Chapitre 18 : Révélations identitaires et retour à la réalité.

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Sonia.

Sous de nombreux regards sidérés mon corps venait de me dire « stop ». Je dévoilais une bonne fois pour toute l'un de mes plus grands secrets ainsi qu'avec l'un des plus grands mystères de toute l'école. Après trois années passées à jouer la carte de la double personnalité, c'était aujourd'hui que le jeu prenait fin. J'en avais assez. Cette immoralité humaine avait surpassé ma patience et condamné mon sang froid. Comme l'expression le dit : « C'était la goutte d'eau qui fit déborder le vase » cela prenait tout son sens, le vase était plus que débordant. A quel point on peut détester, non je rectifie, aimer s'en prendre aux autres jusqu'à leur pourrir la vie, voire les tuer ? On parle régulièrement de terrorisme, de guerres, de pauvreté, mais les enfants sont entre eux tout aussi infects. Peut-être qu'en réalité je n'ai pas si tort d'infliger « des leçons » de morale ou des coups de pied aux fesses, parce qu'au fond ce qu'on appelle la « jeunesse », est sans doute la clef pour faire naitre la violence de demain qui sait ? Après tout, mettre des corrections à cet âge ou même avant, ce n'était peut-être pas une erreur de ma part, mais peut-être une erreur de croire que ça changerait...

Ce n'est pas le fait que tout ceci soit dévoilé qui m'affecte le plus, mais cet irrespect, cette violence déraisonnable et cette hypocrisie incessante. Lorsqu'on parle de choses graves voir écœurantes aux gens, ils affichent immédiatement une expression de dégout, de peur ou même d'outrage, cependant quand ces actes se déroulent sous leurs yeux il arrive bien souvent que rien ne se passe ou ne les choque. Il leur aura fallu qu'une figure forte subisse un énorme traumatisme et se fasse broyer littéralement les côtes sous leurs yeux, même si pour moi ce n'est presque rien, pour qu'ils daignent réagir ou qu'ils soient remplis d'effroi. Lamentable. Honteux. Minable. La seule chose qui me vient à l'esprit est le dégout mélangé à la rancœur. Si je suis froide depuis tout ce temps, que je hais la plupart des gens, ce n'est pas sans raison et j'en ai la preuve aujourd'hui. Ce manque de solidarité, cette sournoiserie et cette lâcheté me laissent un goût âpre dans la bouche. Et si j'avais réellement été cette fille fébrile intello, m'auraient-ils laissé subir ces supplices sans remord ? Où allons-nous ? Il s'agit toujours de la même rengaine : il faut un exemple percutant pour percuter et dissuader les petits enfants, mais apparemment même à cet âge la leçon n'est pas suffisante, il faut répéter les leçons avec plus d'ardeur et de violence. Ils ne sont pas assez intelligents pour grandir, avoir une logique, ou mieux : avoir un peu foi en l'humanité, un peu de respect envers leurs semblables, envers leurs camarades... Non. Rien de tout cela. C'est parce que la démoniaque qu'ils reconnaissaient imbattable et indétrônable est abattue qu'ils daignent laisser un frisson de stupeur parcourir leur corps. Ils sont infâmes.

J'ai perdu à ce jour l'intégralité de mon jeu d'identités mais je crois que c'est avec tolérance et raison. Dans les secondes où tout fut dévoilé au grand jour, je commençais à perdre connaissance. J'aperçu plusieurs regards outrés, certains affolés, des personnes courant pour se diriger vers moi et me venir en aide, mais à la place de sourire face à ce soudain élan d'empathie, je ne ressentais qu'un profond et immonde dégout...

Après un long séjour à l'hôpital, je pus enfin sortir. Pas en excellent état certes, mais j'allais bien. Une chaise roulante m'aidait à me déplacer bien que vous devez vous en douter, je fis des pieds et des mains pour y échapper le jour où elle est apparue devant mes beaux yeux. Ayden était venu me chercher ce jour-là. Malgré tout cette longue histoire, j'étais tout de même parvenue à trouver une conclusion et un point positifs à cette situation, ceci m'a permis de faire une pause, de mettre les choses au clair et de réfléchir. Premièrement, j'en avais donc conclu que tout ce qui venait de se passer n'était pas échec, mais une épreuve de plus à surmonter pour m'endurcir différemment. Deuxièmement, à force de rester avec Ayden qui prenait tout son courage et sa patience pour supporter mes jacassements, j'ai admis qu'il y ait une possibilité pour que, je l'avoue, je finisse par l'apprécier. Je ne peux pas encore affirmer que « je l'aime », en revanche je peux dire que sa présence ne me dérange pas plus que ça, elle est même agréable.

Une histoire d'apparences.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant