Chapitre 20

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On marchait dans le silence. Il valait mieux ne pas faire de bruit, surtout si l'on ne voulait pas se faire remarquer.
Plus on avançait, et plus j'avais un mauvais pressentiment. Le problème, c'est que je ne voyais pas grand chose, à cause des feuilles épaisses des arbres qui nous faisait barrière avec le ciel. Je ne savais pas où le danger allait frapper, mais je le sentais. Nous étions suivit, épiais. Ils n'attendaient plus qu'une chose, c'était de nous coincer. Et j'avais comme le sentiment qu'on se dirigeait exactement là où ils voulaient qu'on aille. Un peu comme si nous étions des marionnettes, et que c'étaient eux qui tiraient les ficelles. Je frissonnais une nouvelle fois, avant de m'arrêtais. Tim me rentrait dedans.

- Margot, pourquoi tu-

- Chut ! soufflais-je. On est suivit et-

Je n'avais pas le temps de terminer ma phrase que quelque chose m'attrapais. Je glissais en arrière tandis que j'entendais Amy hurler. Je ne voulais pas qu'ils lui fassent du mal, j'espérais que Théo était avec elle, entrain de la défendre.

- Margot ! s'exclamait Timothé. Margot !

Mais je ne pouvais pas bouger. J'étais allongé sur le dos, le regard fixé sur ce qui me semblait être un visage. Un visage d'homme. Je sentais une présence avec moi, je sentais un regard malsain me dévisager.
J'ouvrais ma bouche, prête à hurler à mes amis l'endroit où je me trouvais, lorsqu'une main s'abattait sur mes lèvres ; m'étouffant presque.

- Tu dis quoi que ce soit, et je te bute, comprit ? soufflait une voix d'homme.

Compris.
J'acquiesçais aussitôt. Je ne tenais pas à mourir ici.

- Très bien, tu vas te lever en silence, et tu vas me suivre.

Et si je refusais ?
Vite, il me fallait un plan. Je devais fuir. Mais mes pensées s'entrechoquaient tandis que je n'entendais plus aucun signe de vie de mes amis.

- Par là, soufflait l'homme.

Je reconnaissais enfin sa voix. C'était celle de Frank. Il m'aidait à me relever, me saisissant fermement le bras tandis que je tentais d'établir un plan.
Il se mettait à marcher et je ne pouvais rien faire d'autre que le suivre.
Je n'avais qu'une envie c'était d'hurler. Je m'apprêtais aussitôt à le faire, lorsque que quelque chose de lourd s'abattait sur ma nuque. Je me sentais aussitôt glisser dans l'inconscient, et je m'étalais sur un sol de feuilles. Ma dernière vision n'était autre que les racines des arbres en face de moi.

Le silence. C'était la seule chose que mon ouïe percevait. Je n'avais aucun idée de où j'étais. Le silence.
C'est bien le bruit qui m'effraie le plus. Je n'ai jamais aimé ça, le silence. Pour moi, il représente la douleur, tous les mots que l'on ne s'est jamais dit et que l'on ne se dira jamais, par peur du regard de l'autre ou des sentiments. Ainsi que le mensonge, la dépression, la solitude, l'amertume, la déception. Je n'aime vraiment pas le silence.
Je bougeais lentement la tête avant de papillonner des yeux. Le soleil perçait à travers une petite ouverture. Lorsque ma vue se stabilisait, j'observais que je me retrouvais dans la petite cabane où l'on avait passé notre nuit de défi. Je me redressais brusquement en écarquillant les yeux. J'étais allongé sur le sol poussiéreux, j'en avais partout sur moi.
Aussitôt, je me massais la nuque, et je comprenais que l'on m'avait assommée, afin de me traîner ici. Je me relevais lentement, la tête me tournait - normal je manquais de nourriture, d'eau, et j'avais été assommée. Je jetais un faible coup d'œil aux alentours.
Putain. J'étais seule. Personne n'était là.
Je me précipitais rapidement vers la porte que je tentais d'ouvrir. À ma plus grande surprise, elle s'ouvrait aussitôt. Et j'avais juste le temps de me décaler pour ne pas me la prendre dans la tête. Je me retrouvais alors face à face avec Frank. Il m'offrait son sourire dégueulasse. Je ne bougeais pas. Je retenais mon souffle lorsqu'il posait sa main sur mon avant-bras.

- Ma jolie, bien dormi ?

Je ne répondais toujours pas. Je n'avais qu'une envie c'était de lui foutre mon poing dans sa gueule.
Et puis, qu'est-ce que j'aurais à perdre si je ne le faisais pas ?
C'est donc sans réfléchir, que mon poing s'abattait sur son arcade. Je le voyais se recourber vivement en hurlant des insultes. Je m'en foutais en le contournant aussitôt. Je passais la porte et me retrouvais ainsi à l'air libre. Enfin, jusqu'à ce que je me heurte à une silhouette, beaucoup plus grande que moi.
Je relevais doucement la tête : Richard. Les bras croisés, et un cure-dent coincé entre ses grosses lèvres.

- Te voilà, souriait-il, je me demandais où Frank t'avais caché.

Hein ? Quoi ?
Qu'est-ce qu'il me dit ?
Il m'a caché ?
Pourquoi moi ?
Trop de questions s'entrechoquaient dans mon esprit.

- Tu veux rejoindre tes amis ? demandait-il.

Je le fixais, perplexe. Je restais méfiante. En aucun cas je le croyais. Je m'apprêtais à répondre lorsque je sentais un nouveau coup dans ma nuque. Cette fois, je ne m'écroulais pas sur le sol, mais dans les bras du Richard. Ma dernière vision n'était autre que son sourire à la con.

- Bien joué Frank ! s'exclamait-il.

Un Défi Périlleux [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant