Chapitre 28

215 29 8
                                    


Samuel tentait d'agiter ses bras tandis que Théo portait les siens à sa tête. On pouvait observer ses lèvres bouger mais personne ne saisissait le sens réel de ses paroles. Il était entrain de devenir fou. Ses pensées s'entrechoquaient, il pensait à Tim qui était inconscient, il pensait à son cousin, Sam, qui coulait dans l'océan le plus profond ; et puis, il pensait aux filles. À ses deux amies d'enfances qui étaient bloquées de l'autre côté du mur. Il pensait à elles, ses deux plus précieuses amies, et il les imaginaient déjà pleurer dans ses bras, lorsqu'il leur dirait ce qu'il s'est passé cette après-midi.
En un seul instant, il imaginait tout ça. Il pensait à tout cela.
Soudain, Samuel agrippait la jambe droite de Théo, et ce dernier ouvrait enfin ses yeux. Il baissait aussitôt la tête vers son cousin, qui commençait à reprendre des couleurs.

- Putain Sam ! s'exclamait-il aussitôt, avant de l'aider à se relever.

- Personne ne bouge ! le coupait Frank.

Un drôle de bruit retentissait dans le bunker. Théo était debout, légèrement penché vers Samuel - qui était encore assit à même le sol.
Sam se décalait légèrement tandis que son cousin se redresser. Il écarquillait aussitôt les yeux, en observant le petit objet métallique étroitement serré dans les mains vicieuses de Frank.
Une petite lumière rouge sortait de cet objet meurtrie, et il pointait le pull blanc de Samuel. Ce dernier baissait la tête en direction de sa poitrine. Il ne bougeait pas lorsqu'il voyait le point rouge se fixer sur son coeur.
Une seule pensée traversait son esprit : Margot.

Narration interne :

- Tu crois que je devrais lui dire ? interrogeait Amy.

Lui avouait qu'elle l'aime ?

- Évidemment Amy que tu devrais lui dire !

Mais à ma plus grande surprise, elle ne semblait pas aussi certaine que moi. On aurait dit qu'elle craignait qu'il ne ressente pas la même chose qu'elle éprouvait pour lui. De mon côté, je ne pouvais que la rassurer et lui assurer qu'il l'aimait aussi. Et peut-être même qu'il l'aimait plus qu'elle ne pouvait l'imaginer.

- Je ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée, soupirait-elle.

Cela pourrait vous paraître totalement égoïste, de parler de nos histoires de cœurs alors que les garçons se font massacrer juste à côté de nous. Mais cela nous aidait surtout à décompresser et à ne pas penser au pire, comme moi, par exemple. J'imaginais déjà tous les types de scénarios possibles. Et le fait que nous n'entendions plus le moindre bruit, ne me rassurait guère.
Et si jamais ils étaient morts ?
Ou s'ils avaient été enlevé ?

- Je pense que tu devrais réellement lui dire, lui assurais-je, on ne sait jamais quand peut prendre fin la-

- Arrête, me coupait-elle gentiment. Je ne veux pas entendre la suite.

Elle me serrait un peu plus fort la main, avant de prendre une grande inspiration.

- Je ne veux pas le perdre, avouait-elle d'une voix tremblante.

Mon coeur se serrait lorsque je l'entendais renifler.
Je me demandais alors, comment j'avais fait pour ne pas remarquer qu'elle l'aimait aussi. Tout cela me paraissait complètement surréaliste. Ma meilleure amie qui est amoureuse de mon meilleur ami, qui l'aime depuis plusieurs années déjà. Et comment j'avais fait pour ne pas m'en rendre ?
J'avais été beaucoup trop égoïste, à ne penser qu'à moi et à mes petits problèmes.

- J'ai peur Margot, j'ai peur de le perdre.

Je ne pouvais rien dire, hormis que moi aussi. J'avais peur de perdre mes amis d'enfance. Je fermais les yeux.
Aussitôt, la porte en fer s'ouvrait. Je rouvrais les yeux avant de me redresser en même temps que ma meilleure amie. Ma vue mettait quelques temps à se stabiliser.
Je distinguais alors Richard, avec un sourire malsain sur les lèvres. Il était tout seul. Il fixait Amy puis moi.

- Venez.

On le suivait tandis qu'il tenait fermement la porte. La luminosité m'éblouissant. Je n'avais plus l'habitude de voir le jour ; et j'avais la tête qui commençait à tourner. Amy me tenait toujours la main.

On entendait Richard refermer la porte avant de pousser Amy et moi, hors de la pièce plongée dans l'obscurité totale. On faisait quelques pas de plus avant de découvrir la fameuse scène que j'avais tant imaginé.
Richard restait derrière nous tandis que je lâchais la main de mon amie. J'écarquillais les yeux, avant de porter les mains à mon visage.
Lorsque je clignais une nouvelle fois des yeux, j'aperçevais Amy se tenir aux côté de Timothé, qui avait les yeux clos et du sang sur le bout de ses doigts. Elle chuchotait des mots inaudibles tandis qu'elle secouait les mains dans tous les sens. Elle tentait même de secouer notre ami, qui ne réagissait pas.
Pas Timothé.

Je tournais la tête de l'autre côté. Et je lâchais un cri de terreur lorsque j'observais Théo se tenir aux côté de Sam. Ce dernier était assit en tailleur contre l'un des murs du bunker, et Théo était accroupit face à lui, ses deux mains fixées sur ses épaules. Sans réfléchir, je me hâtais vers Samuel, qui au même instant, relevait la tête. Il plantait ses yeux noisette brillants dans ma direction, me scrutant le visage comme s'il ne m'avait pas vu depuis de très longues années, tandis que Théo se retournait légèrement.

- Margot ! s'exclamait aussitôt Théo.

Un Défi Périlleux [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant