Chapitre 2

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Ce que je vois me parait étrange ; Nahël se tient agenouillé, en larmes, au dessus d'un corps sans vie, mutilé de toutes parts, portant de nombreuses lacérations notamment sur les cuisses nues de ce qui me semble être une jeune fille au teint extrêmement pâle. L'un de ses bras a été arraché et son visage est méconnaissable tant il est déchiqueté. Cependant, lorsque je m'approche davantage du cadavre, je suis horrifiée ! C'est au dessus MON corps que Nahël pleure ! La couleur de mes yeux a changé : eux qui étaient d'un brun presque noirs, sont maintenant devenus bleus ! Ma bouche est gonflée de façon presque grotesque, semblable à celle d'un mort noyé, ce qui n'a absolument aucun sens. Mon nez, quant à lui, porte visiblement un grand nombre de fractures, tandis qu'une effroyable balafre parcours mon visage en diagonale.

Je regarde les mains de la personne que j'incarne dans la vision, et je la reconnais en voyant les bracelets aux bras, je suis dans le point de  vue de Nahomi.

Je suis dans l'incompréhension la plus totale, c'est vrai quoi, comprenez - moi ! Nahël est là alors qu'il m'a dit il y à peine une heure qu'il ne voulait plus qu'on soit amis et après je le vois au dessus de mon cadavre ! Serait - il mon assassin ?

Le décors est très sinistre : la forêt qui entoure cette scène est très angoissante, les hauts sapins qui nous surplombent sont sombres et ils semblent nous écouter, nous regarder, nous fixer, épiant nos moindres faits et gestes. Un sentiment d'oppression s'empare de mon corps tandis que ma vision se floute de nouveau, me faisait revenir peu à peu à moi.

Je suis allongée sur le sol, les yeux dans le vague, comme à chaque fois j'imagine. Quand mon regard se pose enfin sur quelque chose, je peux simplement voir une main, très près de mon visage. Je touche alors la main de cette personne, qui est, sans le moindre doute, celle de Camilia, pour lui signaler que je suis revenue à moi.

Quand elle la retire, je suis fortement surprise de voir autant de monde entassé au dessus de moi, il y a, bien évidement, madame Martins, Nahël et beaucoup d'autres personne dont je ne connais pas le nom.

Je peux aisément lire énormément d'inquiétude sur le visage de Camilia : lèvres pincées, teins plus blanc, en clair : signes d'anxiété qui ne trompent pas chez mon amie.

- Ça va Aedan ? me demande - t - elle, légèrement prise d'un effet de panique qu'elle n'a aucun à me faire ressentir dans l'état de faiblesse dans lequel je suis actuellement.

Car, oui, évidement, je ressens beaucoup plus les douleurs ou troubles psychiques des gens quand je me sens affaiblie. Autant vous dire que j'évite généralement de sortir de chez moi pendant ses moments là.

Je regarde ma sauveuse dans les yeux et secoue négativement la tête, une larme traîtresse venant couler le long de ma joue.

- Camilia, emmène la à l'infirmerie et surveille la jusqu'à ce qu'elle se sente mieux, elle a perdu connaissance, ce n'est pas rien, lui demande notre professeur.

Si elle savait ! Croyez moi, j'aurais largement préféré une simple perte de connaissance.

- Entendu.

- Je vais la porter, madame.

Je peux vous assurer qu'à ce moment précis, j'aimerai être n'importe où, mais loin d'ici. Loin de cette voix qui me propose de l'aide alors qu'elle a refusé mon amitié, qu'elle m'a tout simplement refusé moi. Cette voix, vous l'aviez sûrement deviné, oui, c'est celle de Nahël.

- Non, je peux marcher, je n'ai pas besoin d'aide, dis - je d'une intonation que j'espère assurée, dénuée de tout tremblements, en essuyant ma joue.

- Tu es sûre ? s'inquiète madame Martins.

Visiblement ma voix n'a pas été très convaincante.

Réel ou Surnaturel ?  (En pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant