14 [Réécrit]

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Dimanche 12 février, 19h. Il s'était déjà écoulé deux semaines depuis qu'on avait parlé à Emma. J'avais tenu parole, je ne lui avais pas reparlé. Je n'en aurai pas le courage. Mais je pensais toujours à elle...
On ne pouvait pas partir tout de suite, à cause du travail de Jonathan. Il ne pouvait pas se permettre d'abandonner le projet de maison sur lequel il était. Finalement, ça ne me gênait pas tellement, mais en n'étant plus au collège, mes journées se résumaient à celle d'une grand-mère. Peut-être même qu'une grand-mère sortait plus que moi. Je me disais évidemment que ça n'était que provisoire, mais en fait, je ne savais pas si j'avais envie de partir ou pas. D'un côté oui, de l'autre non.

Ce soir-là, alors que Jonathan et moi attendions patiemment que les lasagnes que j'avais préparées finissent de cuire pour pouvoir les manger, la sonnette de l'entrée retentit.
Nous nous regardâmes avec la même question en tête "c'est qui ?". J'allai ouvrir la porte.

Emma. En chair et en os.

Je ne pouvais pas dire que je ne m'y attendais pas. Mais je ne pouvais pas dire que je m'y attendais non plus.

« Madame... Je... J'ai besoin d'aide.»
Elle pleurait.
Je l'invitai à entrer. J'avais dit qu'on ne devait plus se revoir, mais je n'avais pas un cœur de pierre au point de la laisser alors qu'elle paraissait mal. En plus, il pleuvait à sauts. Emma était trempée, les gouttes d'eau ruisselaient de ses cheveux. Je la débarrassai de son blouson, et j'en profitai pour le mettre dans le sèche-linge. Ses vêtements étaient mouillés aussi.

« Delph... Emma ? Remarqua Jonathan.»
Je les rejoignis.
« Emma, il faut que tu nous dises ce qu'il ne va pas. Ordonnai-je, en lui tendant une de mes vestes, que j'avais trouvée dans la buanderie.
-Mon oncle et... Ma tante... Encore... À cause de moi. Bégaya-t-elle.
-Calme-toi. Dis-je en lui donnant une boîtes de mouchoirs. des mouchoirs.»
Elle essuya ses larmes. Jonathan ne comprenait pas grand chose, il se contentait de regarder Emma, puis moi, sans rien dire.

« Ils se sont encore disputés à cause de moi. Et il... Il est devenu violent. Annonça-t-elle.
-Violent avec qui ? Demandai-je.
-Personne, mais... Il a tapé dans un mur et... J'ai eu peur... Je suis partie et vous... Vous êtes les seuls chez qui je pouvais aller.
-On va te ramener chez toi. Dit Jonathan.
-Non ! S'exclama-t-elle. Je... Je ne peux pas rentrer... Pas maintenant.
-Tu as mangé ? La questionnai-je.»
Elle secoua la tête.
« On va te rajouter une assiette. Je reviens.»
Je me rendis dans la cuisine.

« Delphine, tu cherches quoi là au juste ?»
Ça par contre, je m'y attendais.
« Jonathan...
-On avait dit qu'on ne la reverrait plus !
-Mais... Elle avait besoin de nous...
-Qui te dit que c'est pas juste une tentative pour se rapprocher de nous, hein ?
-Elle est arrivée en pleurs !»
Il soupira, me prit l'assiette avec les couverts et le verre que je lui tendais et se rendit dans la salle à manger sans un mot.

J'arrivai avec le plat, servis tout le monde et engageai enfin la conversation avec Emma.
« C'est la première fois ?
-Non. Répondit-elle. C'est déjà arrivé.
-Et tu avais quoi à voir là dedans ?
-Ma garde... Mon oncle ne m'aime pas, il ne m'a jamais aimée, et dès que quelque chose ne va pas, il fait tout pour me mettre en foyer, sauf que ma tante me défend, et ça tourne mal, surtout quand il a bu quelques bières... Mais c'est la première fois qu'il tapait dans quelque chose...
-Parle-nous de toi Emma. Demandai-je après quelques minutes.»
Elle me regarda, l'air interrogatif. Jonathan, lui, me dévisagea.
« Vous parler de moi ?
-Oui.
-Euh, bah... Je suis née le 12 mars 2001, mais ça vous le savez déjà. J'ai été adoptée et reconnue par un couple quand j'étais bébé, mais ils sont tous deux morts dans un accident quand j'avais cinq ans, alors je n'ai pas tellement de souvenirs d'eux. La sœur de ma "mère" -elle mima les crochets avec ses doigts- m'a adoptée. Elle ne connaissait pas encore Antoine. Au début, tout se passait bien. Je l'appelai "maman" parfois. Mais il est arrivé et... Ça a changé. Voilà...
Je hochai la tête. Puis nous finîmes de manger en silence.

« Je suis vraiment désolée. Il n'y avait qu'ici que je pouvais aller. Déclara Emma alors qu'il y avait un blanc.
-C'est pas grave. Tu avais besoin de t'évader, on comprend. Répondis-je.»
Vu la moue de Jonathan, il n'avait pas l'air de comprendre, mais bon, je ne voulais pas le faire passer pour un méchant.
« Je vais te ramener. Annonça ce dernier.»
Et soudain, un prétexte apparut dans ma tête, pour enfin poser la question qui me brûlait les lèvres :
« Il est peut-être tard pour rentrer chez toi. Tu ne veux pas attendre demain ?»
Bordel, Delphine, c'est mal.

« Euh, je préfère rentrer ce soir.»
Une pointe de soulagement apparut en moi.
Jonathan se leva.
« On y va.»

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J'étais devant la télévision quand Jonathan rentra, un quart d'heure plus tard. Je m’attendais évidemment à un reproche, et justement, ça ne manqua pas :
« Tu veux quoi exactement ? L'adopter ?
-Arrête Jonathan, je lui juste proposé ça parce qu'elle n'était pas bien.
-Ça t'aidera pas à l'oublier. Je sais pas ce que tu veux Delphine, mais en tout cas, ça me paraît pas bon pour toi.»

***

Hello ! Je reviens (avec un petit peu de retard) avec le chapitre 14. J'en profite pour vous souhaiter de très joyeuses fêtes de fin d'année. Beaucoup de bonheur à vous tous !

Cœur sur vous❤
Angélique♡

Ordinary StudentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant