Comme nuit et jour

Chapitre V: La rencontre

Bon, à ce que j'ai compris, leur aile gauche est faible et tous leurs meilleurs soldats sont en première ligne. Ils restent en quadrille et le chef d'équipe reste seul auprès de l'étendard. Personne n'a jamais réussi à le battre. Mais ce n'est pas parce qu'il est invaincu qu'il est invincible. L'autre problème c'est qu'aucun soldat ne veut se frotter à lui et, comme je suis la chef d'équipe, c'est moi qui vais devoir l'affronter. Ça c'est un des mauvais point d'être chef d'équipe : quand personne ne veux faire quelque chose, le chef est obligé de le faire. Bah je suis habituée au combat avec Arès donc je devrai me débrouiller après tout... Dans un peu plus d'une heure, l'affrontement va avoir lieu. Il faut que je me prépare si je veux être prête à l'heure du commencement.

Ah ! Le combat vient de se terminer, je ne suis pas si déçue du résultat : égalité ! Mais si moi je suis assez contente, eux, de leur côté, doivent vociférer. C'est la première fois que la victoire ne leur revient pas. Comme après chaque grande partie, mon équipe et moi organisons une petite fête pour rester dans la bonne humeur, et j'avoue qu'il s'est passé quelque chose d'étrange à la sortie du terrain. Les deux équipes s'étaient anéanties, il ne restait plus que l'autre chef d'équipe et moi et comme nous étions de force égale, Coachym a arrêté le combat et a annoncé « égalité ». Mais voilà ce qui s'est dit juste après l'annonce.

« -Hé, bravo Ivy ! C'était un beau match ! me lança Thomas, un de mes soldats, fou de joie.

-Merci, dis-je en souriant.

-Au fait, comme d'habitude on fait un buffet, t'es partante ?

-Tu peux déjà aller me réserver un verre !

-Vous faites un buffet ?!!! Mais il n'y a pas eu de vainqueur et puis on est là pour combattre pas pour festoyer !!! dit un soldat noir.

-Et alors ? Cela permet de renforcer les liens dans l'équipe et puis de se détendre un peu. Coachym n'est pas vraiment pour mais il n'est aussi pas contre et puis ce n'est pas cela qui va nous tuer. Vous voulez vous joindre à nous ?dis-je au soldat noir.

-Kévin ? On peut ? demanda notre adversaire à son chef d'équipe qui suivait la conversation depuis sa place à quelque mètre de nous.

-Pourquoi pas, cela permettra de changer cette ambiance de guerre continue, répondis Kévin.

-Alors c'est accordé ? vérifia le soldat.

-Oui, dis le chef d'équipe noir en rigolant. Si cela ne vous dérange pas bien-sûr, dit-il à mon adresse.

-Non, bien-sûr que non. Pas le moins du monde, répondis-je en rangeant mon épée. »

La fête avait déjà commencé lorsque ce mystérieux Kévin fit son apparition, enfin! À vrai dire, je commençais à douter du fait qu'il allait venir. Mais il finit par se montrer. Il avait beau avoir la même tenue, sans son casque et avec ses cheveux noir mi- longs, je ne l'aurais jamais reconnu. Il se dirigea vers moi. Il prit deux coupes et m'en tendit une.

« -Vous m'avez bluffé lors de notre duel, commença-t-il après plusieurs minutes de silence ou nous nous dévisageons sans nos casques et armures de combat.

-Vous de même. Je n'ai pas pour habitude d'écouter les rumeurs mais tout ce que j'ai entendu sur vous avait commencé à éveiller ma curiosité et à faire grandir l'envie d'avoir à vous affronter, en duel.

-Comment avez-vous pu le prédire ?

-En règle générale, je m'informe sur les capacités, les habitudes, les actes de mon adversaire pour pouvoir anticiper chacune de ses actions. Mais arrêtons de nous vouvoyez, nous sommes égaux, non ?

-Oui, dit-il en baissant la tête et souriant, mais tu avais déjà tout prévu pour avoir la victoire, es-tu... comment dire, déçue de l'issue de l'affrontement ?

-Non, je m'attendais plus à une défaite qu'à une victoire, pour moi le plus important est l'échange et la confiance qui règnent dans une équipe. À quoi servent les chutes si ce n'est qu'à se relever aussitôt ?

-En effet.

-Cela fait longtemps que tu es ici, au camp ? lui demandais-je.

-Non, je suis arrivé deux jours avant toi.

-C'est étonnant.

Un grand silence pris place.

-Tu n'as jamais eu l'envie de sortir d'ici ? me demanda-t-il à mon grand étonnement.

-Cela ne fait pas longtemps, tu as dû le constater, mais en effet, je dois admettre que je n'apprécie pas le fait de rester enfermée, lui répondis-je.

-Moi aussi, ça te plairait de sortir te promener, avec moi, après le buffet ?

-Oui mais nous n'en n'avons pas le droit...

-Tu écoutes les règles établies, étant donné votre point de vue concernant l'avis de Coachym sur ce buffet je ne pensais pas que les règles seraient un problème pour toi.

-Non, en effet, si des personnes font des règles c'est bien pour que certains ne les respectent pas, sinon je ne serais pas là...

-Ne nous serions pas déjà rencontrés quelques jours avant ton arrivée ici ?

-Peut-être, dis-je mais dans ma tête j'avais également l'impression de l'avoir déjà vu chez mon oncle mais c'est complètement insensé. »

Ah ! il était temps que ce buffet prenne fin. Kévin m'attendait et il me tira légèrement par le bras pour que l'on s'éclipse au moment où Coachym viendrait pour nous dire de regagner les tentes. Heureusement qu'il ne passe pas vérifier si on est bien rentrés.

« -Chuuuut fit-il en posant son doigt sur mes lèvres pour m'imposer le silence : les gardes vont bientôt se relayer. Allez, venez, c'est le moment.

Et sur ses mots, nous quittâmes le camp pour nous enfoncer dans la forêt. Ce soir était un soir de pleine lune et la forêt était très calme.

-Ne t'inquiètes pas, je suis là pour te défendre, me dit-il en rigolant.

-Ne t'inquiète pas pour moi, je sais me défendre seule.

-Oui, je sais.

Tout à coup, un buisson trembla, et Féa en sortit.

-Mais que fais-tu là, c'est dangereux la forêt la nuit, tu devrais retourner au camp, dit Féa.

-Ne vous en faites pas, je connais bien cet endroit et puis je suis là au « cas où », dit Kévin en me regardant.

-Au fait, I... euh...

-Ivy, lui répondis-je.

-Ah oui, Ivy, il y a ta belle-sœur qui souhaiterait te parler...

-Laquelle de ...

-Collier, s'empressa de dire la nymphe avant de disparaitre. »