CHAPITRE 16

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La journée passe à une vitesse, j'ai à peine le temps de me préoccuper de mon intercalation avec Anna ce matin. Je ne peux plus faire semblant, j'ai besoin d'évacuer et surtout d'en parler à quelqu'un. La seule personne qui soupçonne quelque chose depuis le début, c'est Paul. Je pense qu'il ne me jugera pas même si je joue fortement avec le feu... 

Je rentre dans sa chambre, il a déjà une manette à la main, il est assis sur l'un de ses fauteuils. Je rentre et m'empresse de m'installer à côté de lui, il me tend une manette. On commence à faire une partie, puis deux, puis trois et je suis véritablement une vraie merde ce soir. Il met pause au jeu : 

- Maintenant tu vas me dire ce qu'il y a ?

- ...

- Pas de mystères, pas de détours, je veux la vérité Griezmann. 

- Je suis amoureux d'Anna.

- Putain mec, tu aurais pu y aller doucement là !

- Tu m'as d'être honnête et de ne pas tourner autour du pot.

- Ouais mais là on parle pas de foot, on parle d'une nana bordel. Putain, je le sentais venir ce truc, mais merde ! 

- On s'est embrassés. Je baisse les yeux.

- Tu déconnes.

- Non!

- T'es pas sérieux.

- Plusieurs fois, la première fois c'était quand on est rentrés de la boîte et après ici dès qu'on trouvait un moment seuls.

- T'as couché avec elle ?

- Non, elle ne l'a probablement jamais fait. Je suis très attaché en plus...

- Mais ?

- Mais je ne comprends pas le comportement de Didier, il m'a presque menacé si je dévoilais l'identité de sa nièce à la presse. Il a convaincu mon frère de jouer l'amoureux transis sur les réseaux sociaux pour la proteger. Il la protège tellement bien qu'elle n'existe à nul part sur google.

- Ce n'est possible, il y a forcément quelque chose ?

- Il n'est même pas mentionné que son frère avait une fille ou que Didier est son oncle. A nul part je te dis. Elle esquive le sujet. 

- Mec, non seulement tu t'es mis dans la merde avec cette histoire et en plus ça pue tout ça.

- J'ai besoin de savoir ce qui se trame et je n'ai pas envie de la laisser. Putain, je ne supporte pas qu'un mec s'approche d'elle. J'ai tellement envie d'elle quand elle est près de moi. C'est une attraction immense et...

- Mec, épargne moi les détails, on sait tous qu'Anna est bandante mais elle a 17 ans.

- Je sais...

 - Et tu as une famille, je peux comprendre, on a tous eu des moments d'égarements avec la pression, la distance de nos proches mais là c'est pas un coup d'un soir que tu me parles c'est carrément un coup de foudre et je trouve ça dangereux. Imagine tu la blesse et elle raconte tout à son oncle, tu pourrais te faire virer avant même de commencer les matchs de l'euro. La sélection n'est pas définitive, Didier peut changer d'avis à tout moment.

- Je l'aime Paul. 

- Mais arrête !!! Dis-lui que tu as fait une erreur, que c'est un moment d'égarement. 

- Je ne peux pas, j'ai déjà essayé. Je l'ai ignoré, j'ai été méchant avec elle, j'ai même fait en sorte que mon frère sorte avec elle mais ça m'est insupportable de la voir avec un autre. 

- Alors vis ton histoire avec elle, mais tu ne diras pas que je t'ai prévenu. Je te couvrirai quoi qu'il arrive. Je ne veux pas que tu fasses une erreur et que tu compromettes à cause d'une fille. 

- Je suis désolé.

- Tu diras ça à Erika quand elle apprendra la vérité, moi je suis ton pote pas besoin de faire ton romantique. 

- Je devrais peut-être parler de tout ça à Anna. 

- Oui, enfin tu te sens capable de résister et de ne pas coucher avec elle. 

- On n'est pas des animaux Paul.

- Pourtant quand tu la regarde on dirait un lion affamé.

- Tu sais aussi bien que moi que c'est frustrant de ne pas avoir de rapports pendant de nombreux mois. 

- A ce que j'ai compris c'est une sacrée coquine Erika, ça va te faire bizarre d'être avec une novice non ?

- Ferme-là! C'est tout à fait différent avec Anna. C'est passionnant avec Erika c'est fougueux. 

- J'espère qu'elle est suffisamment mature pour accepter cette situation, tu es surement le premier mec avec qui elle sort et tu lui imposes ta femme et ta gosse, un peu lourd pour une fille de 17 ans.

- Elle est plus forte que tu crois.

- Je n'en doute pas, mais rappelle-toi si tu la jettes comme une merde tu auras à faire à moi, Anna c'est une fille bien. Elle mérite mieux qu'un footballeur...

- Je sais.  


Je décide de rejoindre Anna dans sa chambre. J'entends Didier, il parle assez fort, je ne peux m'empêcher d'écouter. 


- Anna tu sais très bien que tu n'as pas le choix. Tu savais ce qui t'attendait.

- De jouer la comédie ? Je ne le supporte plus.

- Tu ne connais personne ici, ça n'a pas d'importance. Ce qui compte c'est que moi je sais qui tu es.

- Et si ça ne me suffisait plus...

- Anna, dis-moi pas que tu es tombée amoureuse de l'un des joueurs ?

-...

- Ils ne te méritent pas, ils n'ont absolument rien dans la cervelle à part des stratégies de terrain de foot, leur but en se levant le matin c'est de taper dans un ballon. Tu mérites beaucoup mieux.

- Qu'est-ce que tu en sais...

- Regarde ta mère, elle méritait mieux elle aussi. Elle a souffert de tout ça.

- Laisse-moi. Je veux être seule.

- Très bien, tu sais où me trouver si besoin. Je te promets que la situation reste provisoire, je ne te ferai pas subir tout ça très longtemps. 


J'entends des pas, je m'empresse de me planquer. Je n'ai pas tout saisi, elle parle de jouer un jeu, mais quel jeu au juste ? Didier a des suspicions quand à son attachement envers les joueurs. Effectivement il se pourrait que sa nièce chérie soit tombée amoureuse d'un abruti de footballeur. Alors c'est ça qu'il retient de nous tous, qu'on est des abrutis. Qu'on peut nous manipuler facilement avec de l'argent et des filles. Mais on vaut tellement mieux que tout ça, nous aussi on est êtres humais, on a des sentiments, pour certain ils viennent de très loin, milieu familial très modeste, on a tous notre histoire, nos démons et c'est grâce à eux qu'on est devenus des hommes et qu'on supporte toute cette pression infligée par le sport. 

Je décide de frapper à la chambre d'Anna. Elle ne tarde pas à m'ouvrir. Je vois ses yeux assombris et humide. Venait-elle de pleurer. Je n'ai pas le temps de réfléchir qu'elle s'empresse de m'embrasser. Je ne la pensais pas si entreprenante. Je ferme la porte derrière moi. On continue de s'embrasser comme-ci nos vies en dépendaient. Je la sens en colère, triste, rien de bon dans ses baisers, comme un appel au secours. Elle pose son front contre le mien à bout de souffle elle me dit : 

- Fais-moi tout oublier Antoine, je suis prête à tout.

- Je ne crois pas que...

- Antoine, j'en ai envie...



Take my hand through the flames - #AG.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant