20, TO FALL

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Jongsin était une partie de mon être, qui me dévorait de l'intérieur. Il avait une emprise telle sur moi, que je savais pertinemment que jamais je ne saurai m'en défaire. Il était l'origine de mon agressivité et de ma folie. Et plus que tout, de mon malheur. Il quémandait souvent que je me fasse saigner, et en contrepartie, il partait. Mais ces instants de repos et de paix n'étaient que de quelques heures seulement, car il s'immisçait jusque dans mes rêves, qui peu à peu, avaient pris l'apparence de cauchemars. J'avais fini par perdre espoir qu'il me laisse tranquille un jour, parce que s'il y a bien une chose que j'eus retenue, c'est que quelques fois il avait beau s'évaporer, il revenait encore et toujours à la charge.

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C'était un rituel nouveau, qui n'avait vu le jour que depuis quelques semaines. Il se produisait tous les trois jours, aux alentours de minuit, mais n'avait jamais réellement abouti. Je n'avais pas le courage nécessaire pour l'achever, ce foutu rituel.

Tous les trois jours, aux alentours de minuit, je monte sur le toit de mon immeuble qui tombe légèrement en ruine, et je me penche au-dessus du vide formé par les 4 étages. Un pied sur le béton, l'autre dans le néant, sans rien pour le soutenir. C'est la position dans laquelle je me tiens actuellement.

Face au vide, je regarde ce qu'il y a en bas. Rien, ma rue est déserte, et seuls des lampadaires et la lumière du clair de lune font en sorte qu'on y voie un tant soit peu. J'ai froid. Je suis seulement vêtu d'un de mes t-shirts provocateurs, où on voit mes clavicules et mon torse, à cause de la transparence du vêtement. Le tissu est fouetté par le vent, et virevolte comme le ferait un drapeau. Mon jean est plus là pour décorer qu'autre chose, puisque je tremble comme si je ne le portai pas. Mes pieds nus frottent contre la matière rugueuse qu'est le béton. Les cicatrices de mes poignets et avant-bras sont visibles, malgré la pénombre. Étrangement, je n'en ai pas honte, contrairement à ces derniers jours où j'avais envie de me couper les membres pour qu'elles disparaissent. Chose que j'ai vraiment failli faire, mais Su Hyun est arrivée pile au bon moment pour m'en empêcher.

Il n'y a pas un bruit aux alentours. Rien qui ne puisse briser cet instant.

Àcette heure-ci, si je saute, personne ne le remarquera. On ne s'apercevra de ma chute qu'au petit matin, et je laisserai derrière moi, Su Hyun, ma famille et mes amis en pleurs. Mais c'est peut-être mieux comme ça. Peut-être que je cesserai enfin d'être une nuisance pour mon entourage.

J'étends les bras, cherchant à stabiliser mon équilibre, alors que je penche légèrement en avant.

Je me sens bien. Un léger sourire remonte les coins de mes lèvres alors que je ferme les yeux. Je me sens bien, vraiment. Je n'ai pas pris mes pilules, mais ce n'est pas grave. Je n'en aurai plus besoin, là où je m'apprête à partir. J'hésite encore, entre le paradis ou l'enfer, même si au fond, je ne crois en aucun des deux. Mes parents n'ont jamais vraiment réussi à m'inculquer les valeurs chrétiennes qu'ils auraient voulu que j'aie.

Je m'approche encore plus du vide, le poids de mon corps contrebalançant légèrement, tandis que je commence à réellement flirter avec madame la mort.

Une petite voix intervient dans ma tête, m'encourageant dans mon acte. Ce que je m'apprête à accomplir ne relève ni de la bravoure ni du courage. Je suis juste fatigué. J'ai envie de dormir et de ne jamais réveiller, trouvant le repos éternellement.

Vas-y Jimin, saute. Le monde ne s'en portera que meilleur.

Il a raison. Jongsin a raison. Qui pourrait me regretter ? NamJoon, qui est trop occupé à câliner Jin au lieu de s'intéresser à moi, qui suis son meilleur ami ? Jungkook, qui ne remarque ma présence qu'une fois sur deux, et qui se fiche totalement de ce qui pourrait m'arriver ? Hoseok, qui au fond, est en désaccord total avec tout ce que je fais ? Taehyung, lui qui m'a toujours méprisé et voulut prendre ma place de « chef » dans notre petit groupe ? Ou encore Jin, qui ne me considère plus comme un ami depuis bien longtemps ?

Yoongi.

Tiens, qu'est-ce qu'il en penserait, lui ? Il serait plutôt heureux j'imagine, son calvaire trouvant enfin sa fin après tant de temps à me supporter. Je réalise que je ne compte véritablement pour personne. Même pas pour Su Hyun, qui de toute façon, ne pourra pas pleurer ma perte bien longtemps, la maladie déployant son emprise sur elle un peu plus à chaque seconde qui passe et s'écoule. Un sentiment de soulagement me traverse en pensant à mon amie, au moins, je ne la verrais pas mourir. Je ne l'aurai ô grand jamais supporté.

J'étais stupide. Je croyais n'être important pour personne. Mais il y avait bien une personne, pour laquelle je comptais. Malgré tous mes efforts pour produire l'effet inverse.

La brise caresse mon épiderme, je frissonne et de la chair de poule se crée sur la peau nue de mes bras.

Je me rapproche encore un peu du vide.

Mon coeur tambourine si fort dans ma poitrine que c'en est douloureux. Le sang afflue avec violence dans mes tempes, alors que je commence à pleurer silencieusement.

J'ai peur. Pourtant, je ne devrais pas. Je m'apprête à accomplir la seule putain de bonne action de ma vie en me donnant la mort, et je trouve le moyen d'être effrayé. Je me sens minable.

Encore un tout petit peu.

Je repense à Su Hyun, à notre rencontre, à mes galères, mes problèmes qui ne seront dorénavant plus, le sourire de ma mère, l'amour et la fierté présents dans les yeux de mon père, ma petite soeur JiSoo qui vient de fêter ses quinze ans, les chamailleries des triplets, à Namjoon et les autres, Yoongi. Ses putains de larmes coulant sur son visage d'ange.

Je me remémore son visage brisé alors que je m'apprête à lui rendre sa liberté.

Et je tombe.

La dernière image que j'ai en tête restera définitivement celle du ciel brumeux, sans étoiles. Mon corps étalé sur le béton et douloureux à l'extrême, comme si on me brisait tous les os du corps (ce qui doit vraiment s'être produit), je me sens bien.

Je ne serai plus jamais un fardeau pour les autres.

Je souris, et mes paupières se ferment, pour ne plus jamais se rouvrir.

Et, pour la première fois en 18ans, je ne me sens pas sale. J'aime cette sensation.

" Hyung, pourquoi ne m'aimes-tu pas comme moi je t'aime ? "

" Tu n'es qu'un menteur Hyung. Tu m'as dit que tu ne me blesserais jamais. Pourtant, c'est ce que tu fais, tu me blesses. "

bon, grave déçue du chap 19 et de celui là. J'ai de l'avance jusqu'au chapitre 22. :)

HARCÈLEMENT (yoonmin)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant