Ayden.
Je l'observais. Elle a des yeux vraiment magnifiques, ils ont le don de m'absorber... J'aimerais que cela dure un peu plus longtemps, mais cette idiote me ramène toujours très vite à la réalité.
— Qu'est-ce qu'il y a... J'ai quelque chose sur le visage ?
— Hein ? Non pas du tout.
— T'es vraiment bizarre...
Je ne pus que rire face à cette réflexion. Elle n'avait pas tort, mon comportement avec elle est différent de celui habituel, je suis certain qu'à sa place je réagirais pareil.
Je crois que c'est bel et bien la première fois qu'on échange ainsi. C'est presque appréciable. Même lorsque nous étions tout petits, nous nous disputions déjà. Sonia je l'ai connue durant la primaire, mais au bout de trois ans à peine, elle partit sans qu'on ne puisse la revoir. C'est au lycée, c'est-à-dire il y a deux ans seulement, qu'elle est réapparue. Je ne connais pas les raisons de son absence, mais c'était ennuyant de ne pas pouvoir l'embêter ou lui crier dessus comme à notre habitude. A force, c'était presque devenu un rituel, alors évidemment qu'une fois coupé de ce quotidien... Cela procure quelque chose, non ?
Une petite fille riait en jouant avec quelques garçons de son âge, oui, uniquement des garçons.
Soudainement quelqu'un la poussa violemment et elle percuta le sol en béton. Un jeune garçon effronté à peine plus âgé qu'elle d'une année, s'avança hautainement vers elle sans dissimuler sa fierté, et déclara de sa petite voix à l'époque :
— Tu ne dois pas jouer avec des garçons !
La fillette se releva, elle n'avait pas versé une seule larme du haut de ses cinq ans, elle paraissait déjà si grande.
— Et pourquoi ça Aydène ?
— Aydeun, AydeunE ! Parce que tu es une fille.
— Et alors ça te pose un problème Aydène ?
Elle avait posé ses petites mains potelées sur le haut de ses hanches et savait déjà comment l'énerver.
— AydeunE ! Oui parce que des bras de fille ne peuvent pas jouer à des jeux de garçon.
Elle le poussa.
— Ah ouais ? Sale crotte de bique ! Je vais t'écraser !
— Je ne crois pas sale microbe !
Une petite bagarre se déclencha alors dans la cour de récréation. Lorsqu'ils furent enfin séparés, chacun retournait de son côté tout en continuant de se chercher au loin.
— Vers de terre !
— Petite mouche !
— Cochon tout moche !
— Sardine en boîte, tu pues !
— Toi aussi vieux ton !
— Et toi t'es moche.
Elle imita une mine choquée avant de me donner un coup de poing dans le bras avec la faible force qu'elle pouvait donner.
— Han ! Parce que tu te crois mieux ? Regarde ta tête sérieux, depuis quand tu t'es pas regardé dans un miroir ? Il faut tout refaire là.
Je souris. C'est bien la première fois que même nos insultes ne sont pas vraiment cruelles, que c'est calme et amusant.
— Je sais que tu penses le contraire.
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Une histoire d'apparences.
JugendliteraturDans mon lycée, cohabitent deux espèces animales particulières, ou plutôt deux phénomènes : une intello réservée qui "aime" se faire martyriser, et une insociable qui monte sur ses grands chevaux pour protéger les plus faibles. Tout les oppose, bien...