous n'avez qu'à manger ici. Proposa Jonathan. »
Je voulais dire non mais aucun son ne sortit de ma bouche.

Et bien, sûr, mes parents acceptèrent. Mon compagnon se rendit dans la cuisine pour préparer à manger, et moi, je ne savais pas quoi faire, alors je le suivis.
« T'étais obligé de les inviter à rester ? Demandai-je assez bas.
-Oh, chérie, ça nous fera du bien d'avoir un peu de compagnie.»
Je baissais les yeux.
« Tu leur en as parlé, non ? Questionna Jonathan. »
Je soupirais.
« Delphine, ils doivent savoir ! Déclara-t-il.
-Non ! Chuchotai-je. Je veux pas les réimpliquer là-dedans !
-Tu dois leur dire ! S’emporta-t-il.
-Je peux pas !
-Alors je vais le faire moi-même. »
J'éclatai en sanglots.
Jonathan dut comprendre qu'il était allé trop loin car son expression changea.

« C'est de ma faute, hein ? Demandai-je. Si je n'avais pas parlé à Emma...
-Arrête Delphine. C'est pas de ta faute, tu l'aurais forcément découvert. »
Il me serra dans ses bras. Le seul endroit où je me sentais en sécurité.
« On ne peut pas le dire à mes parents. Annonçai-je.
-Qu'est-ce que vous ne pouvez pas nous dire ? Demanda ma mère qui était juste devant la porte de la cuisine. »

Ma mère était une des personnes les plus curieuses que je connaissais. D'habitude, c'était plutôt drôle, mais là, ça m'agaçait. J'essayais de sécher rapidement mes larmes avec ma main, mais elle les avait vues, c'était sûr.
Jonathan me regarda. Je le regardai également.
« C'est trop tard chérie, il faut qu’ils sachent. Me déclara-t-il devant mes parents (mon père venait de nous rejoindre, comme si c'était un spectacle) qui n'avaient pas l'air d'y comprendre grand-chose. »
Je haussai les épaules, me rendant compte qu'on en était obligés. Ils en savaient trop, ou bien pas assez.

Je le laissai annoncer la nouvelle.

Ordinary StudentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant