Olympe

Olympe 25

- Et si l'on se reposait des questions comme l'autre jour ?

- Quelles questions ? On en a déjà fait le tour la dernière fois...

- Non. D'autres questions... Plus indiscrètes.

Je lui lançais un regard incrédule: cet homme n'avait vraiment pas de limite!

- Non. Je. Refuse. Lui dis-je catégorique. De plus, je croyais que vous aviez déjà tout entendu de ma conversation avec Annah. Quoi de plus indiscret que ça!

- Oui, mais quand même! Allez, juste quelques questions !! Me supplia-t-il. Vous avez bien tout raconté à Annah, non? Alors pourquoi pas à moi ? On est amis non !

- Non. Justement. Même si vous êtes mon ami, le fait que vous soyez un homme. Hétérosexuel qui plus ait change TOUT.

- Bon alors, des questions à propos...

- On ne pose pas de question du tout !! Vous ne comprenez donc pas le français ?? Il faut le dire en quelle langue !!

- Ella !!

- Philippe. Non.

Philippe se rembrunit.

- Vous n'êtes vraiment pas drôle... Bougonna-t-il.

- Si vous n'êtes pas content vous n'avez qu'à rentrer chez vous !!

Philippe se calma de suite.

Quelques minutes plus tard, alors que je jetais un œil sur Internet, il me dit.

- Le repas est prêt !!

Je regardais l'heure sur ma montre: il était presque 21heures. Je me rendis à la cuisine.

- Ouah ! Vous avez préparé tout ça avec les restes de mon frigo ?

- On peut tout faire avec de la créativité !!

Je me lavais les mains puis m'assaillais à table.

Il avait préparé de magnifiques lasagnes au saumon et en guise de boisson de la bière (puisque le vin n'était pas trop mon truc)

- Alors?? Ça vous donne envie de me regarder comme colocataire ? Ne vous inquiétez pas: je remplacerai Annah mais en mieux !

Je ris.

- Ce que vous êtes bête parfois !!

Nous mangeâmes dans une ambiance détendue et amicale.

Oui, je pensais sérieusement à le garder comme colocataire mais pas pour tout de suite.

Je verrais ça plus tard.

La soirée avança et il fut vite très tard.

- Philippe, je sais que vous ne voulez pas partir mais..

- Vous n'essayez quand même pas de me mettre dehors ? Cette fois même si vous me menacez, je ne sortirais pas !!

Je pouffais.

- Mais vos habits de rechange pour demain ?

- Ne vous inquiétez pas, je me débrouillerais...

- Vous êtes sûr ? Parce que je n'ai pas grand chose pour vous comme rechange...

- Je me débrouillerais ! Me redit-il.

- Bon... Si vous le dîtes. Au fait, quand vous voudrez dormir, les couvertures et les oreillers sont dans l'armoire d'Annah...

Je retournais dans ma chambre pour lire la suite du livre de Philippe que je n'avais toujours pas fini: ces derniers temps je l'avais oublié...

*

* *

- Waouh ! Commentais-je.

Je lisais le roman de Philippe où quelque chose d'intéressant se produisait: Barbara et Frédérique se livraient à un jeu de séduction très poussé. Barbara se mouvoyait sensuellement devant Frédérique et celui-ci se trouvait très émoustillé par elle.

Dire que Barbara, au début ne savait même pas comment poser en tant que modèle, elle apprenait vite dis-donc ! Ils se tournaient autour, s'approchaient, s'éloignaient l'un de l'autre et ainsi de suite..

L'intrigue était palpitante.

- Ella ? M'interpella Philippe. Me coupant dans ma lecture.

Je cachais rapidement le livre sous ma couette soudainement honteuse.

- Oui ?

- Pourquoi êtes-vous si rouge ? Êtes-vous malade ?!

- Non, non. Je vais bien. Dis-je en espérant que le rouge de mes joues s'évaporerait..

- Vous êtes sûre ?

- Oui, oui. Maintenant sortez.

- Mais je voulais vous demandez pour la couette...

- Elle est dans l'ancienne armoire de la chambre d'Annah ce n'est pas si compliqué de la trouver: elle est énorme!!

- Et bien... Le fait est que je ne vois pas l'intérêt de la trouver si la porte ne veut pas s'ouvrir...

- La porte ne veut pas s'ouvrir !? Bon Dieu, ça recommence: il faut qu'un jour je pense à la changer cette foutue porte ! Bougonnais-je.

Je me levais et allais décoincer la porte.

- Bon voilà ! Ce n'est pas aussi compliqué que ce qu'il n'y paraît. Il vous suffit de donner un coup de pied en bas, appuyez sur la poignée deux fois puis avec l'épaule et c'est bon ! Vous avez compris, Philippe ? Philippe ?

Vu qu'il ne me répondais pas, je me retournais vers lui et vit qu'il tenait son œuvre entre ses mains, à la page où je mettais arrêtée. Je rougis.

J'étais prise sur le fait.

- Vous êtes toujours en train de lire mon livre !? Vous en êtes au passage coquin de l'histoire en plus !

Il me regarda en souriant.

- Pourquoi vous ne m'en avez rien dit ?

- Parce qu'il faut que je vous rapporte tout ce que je fais maintenant !? Dis-je d'une voix criarde. Donnez-le-moi !

Je tendis la main pour rattraper le livre tandis que Philippe éloigna la sienne encore plus haut.

- Philippe ne faîtes pas l'enfant et rendez-le moi!

- Dois-je déduire que j'ai vraiment bien écrit ce passage et qu'il vous plaît énormément ?

- Philippe ! Grondais-je.

On se demandait lequel de nous deux était le plus âgé...

- ''N'en pouvant plus d'attendre, atteint d'une soudaine passion féroce, Frédérique couva Barbara de baisers, des mots lui échappèrent: « Mon Étoile» comme il l'aimait l'appeler. Il chuchota son nom dans un souffle et parcourut son cou de ses lèvres, déchaîné.

«Mon étoile» résonna dans l'oreille de Barbara, sa bien-aimée, sa maîtresse, sa possession. Son unique objet de désir" Récita Philippe d'un ton appliqué puis il s'arrêta et me regarda droit dans les yeux.

Je le regardais à mon tour ne sachant pas comment réagir à ce silence soudain et pesant qui venait de s'installer.

Il ferma le livre d'un claquement sec (il venait de perdre ma page( et se rapprocha de moi. J'inspirais et dit en reculant.

- Phil...?

- Chut...

Il effleura mes cheveux qui était bien évidemment détâchés à ce moment-là et je ravalais ma salive avec difficulté.

Qu'était-il en train de se passer ? Pourquoi avais-je l'impression d'être pétrifiée sur place et d'être spectatrice de mon propre corps ?

Et surtout pourquoi n'arrivais-je pas à repousser Philippe ?