Alors que je trouvais enfin le temps de finir de lire le livre de Philippe, qui finissait d'une manière accablante, je toquais à sa porte parce que j'avais de nouveau des questions à lui poser sur ce livre et entrais.
Je le trouvais à ma grande surprise, endormi sur son lit, son ordinateur encore ouvert. Je soupirais, il avait dû rester éveillé toute la nuit, il devait être fatigué.
Je voyais la lumière de son ordinateur clignoter alors je me penchais dessus pour l'éteindre mais je vis que son écran était resté ouvert sur ce qu'il avait écrit avant de s'endormir. Le document était nommé. Elle: les confessions d'un écrivain.
Je m'asseillais pour mieux lire, curieuse de savoir ce qu'il comptait publier ensuite. Je remontais la page pour lire ce qu'il avait écrit.
'' J'ai une colocataire à 30 ans passés, pour la première fois de ma vie. Ce qui peut paraître ridicule parce que moi aussi j'ai un appartement bien plus beau, bien plus grand que le sien. Mais Elle semble ne pas se douter de la raison pour laquelle je suis là à traîner autour d'elle.
Je ne comprends pas pourquoi elle m'intéresse autant: Elle se plaint tout le temps, elle est très sarcastique et très pessimiste mais c'est vrai qu'elle a quelque chose qui me préoccupe: Elle a un regard si triste qui fait que les gens s'inquiètent toujours de sa santé, elle a une façon de faire attention à vous en écarquillant légèrement les yeux et en vous accordant toute son attention et je crois que c'est ça qui me captive... ''
Je plissais les sourcils: c'était une sorte de journal intime ou un truc dans le genre? En tout cas, je ne m'arrêtai pas de lire pour autant. Il ne m'avait jamais dit sur quoi se baserait son prochain roman et je comptais bien savoir de qui ça parlait exactement.
- Qu'est-ce que tu fais ? Me demanda Philippe d'une voix endormie.
Je sursautais et baissais l'ordinateur.
-Rien... J'étais juste en train de lire ce que tu as écrit.
Philippe hocha la tête.
- Et de qui penses-tu qu'il est question ?
- J'ai l'impression que c'est moi mais en même j'ai l'impression que c'est trop romancé pour que ce soit à propos de moi. Y a pas d'autres femmes dans ton entourage ?
Philippe secoua la tête en riant.
- As-tu vraiment tout lu ? Dit-il en sortant de la pièce.
- J'en ai pas eu le temps. Mais pourquoi est-ce que tu as écrit ça ? Tu n'avais pas d'inspiration ou quoi ? Me moquais-je.
- J'en ai même beaucoup.Philippe alla dans la salle de bains se brosser les dents.
- J'ai des questions à te poser sur ton livre Un jour... Comment est-ce que tu as pu finir l'histoire comme ça ? Pourquoi Barbara finit-elle veuve alors qu'ils avaient réussi à bien faire leur vie en France ? C'est si triste ! Pourquoi une fin pessimiste comme ça !? Pourquoi ne pas donner aux lecteurs une fin à l'eau de rose ?
Philippe soupira et cracha dans le lavabo avant de dire.
- J'ai fait en sorte que l'histoire soit plus plausible. Ce serait difficile qu'en France ou même au Congo, qu'un couple mixte puisse survivre heureux pendant ce temps-là. Il faut être pragmatique et raisonnable ! Revenons au sujet principal Ella: qu'as-tu vraiment lu de ce texte?
- Un peu le début...
- Et vraiment rien d'autre ?
Pourquoi il posait autant de questions sur ce qu'il avait écrit. On dirait qu'il avait quelque chose à cacher !
- Non, je n'ai pas eu le temps de lire le reste...
- D'accord... Dit-il.
Alors que je m'apprêtais à m'en aller, il m'interpella.
- Ella !
- Quoi ? Dis-je légèrement agacée.
- Non, rien... Me dit-il en allant dans sa chambre
- T'es bizarre quand même... Dis-je en plissant les yeux.
Pourquoi m'appeler si ce n'était pour rien dire au final. Je détestais ça.
*
* *
- Ah, j'ai trop chaud!
Il était 2 heures du matin et il faisait trop chaud dans ma chambre, j'avais tout essayé: j'avais essayé de dormir avec la porte, les fenêtres, volets ouverts mais la chaleur ne sortait pas.
Alors en ultime recours, je sortis de ma chambre pour prendre l'air et je trouvais Philippe devant le ventilateur en train de s'aérer, sa lampe de chevet allumée, près de lui.
Il tourna la tête vers moi et me sourit.
- Il fait trop chaud dans ma chambre.
Philippe se décala légèrement sur le côté pour me laisser une place.
On se retrouva là tous les deux éclairés à la lumière de la lampe de chevet devant un ventilateur à 2 heures du matin en train de contempler le vide tous les deux en pyjamas.
C'était une situation assez comique quand on y pensait.
- Ella... Dit Philippe après un long moment de silence où l'on entendait que le bourdonnement du ventilateur.
- Oui ?
- On est quoi l'un pour l'autre ?
- Pourquoi ? Tu voudrais qu'on soit quoi l'un pour l'autre ?
Philippe réfléchit un moment. Puis dit.
-...Plus que maintenant.
Je hochais la tête.
- T'en penses quoi ?
-Bah... On vit déjà ensemble, alors bon... ça changera pas grand chose. Dis-je en haussant les épaules.
Philippe se met à rire.
-Tu m'as l'air bien indifférente, Ella.
Je haussais les épaules de façon nonchalante, un léger sourire traversant mes lèvres.
Il y eut de nouveau un silence.
- Ça te dirait de venir partager le ventilateur dans ma chambre on pourrait discuter de ça avec un peu plus de profondeur, non? Dit-il en frôlant ma main dans un mouvement qui se voulait faussement involontaire.
Philippe me regarda droit dans les yeux avec une lueur ardente dans le regard.
Je haussais les épaules. Voyant très bien où il voulait en venir.
- Si tu veux. Lui dis-je en lui lançant le même regard.
*
* *
Je revins sur la tombe d'Olympe, ça allait être la deuxième fois que j'allais au cimetière pour la voir. Je déposais des fleurs sur sa tombe et disais.
- Je suis venue, Olympe ! Et regarde, je t'ai amené quelqu'un ! Tadah ! Il s'appelle Philippe c'est mon petit ami ! Mais tu lui dis pas ! J'ai pas envie qu'il sache ce que je viens de dire, il se moquerait de moi jusqu'à la fin des temps s'il savait que j'ai dit ça. Je suis désolée de ne pas avoir pu être avec toi pour tes derniers moments. Ce sera mon regret de toute ma vie mais tu dois savoir que peu importe où tu sois, je serai toujours ta soeur siamoise et je t'aimerai toujours, ok ?
Je soupirais et lui dis.
- J'espère qu'on se reverra un jour, toutes les deux et que tout redeviendra comme avant. Parce que c'est ce que j'ai toujours voulu... J'espère que tu le veux aussi, Olympe. Merci d'avoir été ma meilleure amie et de m'avoir permis d'être celle que je suis aujourd'hui ! Et tu vois je ne suis pas devenue une célibataire endurcie et je suis venue accompagnée ! Tu serais fière de moi! Attends laisse-moi te raconter comment je l'ai rencontré...
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Olympe
ChickLitElle est le lien qui me garde en vie alors qu'elle ne l'est plus. Olympe a été celle qui m'a permis de le rencontrer lui... Tu resteras à jamais dans mon cœur... Olympe