Lorsque SeokJin applique la compresse désinfectante sur ma lèvre ensanglantée, je pousse un grognement de mécontentement.
Je peux le faire seul, je ne suis plus un gosse. Ça fait bien longtemps que je suis capable de faire ce genre de choses sans l'aide de personne.
Mais c'est bien sûr sans compter le Park Jimin énervé qui fait les cent pas à quelques mètres de moi.
《 Ferme ta gueule, merde. Tu l'ouvres que quand je t'y autorise, c'est clair ? 》
Je déteste par-dessus tout sa façon de me soumettre, et encore plus le fait que ça marche à chaque fois.
Alors je me contente de hocher la tête, parce que je sais parfaitement qu'il attend une réponse sans vraiment en attendre une. Juste histoire qu'il sache que je ne l'ai pas ignoré.
J'appris avec les années que Jimin déteste être ignoré. Encore un de ses délires de gamin hautain et capricieux. Avec le temps, on cerne le personnage.
Honnêtement, je ne sais pas ce qu'il fait. Je ne sais pas non plus, ce que moi, je fais ici à me faire soigner par cet enfoiré de SeokJin, sous l'œil méfiant, voire presque énervé de NamJoon. Mais c'est sous les ordres de Jimin qu'il le fait, et je ne vais pas refuser qu'on me vienne en aide alors que j'ai bien été amoché par SungJae tout à l'heure. Surtout que je ne suis pas en droit, de refuser. À six contre un, j'ai très peu de chances.
Jimin s'arrête soudain, cessant de tourner en rond dans la pièce comme le ferait un hamster. Ou un cochon-dinde. À voir.
Je comprends que c'est moi et non le tableau de la salle de classe qui se trouve juste derrière moi qu'il fixe, alors que son regard perçant et indéchiffrable se fait plus qu'insistant, et surtout trop insistant pour que cela soit correct.
Ses yeux se baladent sur mon corps frêle, couvert d'hématomes dissimulés par l'uniforme que je porte alors que je me redresse en déglutissant péniblement sur ma chaise. SeokJin en a fini, il se relève de sa position accroupie et jette les compresses à la poubelle avant de venir s'appuyer contre le mur à côté de NamJoon. Leurs épaules se touchent, ainsi que leur bras. C'est un peu trop proche comme posture pour qu'il soit venu se mettre là inconsciemment. Ils sont bizarres ces deux là.
Concernant mon agresseur attitré, si nous avions été dans un autre contexte, j'aurais sûrement rougi et détourné le regard comme le dernier des imbéciles. Mais là maintenant, alors que son regard traîne jusqu'à s'arrêter sur mes jambes, mes cuisses, puis mon torse, je me demande ce qu'il veut et réprime une grimace de dégoût à l'idée qu'il puisse me mater. Il n'a donc aucune gêne ? Çane me met pas mal à l'aise, ça me donne envie de vomir. De la part de n'importe qui d'autre, j'aurai trouvé ça flatteur.
Malheureusement, Park Jimin n'est pas n'importe qui ; il s'agit du plus grand salopard que je connaisse.
《 Les gars, vous pouvez sortir deux minutes ? J'ai à discuter avec petit sucre. 》
Pourquoi je ne le sens pas ? Parce qu'avec lui, "discuter", ne veut jamais dire parler tranquillement autour d'une tasse de thé.
L'angoisse me remonte soudainement à la gorge. J'aurais préféré avoir à éviter de rester seul en sa compagnie.
Les souvenirs de la dernière fois sont toujours présents. Et même si la marque sur mon bras a commencé à cicatriser, les séquelles mentales telles que les cauchemars que j'ai fais suite à ça sont toujours là, et m'assaillent à chaque fois que je tente de fermer les yeux, le soir. Maintenant également, alors que j'essaye de dissimuler dans les poches de ma veste, mes mains tremblantes de stress.
J'avais osé penser qu'à force, ce serait une chose à laquelle je me serais fait, stresser. Il faut croire que j'avais tort, puisque ce n'est pas le cas.
Lorsque tout l'ensemble de son petit groupe est sorti de la salle de classe, il referme la porte derrière eux. Il cale une chaise contre cette dernière, puisqu'elle ne possède pas de verrou comme dans les salles de sciences appelées communément les labos par les élèves.
Dans ma tête, je ne peux m'empêcher d'imaginer le pire.
Et s'il tentait de me faire des choses ? Ce ne serait pas la première fois, et la situation semble idéale. Je me mords la lèvre aussi fort que je peux, sentant les larmes monter.
J'ai l'impression de passer ma vie à pleurer. Enfin, je ne suis qu'un faible après tout.
Pendant un quart de seconde, je pense à me lever de ma chaise et partir en courant. Mais la porte est "verrouillée", et je ne compterai en aucun cas sur mes jambes pour me sauver. Ce serait perdu d'avance.
Jimin s'avance à pas lents, et une fois à ma hauteur, il prend mon visage entre ses mains et colle son front au mien et je ferme fortement les yeux.
Je me fige, me raidit, tout ce que vous voulez mais reste immobile en attendant un quelconque coup qui tarde à venir avec les secondes. Je rouvre les yeux, en comprenant qu'il ne viendra pas.
Son simple toucher me provoque d'insupportables et insoutenables frissons d'horreur.
C'est comme s'il était nocif et que j'étais allergique à tout ce qui le concerne, de près comme de loin.
À cet instant, je déteste le fait qu'il me touche ainsi, presque avec douceur. Tellement. Et j'aimerai plus que tout que ce soit vrai. Parce que malgré la sensation désagréable qui m'anime, c'est tout ce que j'ai toujours cherché, de la douceur. Mais il n'y a jamais eu personne pour me la donner.
Je le vois qui a fermé les yeux et comme ça, sur l'instant, il est beau.
Je hoquète et sursaute lorsque je sens le souffle de ses lèvres entrouvertes venir percuter les miennes. Je l'entends qui ricane suite à ma réaction, et il se détache.
Je n'ai toujours pas bougé.
Alors que je le croyais serein il n'y a même pas deux minutes, j'aperçois la petite veine sur son front qui palpite. Il est en colère, je le vois aussi au rictus ironique qui trône sur ses lèvres.
J'aimerais tellement pouvoir lire en lui, essayer de le comprendre aussi bien que je décode son énervement. Mais il passe trop souvent du coq à l'âne pour que j'ai ne serait-ce qu'un espoir d'y parvenir.
Ses irrégulières sautes d'humeur me font peur. En particulier parce que je suis toujours le premier, et bel et bien le seul à les subir.
C'est quand il me prend par les cheveux, pour m'éjecter par terre ma tête cognant contre le mur, que je sais que je vais passer un sale quart d'heure.
Et mon cœur s'emballe. Et il bat de plus en plus vite, lorsqu'une ampoule imaginaire s'illumine au-dessus de ma tête.
À cet instant, je réalise, qu'il pourra faire tout ce qu'il voudra de moi, le constat restera le même. J'ai honte, je me donne moi-même envie de vomir, mais je réalise.
Quoi qu'il fasse, je n'arriverai pas à le détester autant que je le souhaiterai.
Je n'arriverai pas à le détester tout court.
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HARCÈLEMENT (yoonmin)
Fanfic(À L'ABANDON) « mon corps et mon coeur après ton passage se sont retrouvés sourds ; la douceur de tes mots n'égalise en rien celle de tes lèvres. » yoongi et jimin, unis par une relation agresseur et agressé après une étrange scène de leur adolescen...