3, CRYING ROOM (diary)

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2016.09.25

Cher journal ;

Il y a 6 jours, lors de ma dernière agression en date, la bande à Park Jimin m'a laissé inconscient sur le trottoir. Seul, en sang, en larmes, comme la pauvre merde que j'étais et que je resterai sans conteste.

Je me suis éveillé seul dans la ruelle sombre et déserte, vers les coups de 22 heures d'après mon cellulaire.

J'aurais pu avoir du mal à expliquer mon retard à ma mère, mais c'est à peine si elle m'a remarquée quand je suis rentré. À croire que je suis vraiment transparent, ou totalement insignifiant.

Elle est toujours comme ça.

Elle travaille, travaille et travaille encore.

Pourtant, ce n'est pas l'argent qui nous manque. Au contraire, on mène "à deux" une vie confortable grâce à ses revenus conséquents.

J'en ai fini par conclure qu'elle évitait plutôt d'avoir affaire à moi, son propre fils.

Depuis le divorce avec mon père, quand j'avais 11 ans, elle n'est plus la même. Elle ne me regarde plus. Ne se soucie plus de moi.  Je n'existe plus à des yeux alors qu'avant j'étais sa fierté, la prunelle de ses yeux.

Elle a engagé je ne sais combien de nourrices depuis ce jour.

Elles étaient chargées d'aller me chercher à l'école, me faire à manger et même me border le soir.

Tout ce que ma génitrice ne faisait pas pour moi. Et petit, ca me brisait.

Quant à mon père, les seules fois où j'allais le voir étaient pendant le week-end.

Il ne faisait que me rappeler et me rappeler sans cesse que j'étais un échec pour lui.

Je n'étais sans aucun doute pas le fils dont il rêvait.

Vers mes 14 ans, j'en ai eu marre.

Je ne retournais plus voir mon père, et il ne s'en plaignait pas.

Dans un sens, c'était mieux comme ça.

Or, je me suis si souvent répété cette phrase, "les malheurs n'arrivent jamais seuls".

C'est à cette époque que l'on a commencé à s'en prendre à moi.

Je n'ai jamais connu le motif.

J'étais un élève plutôt sage, en retrait au fond de la classe.

On ne faisait pas attention à ma personne la plupart du temps.

J'avais quelques amis, même.

Amis parmi lesquels on pouvait compter NamJoon, SeokJin.

Et puis Jimin est arrivé.

Je me souviens, à l'époque, il débarquait tout juste de Busan.

On s'entendait plutôt bien, du moins dans mes souvenirs.

Mais c'est de l'histoire ancienne.

J'étais jeune, naïf.

J'aurai dû me méfier, je savais que j'aurai dû.

Ce qu'il y a de triste avec les trahisons, c'est que ça ne vient jamais de tes ennemis.

Je croyais être proche d'eux, de lui.

Je croyais qu'on était amis, qu'il m'appreciait, qu'il m'aimait. J'ai passé à ses côtés une partie du collège et nous sommes entrés au lycée, heureux d'être ensemble.

On ne se quittait plus. Matin, midi, soir. Nous étions ensemble.

Seulement, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je suis devenu leur souffre-douleur.

Je ne l'ai toujours pas digéré.

Et je m'accroche toujours à cette amitié passée.

J'essaie, de ressentir de la rancune envers eux.

Mais c'est dur.

Tellement, tellement dur ...

Quand je vois les cicatrices immondes qui couvrent mon torse, mes bras, mon dos, mes jambes et mes cuisses, je me dis que ce n'est pas possible.

Ce n'est pas les mêmes personnes qui m'ont fait ça.

Pas les personnes en qui j'avais jadis confiance.

Quelle épreuve aussi horrible soit-elle peut transformer des gens à ce point ?

Surtout des adolescents, d'à peine 14, 15 ans.

Quand je me regarde dans le miroir, quelques fois, je me demande, ai-je mérité de vivre ?

Personne ne veut de moi, même mes propres parents.

Je ne mérite donc pas quelqu'un qui m'apprécie à ma juste valeur ?

Je ne mérite donc pas quelqu'un qui ne passerait pas son temps à m'insulter et me frapper, mais au contraire, à me réconforter ?

Je me pose sans cesse les mêmes questions.

Ça me rend fou, ça me torture.

Entre les quatre murs de ma chambre, le soir, je me dis souvent que j'aimerai en finir.

Que je préférerai être mort.

Mais est-ce que le repos éternel serait réellement une solution ?

Je ne pense pas vraiment.

Ça ne ferait que me rendre plus lâche que je ne le suis déjà.

Oui, c'est horrible ce qu'on me fait.

Je n'ai pas les mots pour décrire à quel point j'ai mal.

Mais ai-je vraiment le droit de me plaindre ?

Au fond, j'ai finis par penser que c'était de ma faute.

Quelque chose cloche avec moi, mais quoi ?

Ça me tue de ne pas savoir pourquoi on me haït encore un peu plus chaque minute qui passe.

Le suicide, serait un choix affreusement égoïste.

Je me dégoûte déjà à un point inimaginable, je n'ai jamais assumé d'être comme je suis. Lâche, faible, peureux. Dégoûtant.

Comment faire pour retrouver mon estime de moi ?

HARCÈLEMENT (yoonmin)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant