C'est à ce moment que la porte s'ouvrit, et que je me retrouvai nez-à-nez avec... un Jonas portant pour seul habit un bas de jogging.
« Euh... Bonjour? » tenta-t-il.
BIM! fut le bruit de ma brosse à cheveux tombant sur le carrelage.
« Bon ben je vais te laisser finir, désolé... » continua-t-il sans plus de cérémonie en quittant la pièce.
À l'instant où il referma la porte, des questions (eh oui, encore!) et autres pensées diverses jaillirent en tout sens dans mon crâne dans un joyeux fouillis:
Mais qu'est-ce qu'il fout là cet abruti? J'avais raison l'autre jour au labo: il cache bien son jeu le garçon, il est pas du tout mal foutu en fait! Nan mais attends, cette nuit c'était pas un rêve ou...? Ça lui va mieux les cheveux en bataille comme ça. Mais du coup ça veut dire que je l'ai appelé "bébé"?! En fait au naturel comme ça il est presque mignon, sans toutes ses moues de supériorité et j'en passe. Dans ce cas... ça veut dire que c'est lui, le grand frère de Mathis? Heureusement qu'il n'est pas arrivé quelques minutes plus tôt, ça aurait été carrément la merde sinon! Bon qu'est-ce qu'on fait maintenant?
— Si tu veux que je réponde faudrait que tu me laisses en placer une, dit une voix provenant de l'autre côté de la porte de la salle de bain.
— Oh toi ta gueule, je te parle pas!
— Et après c'est moi le garçon vulgaire? Très bien.
Je ne répondis pas, mais au moins son intervention eut le bénéfice de ralentir la tempête qui faisait rage dans mon crâne.
Une tempête? Je te fais autant d'effet que ça? interrogea une voix que je ne connaissais que trop bien à l'intérieur de ma tête.
C'est dingue, à peine ce garçon apparaissait qu'il me faisait complètement tourner en bourrique. Y a vraiment de quoi perdre la tête !
C'est le cas de le dire!
— Je me passerai de tes commentaires Jonas, merci à toi.
Un silence plana quelques instants avant d'être brisé par la voix de l'autre abruti (la vraie cette fois):
« Cet abruti est ici chez lui. Je sais très bien que je te fais baver inutile de le cacher c'est normal face à un corps comme le mien. Après tout dépend de ce que tu pensais être un rêve, mais en effet hier quand je suis revenu nous avons eu une... discussion. Enfin, si on peut appeler ça comme ça. Les cheveux en bataille c'est la coupe "marque de l'oreiller" alors excuse-moi si j'aime rectifier ça avant de me montrer en public. Oui tu m'as bien appelé "bébé", mais t'en fais pas t'es ni la première ni la dernière! Sache également pour ta gouverne que je ne suis jamais mignon; je suis beau comme un dieu, c'est tout. En effet je suis le grand frère du petit ouistiti. T'en fais pas encore une fois si j'étais arrivé un peu plus tôt tu n'aurais été ni la première ni la dernière nana que j'aurais vu à poil. Maintenant, tu vas vite finir ce que t'as à faire pour me laisser la place. À moins que tu préfères qu'on se douche ensemble... »
Il n'eut pas tôt fait de finir de formuler sa pensée que j'ouvris la porte violemment. Quand celle-ci percuta quelque chose dans un bruit mat et qu'un couinement de douleur retentit, cela n'arriva même pas à m'arracher un sourire de satisfaction. J'étais bien trop remontée pour ça.
Sans un regard pour le pauvre malheureux qui venait de se prendre, je le présume, la porte dans le pif, je dévalai les escaliers pour rejoindre la cuisine en barricadant solidement mes pensées, pour éviter qu'un certain esprit malsain que je ne citerai pas s'y introduise.
Un quart d'heure plus tard, absorbée dans la préparation de pancakes pour le petit Mathis, je m'étais quelque peu calmée, bien que le comportement absolument exécrable de l'autre abruti me révoltait toujours: il disait vouloir changer, mais pour que je le croie il avait intérêt à me montrer des preuves un peu plus solides parce que là, tout ce qu'il arrivait à faire c'était à s'embourber, et bien profondément croyez-moi !
« 'jour... fit une petite voix ensommeillée à mes côtés.
— Bonjour Mathis, tu as passé une bonne nuit? souris-je au nouveau venu.
— Voui, John m'a aidé à chasser les croque-mitaines. »
Ayant aucune idée de qui pouvait être ce "John" et n'ayant pas vraiment envie de parler de croque-mitaines, je demandai plutôt au petit s'il souhaitait des pancakes. Son cri d'exclamation joyeuse était une réponse assez expressive, ainsi je le servis et retournai aux fourneaux quand une seconde silhouette, bien plus imposante cette fois, fit de l'ombre dans la petite pièce. Aussitôt, Mathis lâcha de nouveau un petit cri:
« John! »
Me retournant vers lui, je le vis se retourner sur sa chaise, tendant les bras au nouveau venu. Celui-ci le prit aussitôt dans les siens sans la moindre difficulté, en lui répondant sur un ton tout aussi enjoué:
« Mon Thisoune! Le croque-mitaine ne t'as plus embêté cette nuit?
— Nan, il est resté caché tout le temps! répondit le petit ravi alors que son grand frère lui ébouriffait affectueusement les cheveux.
— Tiens, ça sent bon par ici, remarqua ce dernier. Qu'est-ce que tu manges de bon champion?
— Des Penkaques! C'est Elsa qui les a fait.
— Dépêche-toi de les manger avant qu'elles refroidissent alors! »
Alors qu'il reposait son frère sur sa chaise, Jonas (parce que oui il s'agissait bien de lui), m'accorda enfin un peu de son attention. Quant à moi, je me retournai vers les fourneaux, feignant de ne pas avoir remarqué cette scène de parfaite affection fraternelle qui ne collait pas le moins du monde à l'image que j'avais de Jonas, toujours barricadée dans mes pensées.
« Je pourrai en avoir aussi moi steuplé Elsa? »
Sans un regard, je le servis. Dans ce même temps, je sentis une forte pression contre mes barrières mentales. Ce garçon semblait bien décidé à me parler, mais pas devant son petit frère apparemment... Méfiante, je m'ouvris à la communication.
Qu'est-ce ce tu me v... commençai-je a peine avant d'être interrompue aussitôt.
— Je suis sincèrement désolé Elsa. J'ai dépassé les bornes. Sur le coup c'était plus fort que moi, dire ce genre de choses est tellement facile... Mais je t'assure que après, je regrette. Vraiment.
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Elsa's Dream
Teen Fiction« Jonas, aime-moi! - Dégage de ma tête bordel! » ✴✴✴ Au début, je ne lui prêtais pas vraiment attention. Il n'était qu'un autre garçon misogyne parmi tant d'autres, cherchant comme il pouvait à attirer l'attention. Ce genre de gars m'exaspérait. Pui...