2.

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Edna Fall

À ma grande surprise, le diner s'est passé agréablement. Sans aucun pépin, sans esclandre.

Et c'était reposant.

Le fait d'avoir un diner normal, autour de gens que j'aime, m'avait ramené à la réalité et m'avait fait oublier cette très longue journée, ainsi que les événements passés.

Même Billie s'était prêtée au jeu. Elle ne menait pas la discussion comme à son habitude, mais répondait aux questions qu'on lui posait.

Et, je la voyais lutter contre la douleur qui la prenait. Force est de constater, qu'elle savait davantage gérer ses visions que moi, c'est pourquoi personne n'a pu déceler ces moments de douleurs intenses qui la prenaient, mais je sentais bien ses ongles, pincer la chair de ma peau.

Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour une amie qu'on chérissait plus que tout au monde ?

J'avais remarqué qu'elle s'était laissée voir l'une des visions qu'elle tentait de réfréner, car elle avait les yeux, puis elle avait fixé son père plusieurs minutes avant de détourner son regard au moment où il allait croiser le sien. 

Elle parut aussitôt accablée. J'étais vraiment mal pour elle. C'était ma meilleure amie - et encore, je la considérais comme ma soeur jumelle - et je n'aimais pas la voir, attristée, par ce type de situation. Ça me faisait mal au coeur.

Nous allions passer au dessert lorsque Billie se proposa d'aller le chercher comme pour respirer autre chose que le minois gêné de son père.

Je comprends immédiatement qu'elle veut me parler, alors je me propose aussi sans que nos parents y prêtent réellement attention, entièrement plongés dans leur conversation concernant ... je ne sais plus vraiment. 

Il n'y a que Russell qui se doute qu'on veut s'éclipser.

Et Hanna est sur son téléphone donc elle se moque bien d'où nous allons, sinon elle aurait émis un commentaire.

Nous arrivons à la cuisine et je sors les assiettes à dessert que ma mère a pré-sorti pendant que Billie sort le gâteau du réfrigérateur, bien silencieuse. Ça me manque presque de lui demander de se taire.

Et je comprends bien qu'un changement s'opère chez elle comme chez moi. Contre notre gré. 

Je lui jette un rapide coup d'oeil avant de sortir les cuillères, ne sachant comment lancer la conversation. Elle est totalement enfouie dans ses pensées ce qui me perturbe. Ça doit être grave.

— Edna, Billie ?! Dépêchez-vous de ramener le gâteau que j'ai fait ! hurle mon père du salon. Mangez ça là-bas, je vais venir vous cogner, gourmandes que vous êtes ! Vous nous croyez bêtes ou quoi ?! Je vous jure ses filles, elles ne vont pas se marier, elles ne pensent qu'à manger ...

Billie sort de ses pensées, le sourire aux lèvres et on éclate de rire.

Qu'est-ce que mon cinglé de père m'avait manqué. Il ne faisait que de commenter et de sur-commenter. Il était juste inépuisable. Surtout lorsqu'il y avait des invités. Et ce soir, il avait fait le grand diplomate, philosophe, orateur ... Tout ce que vous voulez. À croire qu'il avait vécu 45 vies.

Mais, ça me rendait très fière de lui toutes ses connaissances qu'il avait.

— Monsieur Idriss Fall nous connait trop bien. Si j'étais dans mon état normal, c'est-à-dire très bavarde et commentatrice, je me serai servie une part de gâteau avant tout le monde pour éviter ...

— Tout risque d'empoisonnement possible, terminé-je le sourire en coin. Tu te souviens lorsqu'on avait mangé tout le gâteau de la voisine et qu'après on l'avait caché à ma mère ?!

POP-UPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant