HARCÈLEMENT (yoonmin)

23, twinkle twinkle little star

[ Flash info de dernière minute : un lycéen retrouvé inconscient sur le trottoir d' un quartier résidentiel à Séoul. Les médecins l'ont plongé dans un coma artificiel le temps de lui administrer les soins nécessaires. Le jeune homme se nommerait Park Jimin et jongle actuellement entre la vie et la mort. Il aurait sauté d'un immeuble comportant quatre étages, et à ce stade-là, est considéré comme un véritable miraculé. Mais son état reste critique, les prochaines heures seront décisives pour qu'il reste en vie, malgré que les personnes en charge de lui ne soient pas, voire pas du tout optimistes à son sujet. ]

Lorsque j'avais allumé ma télévision ce matin-là je ne m'attendais pas du tout à ce que j'allais voir en zappant les chaînes au hasard à l'aide de ma télécommande.

Je reste figé, les jambes croisées en tailleur, alors que mon regard reste fixé sur le vaste écran plat. Mais mon esprit est ailleurs, et il faut deux bonnes minutes à mon cerveau pour traiter l'information que je viens d'entendre.

J'imagine, son corps étalé sur le béton, froid, livide, dénué de toute chaleur, de toute forme de vie.

Jimin qui saute de son immeuble.

Jimin retrouvé inconscient.

Park Jimin, mort.

Je me remémore son visage, sa voix. Son sourire quand il riait à une blague de NamJoon, ses adorables fossettes faisant leur apparition. Sa physionomie parfaite. Ses cheveux soyeux. La douceur de sa peau lorsqu'il me touchait dans le but de me frapper, le ton acerbe qu'il employait lorsqu'il était en ma présence. Les putains de frissons qui me parcouraient à chaque fois.

La nuit où il m'a appelé, celle où j'ai eu un aperçu de sa voix brisée, de lui, anéanti. La fois où il a dit à SeokJin de me soigner après que je me sois fait tabasser, et quand il a ensuite collé nos fronts l'un contre l'autre, alors que je m'attendais à ce qu'il me frappe. Son souffle brûlant percutant mes lèvres.

Puis, je le revois, après tout ça, quelques semaines auparavant. Son visage épuisé et cerné, l'anxiété qui se peignait sur ce dernier. Les bandages qu'il tentait de dissimuler sous ses pulls trop grands qui ne lui allaient absolument pas. Son teint livide, ses yeux rouges, comme après qu'on ait passé toute une nuit à pleurer. La connotation de sa voix, fatiguée. Son air absent.

Et puis je me dis, comment j'ai pu lui tourner le dos ? Moi qui à un moment avais voulu l'aider, comment avais-je pu décider de l'ignorer ? Tout son mal-être, comment avais-je osé en faire abstraction ?

Je l'avais su mal. Je l'avais su mal mais j'avais décidé de ne rien faire, ayant trop peur qu'il me rejette. Pourtant, sans aucun doute que ça aurait pu l'aider. Je me sentais coupable. J'étais autant fautif que lui. Nous étions tous deux entrain de payer le prix de mes actes.

Je ne sais pas ce que je ressens. En fait, je ne veux pas m'avouer ce que je ressens. Ça faisait des années qu'il me faisait vivre un enfer, et comme tout le monde dans ma situation, je devrai me sentir soulagé. Soulagé que ce soit fini, enfin terminé.

Mais ce qui prend place en moi et grandit un peu plus au fil des secondes, n'est qu'un immense vide. Un putain de trou béant. Quelque chose qui me bouffe, qui me contamine et se répand dans mon sang, dans mes membres, et je me mets à trembler.

Je ne réalise pas. Je ne veux pas réaliser.

Park Jimin est mort.

Ce n'est pas la réalité. Ce n'est pas ma réalité. Je refuse que ça le soit.