ImpatienceS

Chapitre 5

J'entends le loup...

Toujours autant méfiante et fâchée contre Dylan, je m'assis le plus loin possible de lui, c'est-à-dire sur un de mes poufs. Ma tentative de distance s'avéra inutile puisque l'animal prenait plus de place que tous mes meubles réunis et rendait ma chambre minuscule par rapport à sa taille. Il renifla dédaigneusement face à mon comportement en s'abstenant de tout commentaire. Tant mieux, ma patience avait ses limites. Je croisai les bras sur ma poitrine, dévisageant la boule de poils géante.

- Alors ? M'impatientai-je.

- Alors, commença-t-il en s'ébrouant, je vais tout t'expliquer, mais après plus de question, c'est compris ?

- Oui.

- Hazel Marshall, tu es spéciale, annonça-t-il de but en blanc, rivant ses yeux bleus orageux aux miens.

Spéciale ? D'accord. S'il avait voulu me surprendre, il avait réussi. Évidemment, cette annonce répondait à toutes mes questions passées. Je devrais essayer la prochaine que l'on me demanderait quelque chose. J'imaginai déjà :« Hazel, on se voit demain ? » Réponse :« Kalya, tu es spéciale. ». Oui, ça risquait de faire un carton. Je ne savais pas comment réagir à cela et comme Dylan ne paraissait pas avoir envie de continuer, je pensais devoir répondre quelque chose.

- Euh... Merci ? Dis-je, pas très sûre de la manière dont je devais réagir. Spéciale comment ?

- Spéciale comment, telle est la question. J'avais espéré que tu aurais pu y répondre mais je vois que tu n'as aucune idée de quoi je parle. Bon. Je me lance. Je t'ai déjà dit que j'étais un lycanthrope. Tu as du en déduire qu'il existe d'autres espèces de créatures surnaturelles, n'est-ce-pas ?

Je me mordillai la lèvre inférieure, coupable. En fait non, je n'avais rien déduit de ce genre. Le fait qu'il puisse exister d'autres monstres de l'horreur ne m'était pas venu à l'esprit. Jusqu'à maintenant. Mon Dieu ! Alors... Alors, les sorcières, les vampires, les succubes, les dinosaures et même les nains de jardins existaient réellement ? J'allais peut-être un peu loin avec les deux dernières espèces mais j'étais sous le choc. Finalement, je n'étais plus si sûre de vouloir des réponses à mes questions. Dès qu'une réponse naissait, une centaine de nouvelles questions en découlaient. Et comment aurais-je pu savoir de quoi il parlait ? Ma vie partait en vrille depuis que j'avais rencontré ce loup-garou. Tout ce en quoi j'avais cru jusqu'à maintenant paraissait ne plus être totalement vrai, et c'était difficile à gérer. Avant que je n'ai pu répondre, Dylan se remit à parler, devant sentir mon trouble.

- Peu importe. Le fait est qu'il existe plusieurs espèces surnaturelles. Et toutes sont intéressées par toi. Il...

- Quoi !? L'interrompis-je en me relevant d'un coup. Comment ça toutes les espèces sont intéressées par moi ? Je n'ai rien fait de mal et je... Je ne...

Je paniquai. Je ne savais plus quoi dire, les mots me semblaient dérisoires par rapport au chaos qui venait de naître dans mon esprit. Je n'imaginai que trop bien ce qu'être intéressé par moi pouvait signifier. Ils devaient vouloir me tuer pour une quelconque raison ou alors me torturer pour m'extorquer des informations que je n'avais pas. Quoiqu'il en soit, il devait y avoir un malentendu. Dylan allait aller leur expliquer. Je refusai de voir débarquer dans ma vie des buveurs de sang, des pratiquants de magie noire et autres chimères. Le loup, sentant la panique m'envahir, se rapprocha de moi. Sa fourrure entra en contact avec moi et je glissai mes mains dans son pelage automatiquement. Étrangement, ce contact me calma et je laissai la chaleur rassurante de l'animal m'envelopper.

- Hazel, tout va bien. En effet, tu n'as rien fait de mal, il ne s'agit pas de ça.

La voix rauque et douce de Dylan résonna dans mon esprit. C'était la première fois qu'il s'exprimait de manière aussi... Rassurante. Il devait fournir de gros efforts, lui qui avait tendance à parler plutôt sèchement. En tout cas, ses efforts payèrent. Je me laissai retomber sur le lit et il s'assit près de moi, me laissant le privilège de le caresser. C'était bizarre de caresser un loup-garou mais ça m'apaisait. Il reprit :