Chapitre - V

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Le camarade-sergent Vasiliev était, tout comme Loskev, un survivant de la 8e section: c'était un véritable hadésien qui portait fièrement son épaisse moustache.



Comme Loskev, il avait aussi été blessé, sa main gauche n'était plus qu'un moignon entouré de bandages. Mais quiconque ayant croisé le regard dur du sergent pouvait en témoigner, cela n'avait pas l'air de le gêner.



Toutefois, ils divergeaient sur un point: à l'inverse du caporal, le sergent était originaire d'une unité de blindés...  





Loskev respectait les blindés, surtout ceux qui avaient été produits sur son monde natal, mais il refusait de voir un pilote lui donner des ordres. Le champ de bataille était différent à bord d'un marcheur de combat, on pouvait ignorer les armes légères, encaisser des tirs. À pied, la moindre balle perdue vous mettait hors-jeu.



Autant dire qu'un pilote n'avait aucune compétence pour commander hors de son véhicule. Sans compter que les équipages de blindés avaient la fâcheuse manie d'être arrogants et de se moquer des Krasnye...  





Aussi leur première rencontre ne fut pas des plus cordiales...





"Caporal Loskev... heureux de vous voir enfin. De ce qu'on m'a dit vous avez abattu un marcheur hostile hier après-midi, c'est un exploit rare pour un soldat !"



Le sergent l'avait accueilli sans mépris, mais il était évident qu'en minimisant l'action de Loskev, il cherchait à le jauger et à lui faire comprendre qu'il était le chef.


Mais le caporal n'était pas quelqu'un de facilement impressionnable. Et sur le même ton, il répondit:



"Ce n'était qu'un Fire Toad sergent, pour un Krasny c'est un jour comme un autre..."  



Surpris par la répartie de son subalterne, Vasiliev marmonna quelque chose entre ses dents. Le premier point était pour Loskev...

Mais plutôt que de perdre son temps dans joutes verbales, le sergent changea de stratégie.





Ignorant le caporal, il appela les autres soldats de l'unité, qui s'entraînaient non loin.



Ils étaient six en comptant Istir, quatre hommes et deux femmes, tous originaires d'Atalée. De jeunes colons qui n'avaient jamais tenu une arme de leur vie...



En entendant la voix de leur officier, tous se mirent au garde-à-vous ... avec plus ou moins de réussite (ce qui ne manqua pas de faire ricaner Loskev)...  



Ignorant la position peu réglementaire de certains d'entre eux, Vasiliev commença son discours.





"Soldats !" La voix du sergent était assez forte pour que tous l'entendent mais suffisamment posée pour que tous l'écoutent avec attention...


"Je vous présente le caporal Loskev, c'est un vétéran qui s'est illustré au combat. J'espère qu'un tel exemple d'héroïsme vous inspirera ! Je sais que vous êtes encore inexpérimentés, mais si vous suivez mes ordres, vous vivrez. On vous a pris votre ville, allez la récupérer ! Montrez-nous la valeur des fiers colons d'Atalée !"


Électrisés par ce petit discours, les soldats lui répondirent par petit cri de guerre avant de retourner s'entraîner avec une ardeur renouvelée.  





Loskev, lui, était écoeuré, de la parfaite démagogie collectiviste... Plutôt que de minimiser son exploit, le sergent le mettait à présent en valeur, faisant de lui un exemple. À présent, il ne pouvait plus que se comporter comme tel, ou bien perdre la face devant toute son escouade.



Il avait beau avoir gagné le premier point, le sergent l'avait battu à plate couture...  


Les Sables Rouges d'AtaléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant