Le Royaume d'Arkansas - Origines

Chapitre 6 - Renouveau

Perchée sur ses hauts talons, Rebecca à ses côtés, elle observe Emily avec dédain. Elle sourit, contente de voir que cette morveuse attend seule, au milieu du hall. Elle a l'air perdue, isolée : exactement ce qu'elle veut. Il semblerait que mademoiselle-Vegas-la-camée va passer son temps de midi seule. Vanessa ne l'a jamais vraiment aimée. Elle avait juste voulu être gentille en l'acceptant dans leur groupe d'amies. Mais la gentillesse n'est pas son point fort et le pire, c'est que Emily ne leur a apporté que des ennuis. Le plus triste dans tout ça, c'était Rebecca. Vanessa, elle, était forte. Elle avait su essuyer les remarques désobligeantes et les rumeurs lancées par ses camarades de classe suite à la déchéance soudaine d'Emily. Mais Rebecca...Elle n'avait tout simplement pas supporté, surtout avec la pression qu'exerçaient ses parents. Elle s'en voulait de ne pas avoir été là pour aider Emily lorsqu'elle allait mal. La jeune blonde avait dû ramasser son amie à la petite cuillère tellement elle était brisée. Vanessa tourne la tête et suit le regard triste de son amie, pour atterrir tout droit sur Emily ! Faisant claquer ses talons rose bonbon sur le sol, elle se poste devant Rebecca, les poings sur les hanches, lui bloquant ainsi la vue. Elle secoue sa tête de droite à gauche, faisant voleter ses parfaites boucles blondes.

« Hey Reb', dis-moi... Pourquoi tu t'amuses à te faire du mal ?

-Je...elle détourne le regard. Je ne sais pas...Elle me manque tu sais... »

Et ça y est, Vanessa la perd à nouveau. Elle le sent.

« Tu te souviens de ce que tu as vécu ces derniers mois ?

-Je...elle s'étrangle, les yeux embués de larmes.

-C'est bien ce que je me disais. Alors Reb', fais-moi plaisir. Oublie-la tu veux ? déclare-t-elle sur un ton amer.

-Co...Comment tu peux dire une chose pareille ? demande la jeune fille avec des yeux ronds. C'était ton amie...Je, je dois prendre l'air, bégaye-t-elle.

-Reb' attends ! »

Trop tard, la jeune fille part en courant vers les portes. Vanessa souffle pour évacuer sa colère. Son plan intitulé « La vengeance est un plat qui se mange froid, très froid », ne marche pas du tout comme prévu : on peut rayer Rebecca de la carte. Elle a beau être méchante, elle ne veut pas impliquer son amie là-dedans. Surtout si on prend en compte son passé de dépressive. En plus, elle n'a certainement pas besoin d'une pleurnicharde comme elle dans les pattes. Vanessa va se la jouer solo. Après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même, non ?

***

Emily est au centre du grand hall, seule. Les grandes fenêtres murales laissent passer une quantité de lumière impressionnante. Elle avait accepté l'invitation de Shean mais ne savait ni où le trouver, ni à quoi ressemblaient ses amis. Elle se frappe le front du plat de la main. Qu'est-ce qu'elle peut être tête en l'air de temps en temps. Elle était tellement contente de s'être fait un nouvel ami dès son premier jour qu'elle avait agi sans réfléchir. Comme toujours. Elle secoue la tête et ricane silencieusement. Comment peut-elle qualifier Shean « d'ami » ? Elle ne le connaît pas. Elle veut juste montrer aux deux autres pétasses qu'elle a déjà tourné la page. Au fait, pourquoi a-t-elle un égo aussi haut ? Au pire, qu'est-ce que ça peut changer ? Elles ne veulent plus d'elle, très bien. Cela ne devrait pas lui poser autant de problèmes. Elle veut prouver qu'elle n'a pas besoin d'elles pour vivre. Mais vu qu'Emily n'est pas très sociable, elle s'était empressée de sauter sur la situation et de bien entendu en profiter. Puis qui sait ? Peut-être qu'elle va très bien s'entendre avec eux ? Elle tourne la tête à gauche, fixant l'entrée du bâtiment, ignorant toutes les paires d'yeux braquées sur elle. 

Que fais-tu Shean ?

Elle le voit enfin se diriger vers elle d'un pas rapide. Son visage s'éclaire quand elle l'aperçoit, ses yeux brillent et un grand sourire s'affiche sur son visage. Elle n'est plus seule et elle peut maintenant rabattre le clapet de Vanessa qui la fixe depuis tout à l'heure d'un air hautain. Et bam, dans les dents ! Un petit coup d'œil rapide dans sa direction ne manque pas de la ravir au plus haut point. Cette dernière la dévisage la bouche ouverte, avant de revêtir une expression de colère et de dégoût.