Chapitre 3

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La troisième fois que je le vis, je capitulais.

Driiing !!! Driiiiiing !!! Le bruit de mon réveil raisonna dans mon esprit embrumé tandis que je glissais ma main hors du lit pour l'éteindre. Je poussais un soupir déchirant en repoussant ma couette. Les adieux avec Kalya avaient été interminables. Après un « au revoir » qui avait duré au moins deux bonnes heures, mon amie était partie à plus d'une heure du matin. Et me voilà, seulement cinq heures après son départ, déprimée à l'idée de commencer une nouvelle semaine de cours et épuisée par mon week end. Je pris mon courage à deux mains et je me rendis dans ma salle de bain pour prendre une douche bienfaitrice. L'eau eut un effet instantanée sur ma fatigue. Après quelques minutes, je me sentis parfaitement réveillée. L'odeur de mon gel douche préféré parfum pomme-cassis que j'étalais sur ma peau me fit sourire : Kalya m'en offrait un à chaque Noël avec le shampooing assorti, shampooing que j'utilisais également.

Je sortis de la cabine de douche quelques minutes plus tard. J'enfilais un jean et un tee shirt bordeaux en dentelle puis nouait mes longs cheveux blonds en une natte. Une touche de mascara pour rehausser mon regard si particulier, un tout petit peu de blush pour me donner bonne mine et mettre en valeur mes pommettes et j'étais fin prête. Les gargouillis de mon estomac me rappelèrent que je mourrais de faim. Je délaissais la salle de bain pour la cuisine où je beurrais des tartines de pain sur lesquelles je rajoutais de la confiture. J'accompagnais mes tartines d'un grand verre de jus de fruit et d'une pomme. J'attrapais mon sac de cours et sortis dehors.

Je fermais la porte à clé consciencieusement et manquais de faire une crise cardiaque en découvrant la bête à quelques mètres de moi. Il faisait encore sombre vue l'heure matinale, mais je discernais sans peine l'animal, assis près des bois, le regard bleu fixé sur moi. C'était lui, le loup. Le même que j'avais vu la veille et l'avant-veille. Je regardais tout autour de moi. Bien sûr, il n'y avait personne pour me venir en aide. Mon cœur battait à tire d'aile, comme si son seul souhait était de s'échapper de cette cage qui le retenait prisonnier. J'avais si peur que j'avais oublié de respirer. Voyant que le loup ne bougeait pas, et qu'il ne paraissait pas avoir envie de m'attaquer ( pour l'instant ), je me remis à respirer. Que devais-je faire ? Et surtout, que pouvais-je faire ? J'étais seule face à une bête sauvage contre laquelle je n'avais pas la moindre chance.

Cela dit, depuis deux jours que je le croisais, il n'avait jamais manifesté l'envie de me tuer alors peut-être que... Je n'avais pas à m'inquiéter. Et en même temps, la manière dont il me dévisageait et aussi le fait qu'il me suive, étaient assez flippant. Pourquoi j'avais autant la poisse en ce moment ? Je réfléchis un moment, essayant de trouver quel crime horrible j'avais pu commettre pour mériter ça, mais rien ne me vint à l'esprit. Plusieurs minutes s'écoulèrent sans que ni lui ni moi ne bougent. Mes pensées poursuivaient leur chemin toutefois, j'ignorais toujours quoi faire. J'avais l'impression d'être une faible chose dépassée par les événements et clouée sur place par sa peur. Bon, ce n'était pas qu'une impression, c'était la réalité. Pour ma défense, je n'avais jamais eu à faire face à pareille situation. Le temps s'étirait lentement, longuement, doucement. Il fallait que j'aille en cours. Je ne pouvais pas rester ici toute la journée mais j'avais peur de ce qu'il pouvait se passer si je me décidais à bouger. Est-ce que le loup géant m'attaquerais, ou me laisserait-il partir ? Mystère. Que je n'allais pas tarder à résoudre.

Avec prudence, je me décidais enfin à bouger. Je fis un pas timide dans sa direction. Il ne bougea pas. Je recommençais, un peu plus confiante. Il incarnait l'immobilité dans toute sa splendeur. C'était un bon début.

- Mignonne petite boule de poils, tu es adorable en fait, murmurais-je en faisant un autre pas en sa direction.

Suite à mes paroles, l'animal se mit debout en montrant les crocs et en poussant un petit grognement de mécontentement. Je ne décelais pas d'agressivité dans son comportement mais je n'étais pas rassurée. Je réalisais alors qu'appeler un loup géant « mignonne petite boule de poils » n'était pas forcément la meilleure idée que j'ai eue. En même temps... Impossible qu'il puisse me comprendre, si ? Il devait me comprendre, sinon, il n'aurait pas réagit ainsi. De plus, je discernais dans ses yeux une lueur d'intelligence qui me dérangeait. Je détournais le regard. Au point où j'en étais, plus rien ne m'étonnait. Si j'étais assez folle pour avoir des visions de loup géant, alors je pouvais l'être encore plus et imaginer dialoguer avec lui.

ImpatienceSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant