Olympe 8

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Je me souvenais qu'Olympe m'avait appelée quelques jours plus tard pour me dire que j'avais dépassé les bornes à sa fête d'anniversaire. On s'était disputées au téléphone.

• Écoute, m'avait-t-elle dit, on va pas continuer comme ça, Ella... Je préfère qu'on évite de se parler pour l'instant.

• Tu es vraiment ingrate ! Lui crachais-je au téléphone. Je t'ai toujours soutenue dans tout ce que tu entreprenais et aujourd'hui à cause d'une stupide fête d'anniversaire qui tourne un peu mal, tu me jettes comme une chaussette sale !!?? Tu vas rejeter toutes ses années d'amitié qu'on a partagées pour des filles qui ne jurent que par le look, Olympe !!!?? Olympe ?! Tu m'écoutes ??

• Tu as raison je suis ingrate. Ça peut paraître méchant et "ingrat" à tes yeux mais je ne changerais pas d'avis sur ce que j'ai décidé, je n'en ai rien à foutre de ce que tu penses ! Ton bla bla sur notre longue amitié ne changera rien. Au revoir... Ah non, même pas: puisque je ne veux plus jamais te revoir!

Puis elle raccrocha au nez.

Les jours suivants, j'essayais de la rappeler mais rien. Puis, j'abandonnais l'idée.

'' Attends, qu'elle vienne me demander pardon " N'arrêtais-je pas de penser.

J'étais convaincue que ce n'était qu'une dispute passagère et qu'elle viendrait s'excuser. Mais je m'étais trompée.

Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas contactées. J'espérais toujours secrètement qu'elle revienne vers moi. Tous les jours. Même si certaines fois, il m'arrivait de ne pas y penser.

Et quelques années passèrent...

*

* *

J'étais retournée au travail après quelques mois passés à glander mon appartement. Je m'étais habillée pour le travail et j'avais fait une machine: je voulais reprendre ma vie en main. Alors avec ma sacoche et ma tenue de ville je rentrais dans le café rattaché à la boutique de vêtements Eat is not betray où je travaillais. Je me dirigeai vers les caisses où je saluais les vendeuses de la main et en engageant la conversation au passage. Puis, j'allais vers le bureau du directeur. Je toquais et entrais.

• Ah, te voilà ! J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose.. Qu'est-ce qui s'est passé?!

• Une amie proche est morte récemment...

•Oh...

• Mais.. Je vais mieux... !

•Si je peux faire quelque chose pour toi...

•Merci mais... J'aimerais juste, retrouver ma place de serveuse-caissière. Dis-je sans trop vouloir m'attarder sur le sujet.

• Bon... Vas-y... Tu connais le chemin du vestiaire...

Je le regardais avec un grand sourire.

• Mille mercis: vous-êtes-le-meilleure-patron-que-j'ai-jamais-eu !!

• Je sais. Allez file !

Et j'avais filé vers les caisses, le cœur léger.

Eat is not betray avait été créé en 2009, par Lucien Toudon et sa femme. Ils ont inventé l'un des premiers restaurant-magasin de vêtement dans un même établissement. Le salaire y était assez élevé. Ce magasin-café était presque luxueux: tous types de clients s'arrêtaient par ici. Mais les plus-aisés étaient ceux qui venaient le plus. Les gâteaux vendus dans le café étaient faits maison mais les vêtements étaient importés d'usines provenant de Suisse.

La journée au café s'était déroulée comme d'habitude. Mais ça me convenait. Je ne penserais plus à Olympe toute la journée en me rappelant tout ce que j'avais fait de mal avant qu'on arrête de se fréquenter.

*

* *

• Ella ? Dit Olympe allongée sur mon lit.

• Hmmm, avais-je dit en levant les yeux de mon livre.

• Le jour où je mourrai... Dit-elle pensive.

Je me moquais d'elle et lui répliquais.

• Oh ! Tu ne mourras pas tout de suite, on en est pas encore là !

• Mais quand je mourrais, je voudrais que tu fasses un paquet de choses...

Elle inspira un bon coup.

*

* *

•Mademoiselle ? Me coupa dans mes pensées une cliente.

• Excusez-moi ! Qu'est-ce que je vous sers ? Dis-je en souriant.

*

* *

• D'abord... J'aimerais... que tu vives ta vie complètement ! Que tu sois heureuse (triste de m'avoir perdu évidemment premièrement) et que tu arrives à oublier la douleur que t'apporterais ma mort et que tu trouves quelqu'un. Parce que ça me ferait honte qu'une célibataire endurcie et ridée vienne me voir sur ma tombe !

• Pff. N'importe quoi ! De toute façon, ça ne me ferait aucun n'effet si tu mourrais. Je viendrais même pas ! M'esclaffais-je.

• Ouais, c'est ça ! Tu bluffes: je sais que tu pleurerais les larmes de ton corps et que tu ne t'en remettrais jamais complètement !

• Pff ! Arrête de parler de choses lugubres comme ça et laisse-moi finir ma lecture !

*

* *

C'est ce souvenir qui m'avait fait retrouver mes esprits et grâce auquel j'étais de nouveau là, au travail. Elle avait eu raison, je ne pouvais pas complètement l'oublier.

Ah, Olympe et ses talents divinatoires ! Comme si elle savait à l'avance qu'elle allait mourir avant moi.

Il fallait que j'arrête de penser à ça, sinon j'allais me remettre à pleurer. Je soupirai et me concentrais sur mon travail.

• Ella, ça va ? Je te trouve un peu pâle...

• Oui, ça va... Ne t'inquiète pas !

Je rattachais mes cheveux en queue de cheval, une habitude que j'avais quand quelque chose me troublais. Je sentais le regard de ma collègue sur moi alors je me retournais vers elle et lui demandais.

• Qu'est-ce qu'il y a ?

• Est-ce que tu es...enceinte ?

Je faillis m'étouffer en riant. Je secouais la tête.

• Non, non!! Dis-je en riant. Sinon je le saurais !

• Ah...

•Pourquoi tu aurais préféré que je le sois ?

• Oui... En fait, j'en sais rien.

On reprit le travail en silence. J'éclatais de rire: enceinte, moi !? De qui en plus ?? Il n'y avait aucun mec dans le coin intéressé par moi de toute façon.

Comment en trouver sur mon lieu de travail, d'ailleurs ?


OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant