Chapitre 4

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Il se trouve que je n'ai jamais eu autant raison.

Dylan et moi, nous « croisions » tous les matins, et tous les soirs. Tous les matins, lorsque je sortais de chez moi pour me rendre à la fac, je trouvais le loup sous le couvert des bois, qui me suivait, en silence. Et tous les soirs, la scène du matin se répétait, en silence. Je ne lui avais parlé que pour lui dire bonjour et, n'ayant obtenu aucune réponse, j'avais décidé de ne plus parler du tout. Quand il aurait décidé de me parler, il le ferait.

J'avais beaucoup de chose à penser, et les bouderies de Dylan qui se murait dans le silence n'en faisait pas parti. Déjà, j'avais réalisé pleinement et définitivement que je n'étais pas folle lorsqu'un enfant avait hurlé au loup en voyant Dylan sous les arbres. Le temps que sa mère ne réagisse, l'animal avait déjà disparu. Aussi vif que l'éclair. Le fait de ne plus me considérer que folle me libérait d'un énorme poids. J'avais même retrouvé le sourire. Ensuite, je devais me concentrer sur mes cours. J'avais été très distraite durant plusieurs cours et j'avais des choses à rattraper si je ne voulais pas me laisser distancer. Je devais me concentrer trois fois plus que d'habitude. Traiter moi d'intello si vous voulez, vous n'imaginez tout ce que l'on peut rater en une journée de cours. Enfin, à mesure que le week end approchait, je pensais à Kalya, que je pourrais enfin voir.

À ce niveau-là, j'étais en proie à un terrible problème. Devais-je ou ne devais-je pas confier à mon amie de toujours ma rencontre avec un loup-garou ? Je manquai d'éclater de rire en me posant la question. Mon monde avait basculé en une seconde et tout me paraissait si absurde. Pour tout dire, si je ne bénéficiait pas de la présence de Dylan, je penserai encore être folle, ou dans un rêve.

J'avais encore du mal à assimiler tout ça et je me disais que Kalya pourrait peut-être m'aider. En même temps... J'avais du mal à gérer la situation et je n'étais pas entièrement convaincue que Kalya saurait gérer. Bien sûr, de nous deux, elle avait toujours été la plus forte, la plus courageuse, la plus responsable et la plus terre-à-terre mais là, il s'agissait de quelque chose de différent. Il s'agissait de surnaturel. Si je venais à parler de ça avec mon amie, elle me prendrait pour une folle de suite et je ne pourrai pas l'en blâmer. Et puis... Avais-je envie de la mêler à tout cela ? Et surtout ; Dylan serait-il d'accord pour que je parle de lui à quelqu'un d'autre ? Il était concerné autant que moi, puisque c'était lui, le loup-garou. Si ça se trouve, Kalya irait dire à tout le monde que les loups-garous existaient et j'imaginais sans peine les catastrophes qui suivraient cette révélation. Il y aurait une chasse aux sorcières ou plutôt... Aux loups-garous.

La différence amène souvent auconflit, comme l'ignorance. Les gens ont tendance à avoir peur de ce qu'ils ne connaissent pas, et utilisent la violence pour tout résoudre. Je n'avais pas envie d'être celle qui déclencherait une troisième guerre mondiale. Non, je devais me taire. Dylan devait savoir que je ne parlerai pas, et que j'étais consciente de tous les risques, sinon, il ne m'aurait jamais révélé ces cruciales informations. Une chance que je sois réfléchie... Certaines personnes crieraient au loup sans réfléchir et les répercussions seraient atroces.

Quoi qu'il en soit, je n'avais pas le temps de me demander pourquoi Dylan boudait. C'était son problème, pas le mien. Mes questions pouvaient attendre, j'avais une très bonne mémoire. Quand il aurait fini son cirque, nous pourrons discuter, notamment de cette histoire d'espionnage. J'avais eus le temps de songer à cela et plus j'y pensais, plus j'avais envie d'étrangler le lycanthrope, malgré mon pacifisme. Pourquoi s'amusait-il à m'espionner ? Il m'avait dit qu'il m'expliquerait cela plus tard, mais, qu'est-ce qu'il appelait plus tard ?

Telles étaient les questions que je me posais régulièrement durant la semaine qui suivit notre petite conversation. Toutefois, tout cela s'estompa dès que je vis Kalya, le vendredi soir. Rien que de la voir me donnait la banane et me remontait le moral. Ses cheveux noirs qui partaient dans tous les sens lui donnait un petit air lupin et fofolle qui lui allait à ravir. Ses yeux de la couleur du chocolat au lait brillaient de gaieté et me réchauffaient le cœur. Je me jetais dans ses bras dès que je la vis, pour la serrer dans mes bras quelques instants. Elle m'avait énormément manqué durant toute cette semaine !

ImpatienceSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant