Chapitre - XII

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"Si la mort cruelle nous surprend.

Dure sera la vengeance du partisan..." *


Deux phrases, chantées à la perfection par une voix douce et mélodieuse. C'était tout ce qu'il avait fallu à Loskev pour oublier l'espace d'un instant la mort qui l'entourait. Pour oublier qu'il était à genoux dans un cratère rempli de sang, le canon d'un fusil contre son cou.



Il avait les larmes aux yeux et la gorge serrée en pensant à tous ceux qui étaient mort, et pourtant une fois de plus, une simple chanson avait réussi à vaincre ses sanglots.  



"Merci"

C'est tout ce qu'il avait réussi à articuler...





Le canon quitta ses vertèbres, ce qui lui permit de se relever.





"Ne me remerciez pas, Caporal, nous sommes arrivés trop tard pour vos compagnons"


La voix était subitement devenue plus triste.


"Ne le soyez pas, reprit Loskev, vous avez sauvé deux vies, c'est déjà plus que moi..."



L'hadésien avait finit par se retourner pour faire face à sa sauveuse: ses longs cheveux blonds avaient été ramenés en une natte qui lui tombait sur l'épaule et un large bandage recouvrait toute la partie gauche de son visage. Pire, ces jambes avaient été remplacées par des prothèses cybernétiques. En dessous des genoux, la jeune femme n'était plus qu'acier.



Pourtant, elle souriait encore, c'était un sourire plus triste que lorsqu'il l'avait rencontré dans l'hôpital, mais il ne voulait dire qu'une seule chose: "heureux de te revoir en vie".



Alors Loskev sourit en retour...



*****



C'est un grésillement radio qui mit fin à leurs retrouvailles. La chanteuse oublia son sourire pour afficher une expression beaucoup plus sérieuse. Tout en distribuant ses ordres, elle enfila son casque tactique, semblable à ceux des pilotes de chasse, qui lui recouvrait tout le visage.



Moins de trente secondes plus tard, cinq soldats débarquaient au pas de course, l'un d'entre eux portant Istir sur ses épaules...



L'équipement des nouveaux venus n'avait rien à voir avec celui de Loskev: ils portaient tous des armures intégrales, des casques tactiques et des fusils à effet de Gauss. C'étaient des troupes d'élite et leur commandant n'était nul autre que la jeune femme qui lui avait sauvé la vie...  



Sa voix amplifiée par un haut-parleur situé sous son casque, la chanteuse donna ses nouvelles directives:



"On occupe ce bâtiment, je veux deux Hommes pour monter la garde. Tchiorny-3 s'occupe du soldat inconscient. Puis s'adressant à Loskev, elle ajouta: Caporal, je veux un rapport détaillé de la situation..."



Surpris par ce changement de comportement aussi brutal que rapide, Loskev s'exécuta sans protester. Et à l'abri derrière les murs du musée, il lui raconta tout: le départ pour le front dans la nuit, la mission de reconnaissance, la mort de Rekvara, le sacrifice de Vasieliev dans le poste de garde puis l'arrivée providentielle des renforts qui lui avaient sauvé la vie.



À la fin de son rapport, l'hadésien comptait demander à la chanteuse de se présenter et de lui expliquer la présence d'une unité d'élite dans cette zone, mais une violente explosion qui fit trembler le sol l'en empêcha.



Les fascistes étaient de retour avec du renfort et il était évident qu'ils ne comptaient pas échouer une deuxième fois...  



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 * Paroles de Fischia il vento (Le Vent Siffle), une chanson populaire italienne, qui fut aussi un des hymnes de la résistance communiste sous le régime de Mussolini.

Les Sables Rouges d'AtaléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant