Chapitre - VI

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Après l'incident du discours, Loskev était resté silencieux, outré de voir à quel point les colons se réjouissaient des paroles du sergent. Il ne les avait flatté que pour mieux les museler: à présent quiconque s'opposait à Vasiliev risquait de passer pour un lâche qui ne voulait pas libérer la ville.



S'opposer au sergent n'était plus du tout une bonne idée: au mieux Loskev risquait de se ridiculiser devant le reste de l'escouade et au pire, il devrait expliquer son comportement aux commissaires politiques...



La seule solution était maintenant de convaincre Vasiliev que tout ça n'était qu'une vaine tactique du QG pour gagner la bataille au prix de leur vie. Une escouade de bleus commandée par un officier inexpérimenté au combat au sol n'avait aucune chance de survie sur la ligne de front, ils couraient droit au désastre.




Alors, ravalant sa fierté, Loskev avait finit par présenter ses excuses:  



"Pardonnez-moi camarade-sergent, puis-je parler franchement ?"



Vasiliev lui jeta un regard étonné, sûrement surpris de voir le Krasny changer d'attitude aussi subitement...



"Allez-y caporal, mais je vous préviens, si vous remettez mon commandement en doute, vous allez le regretter."


Il était visiblement toujours en colère.


"Pardonnez moi, mais je pense franchement que ...

- Vous pensez quoi Loskev ? Le sergent l'avait sèchement coupé. Qu'un pilote ne peut pas commander une escouade d'infanterie ou bien que des civils qui n'ont jamais tenu un fusil courent droit à leur perte ? Vous pensiez sincèrement que je ne l'avais pas remarqué ?

- Le QG prépare une attaque suicide, vous le savez ! Alors pourquoi faire comme si de rien n'était ?"  




Vasiliev eut un rire cynique, ce qui agaça le caporal au plus haut point.




"Que proposez-vous alors ? Vous voulez déserter ? Vous rebeller ? Tout ce que vous allez gagner c'est d'être exécuté par un commissaire politique. Je ne commande pas par plaisir Loskev, je le fais parce qu'on m'a laissé le choix entre participer à cette offensive ou passer au peloton d'exécution pour avoir perdu mon appareil."


Le ton du sergent changea, comme si il essayait de se convaincre lui-même.


"Je croyais que vous étiez un fils d'Hades ! Si vous ne voulez pas vous battre pour vous, faites le au moins pour vos camarades. La 8e section a été anéantie, Loskev ! Leurs cadavres pourrissent à même le sol et vous ne voulez pas les venger ? Je croyais que vous me détestiez parce que j'ai été un pilote, mais en fait c'est juste parce que vous avez peur que je donne des ordres que vous ne voudriez jamais donner vous même !

- Et les autres !? Le caporal était hors de lui. Ça ne vous gène pas d'envoyer des gamins à la mort pour venger votre égo ?" 



Nouveau rire cynique.



"Ces enfoirés de l'U.N.A pilonnent la ville depuis des jours, la moitié de la population est soit en exil, soit morte. Vous ne pensez pas qu'eux aussi ils veulent se venger ? Qu'eux aussi ils veulent buter un de ces fascistes avant de crever ?"



Loskev était à court d'arguments, d'un certain point de vue, le sergent avait absolument raison, mais il refusait de mourir pour des fantômes. Il ne voyait pas en quoi crever glorieusement rendrait heureux des enfoirés comme Petrov ! 



Le fatalisme du sergent l'avait dégoûté, ils étaient en vie bordel ! Ils pouvaient encore s'en sortir ! Courir vers l'ennemi en espérant le tuer avant qu'il ne fasse de même était un raisonnement stupide, on ne gagnait pas des guerres comme ça !




Enfin, si on faisait exception d'un grand nombre de victoires Red Block...


Les Sables Rouges d'AtaléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant