Chapitre 1 - gay et intriguée

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— Je suis dégoûtée, râle ma collège, Karolina, qui est aussi ma meilleure amie.

Je lève les yeux et regarde mon amie qui est accoudée sur le comptoir à regarder tristement derrière moi.

— Il est gay, comment vais-je pouvoir l'avoir dans mon lit. Elle se tourne vers moi. Dis, il ne te dit pas quelque chose ? J'ai vu son visage quelque part...

Je me tourne vers l'homme qu'elle fixe depuis dix minutes. Il vient tous les jours à la même heure depuis plus de deux semaines. Il se pose toujours à la même table, au fond du bar près des fenêtres et reste là, seul, pendant un long moment. Il arrive à dix-sept heures, je pars prendre sa commande -qui est toujours la même- et il reste sur son téléphone ou travaille sur son ordinateur portable lorsqu'il l'a. Aujourd'hui, comme tout les jours, il porte un costume noir et blanc. Je me demande souvent quel métier il fait. J'hésite entre la justice et l'économie.
En plus de ça, il est très beau, vraiment beau même. Il a des cheveux noirs mi-bouclés qui lui retombent souvent sur le visage et il les chasse très souvent en arrière en essayant en vain de les faire tenir, mais ils finissent toujours par gagner le combat. De larges épaules, qui se moulent à la perfection dans son costume. Un long corps, fin mais très grand, il est vraiment grand. Moi qui suit déjà grande, il doit bien faire cinq-dix centimètres de plus que moi. Il a la peau matte et des yeux bleus émeraude à tomber par-terre, j'ai souvent du mal à le regarder dans les yeux. Il a aussi une fine barbe toujours bien taillée. Je le trouve impressionnant, il a une certaine prestance qui me fascine et qui m'effraie à la fois.  Mais, il est tout sauf gay, c'est marqué sur son front, et apparement, la seule à ne pas s'en rendre compte est Karolina.

— Il n'est pas gay, soupirais-je alors que j'ai dû répéter cette même phrase plus de cent fois depuis le début de la semaine.
— Je te rappelle, ma chère, que ce Dieu vivant n'a pas réagi à mes tests !

Plonger son décolleté sous ses beaux yeux émeraudes, le draguer ouvertement, le stylo qui tombe « accidentellement » par-terre. Je l'avoue, il n'a pas vraiment réagi c'est vrai. Pauvre Karolina (gros surplus d'ironie).

Elle et moi sommes très différentes l'une de l'autre, les parfaits contraires. Autant physiquement que mentalement. La blonde et la brune, le yin et le yang. Sans plaisanter, elle a la peau bronzée, moi très claire. Je suis grande, elle est petite. Elle n'hésite pas à porter des vêtements excentriques, moi non. Je suis plutôt timide alors qu'elle ne l'est pas du tout. Elle drague à tue-tête et n'a jamais de relations sérieuses, moi j'ai eu quelques petits copains et amourettes. Mentalement, elle n'est pas seule dans sa tête, elle aime faire la fête, rit pour tout et pour rien, moi je suis plutôt calme, enfin par rapport à elle je le suis. J'aime faire la fête mais pas comme elle. Elle finit très souvent éméchée et je termine en Sam. Et pourtant on se complètent et je l'aime cette fille.

— Tout les mecs que j'ai croisé dans ma vie ont au moins posé leurs yeux une fois sur moi ! Comment se fait-il qu'il ne l'ai pas fait en deux semaines. Alors je te le dis: il est gay.

Je soupire, agacée de parler de ça avec elle à longueur de journée. Je décide de retourner au travail et je dois aller chercher la commande du bel inconnu que ma copine croit gay. J'attrape mon carnet et arrive près de sa table. Il me remarque et lève les yeux de son ordinateur. Ses fossettes se creusent et ses yeux s'illuminent.

— Toujours pareil j'imagine ? Il lâche un petit rire.
— Absolument, il se penche vers moi et en un murmure souffle: Gabbie...
— C'est bien moi. Son petit sourire ne quitte plus sa bouille d'ange et je retourne derrière le bar pour lui préparer sa commande.

Ma copine surveille chacun de mes gestes et me fixe sans arrêt. Voyant que je ne fais pas attention à elle, elle tire mon avant-bras et s'excite.

— Quoi ?! Je râle.
— Il t'a parlé, elle rajoute: et regardé ! Puis son visage devient sombre de jalousie.
— Oui, très sympa d'ailleurs et pas gay.
— Demande-lui son nom s'il te plait, il me dit tellement quelque chose ! Je n'arrive pas à retrouver son nom. Gabbie, s'il te plait !

Elle joint ses deux mains ensemble et me supplie en sautillant d'une jambe sur l'autre. Lorsque je termine sa commande, je lui apporte.
Je pose sa boisson sur sa table alors qu'il se recule et déplace son ordinateur pour me laisser faire et il me sourit -encore-. Je me tourne vers Karolina qui me regarde avec son air de chien battu.

— Bon... Mon amie -bas, je la pointe du doigt et je n'ose pas vraiment continuer. Je rougis, bafouille: elle aimerait savoir votre nom...

Je me tourne vers elle en même temps que lui et elle fait semblant de nettoyer un verre mais les regards qu'elle lance dans notre direction prouvent bien le contraire. Le regard crispé que me lance le bouclé me met mal à l'aise.

— Veuillez m'excuser, je vous dérange... Je vais y aller.

Je tourne les talons et m'apprête a partir mais il m'attrape le poignet et me dit:

— Je lui plais, à votre amie ?
— On peut dire ça oui.

Je me sens mal à l'aise face à lui, il est bien plus grand que moi, ses larges épaules, ses muscles épais dans son costume.

— Elle doit sûrement me connaitre. Je suis Meek Swall, mais vous apparemment non ?

Il fronce les sourcils, l'air étonné. C'est que même son nom ne me dit rien. Meek Swall, ça lui va tellement bien.

— Et désolé mais votre amie ne me plaît pas vraiment, il pose quelques pièces sur la table et se tourne vers moi, mais vous oui.

Il me sourit, en me dévisageant de longues secondes alors que j'ouvre la bouche d'étonnement puis rougis. Il tourne les talons, quitte le bar et monte à l'arrière d'une voiture après qu'un homme en costume lui ai ouvert la portière.

Oh non, Meek Swall, l'homme le plus sexy, interrogateur et secret du monde n'est pas gay du tout...

Je fixe la voiture, il baisse la vitre et me fait un clin d'oeil puis la voiture part.
Je ne le connais pas et pourtant je réagis comme une chatte en chaleur. Je frissonne d'excitation.
Comment vais-je pouvoir le regarder dans les yeux maintenant, déjà que j'avais du mal à le faire ?

— Gabbie ? Qu'est-ce que tu fixes comme ça ? Ma copine me secoue le bras. Alors, il t'a dit quoi ?
— Meek Swall, je continue à regarder la rue, perdue.
— Que dis-tu ?
— Il s'appelle Meek Swall, lui dis-je en me tournant vers elle.
— Non ! Ses yeux s'ouvrent en grand. Tu blagues ?
— C'est ce qu'il m'a dit, tu le connais ?
— Comme tout le monde ! Swall International, de quelle planète tu viens !

Il faut que j'aille le rechercher sur Internet. Ce Meek -rien que son nom me fait frémir- ne me laisse pas indifférente, enfin ne laisse pas mon corps indifférent, il est...intrigant. Je sens que je ne suis pas prête d'être tranquille à partir d'aujourd'hui.

Lorsque je retourne à sa table, il y a un numéro de téléphone écrit sur la serviette calée sous son verre encore plein. En dessous de son numéro, il est écrit:

Contactez-moi vite, j'ai hâte de vous revoir.
Meek Swall

Je n'ai plus qu'une envie: rentrer chez moi pour en savoir plus sur Meek Swall.

sous empriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant