Comme un navire qui s'échoue

Frère et sœur.

Dans 5 heures, moi Armand Depierre, je fête mes 24 ans et l'ouverture prochaine de ma galerie d'art dans un quartier chic de Paname. Je suis le plus heureux des hommes, même si ma dernière conquête est une femme d'un soir que je n'ai pas invitée, je me sens bien. Ce soir je suis bien décidé à me laisser aller, la musique et l'alcool vont envahir mon espace.

-Tu peux venir m'aider.

ça c'est Judith, ma sœur, enfin presque, nos parents se sont mariés quand j'avais 12 ans après avoir vécu leur vie, chacun d'eux avait un enfant. Nous ne sommes pas apparentés, mais c'est tout comme. J'adore ma sœur, et pour l'histoire, elle aime les filles. J'ai souvent eu de longues conversations avec elle sur ce sujet, même encore aujourd'hui. Il faut dire qu'elle a tendance à dégoter des canons, des filles d'une beauté irréelle.

-C'est quoi ton problème ?

Elle a décidé de s'emballer une fille qu'elle a rencontrée, il y a une semaine. Je la sens un peu nerveuse et tout ce qu'elle entreprend depuis ce matin est une catastrophe. Elle est stresser et pas sûr d'elle. C'est une première.

-J'ai mon verni qui n'est pas sec et je n'arrive pas à enfiler ma robe.

Voilà, c'est ma sœur ! La Judith que je connais bien, aurait enfilé le bout de tissu qu'elle appelle robe avant de se vernir les ongles, mais aujourd'hui son cerveau fait relâche. Elle porte pour seul vêtement un string rouge et me tend son étoffe du bout des doigts.

-Tu te rends compte, que tu es presque nue ? Les invités vont arriver dans le quart d'heure qui vient.

J'essaie de la secouer un peu malgré le plaisir que je prends à apprécier ses formes et ses courbes.

-Justement, dépêche-toi de m'aider. M'agresse-t-elle.

Je dois reconnaître que ma sœur est craquante, sa tignasse rousse qui ondule de chaque coté de son visage parsemé de taches de son, ses yeux bleus pétillants, l'harmonie de son corps gracieux, bien que sa peau soit un peu trop pâle, je dirais même laiteux. Elle est juste parfaite.

-Tu le fais exprès ? je n'ai pas que ça à faire. lui dis-je pour la sermonner

Elle prend son air contrarié.

-Une goutte de verni sur ma robe et elle est foutue, alors non, je ne le fais pas exprès !

Pendant que j'ajuste ce qui va lui servir de tenue, j'en profite pour avoir des informations sur sa nouvelle conquête.

-Alors, c'est qui cette fille ?

Elle se tourne vers moi et je suis sur le cul, elle rougit !

-Elle se prénomme Sophie. Elle est dans le même bahut que moi, en première année.

Judith essaie d'être détachée, mais je la connais trop bien.

-En quoi est-elle différente de tes anciennes conquêtes.

J'attends qu'elle enfile une série de bracelets avant de me répondre, quand la sonnette de l'entrée interrompt notre conversation.

-Va ouvrir, j'ai pas fini. Me lance-t-elle en me poussant vers la sortie de sa chambre.

je me dois d'accueillir nos invités. Que la fête commence.

Je réaligne un cadre pendant que j'entretiens une conversation sur les derniers potins des artistes en vogue. Je commence à être un peu éméché, la bière et les shoots à la vodka doivent y être pour un peu, voire beaucoup, enfin après tout c'est aussi mon anniversaire, 24 ans dans heu... j'essaie de lire l'heure et je devine presque 23 heures, j'ai donc encore un peu de temps.

-Armand !

ça c'est encore ma sœur qui a besoin d'un truc. Je fais attention à mon verre en me retournant et, malheureusement, il déborde un peu et arrose ma main. j'essaie de me la lécher et tout ce que j'arrive à faire, c'est de répandre le reste du liquide contenu dans mon verre sur ma chaussure.

-Merde !

je m'exclame en me penchant pour essayer d'essuyer les dégâts.

-Je te présente Sophie, une amie d'Alexandra que tu connais.

Je ronchonne encore en me retournant avant de me relever. Devant moi trois paires de jambes sont alignées. Merde, j'ai vraiment trop bu. Je me gratte la tête et je me force à fixer les chaussures. Bon ce ne sont pas les mêmes, je suis un peu rassuré par mon état. A droite c'est ma sœur, reste au centre et à gauche. pour plus de sûreté, je me décide pour suivre des yeux, le grain velouté des jambes du centre. Je commence une lente remonté et ce que je vois est purement fascinant. A mi-hauteur, un léger grognement appréciateur sort de ma gorge. D'où ça sort ça ? Je suis maintenant accroupi et le besoin de me lever n'est plus si important.

-Tu as déjà trop bu ou tu es coincé ?

Encore ma sœur, Pff, elle m'énerve. Bon d'un coup, je me redresse et devant mes yeux embrumés, j'ai un ange descendu du ciel et en plus elle me sourit. J'aimerais bien articuler un son, mais j'arrive tout juste à entrouvrir mes lèvres. Ses yeux sont un océan, le ciel et la mer qui font l'amour. l'instant me paraît éternel.

-Armand ! alors, tu lui dis bonsoir !

-Je fais l'effort de quitter ce doux visage pour faire un rictus à Judith.

-Oui, pardon!

Je fais la bise à Alex qui a l'air de s'amuser, en serrant la main d'une douceur incroyable que la fameuse Sophie a tendue. Elle me fixe toujours, comme si j'étais un extraterrestre, bizarrement, elle ne me lâche pas la main.

-Bonsoir Armand.

Je sens vibrer sa voix jusque dans mes orteils, Putain cette fille est un rêve. Quand ses doigts s'échappent de ma prise, je baisse les yeux pour être certain qu'ils n'y sont pas encore.

-OK. Mon frère est sous l'emprise de l'alcool. Allons nous trouver de quoi boire, nous avons du retard.

J'entends Alexandra rire de plus belle, bon, elle se moque de moi, d'une certaine façon, je le mérite, je n'ai vraiment pas assuré sur ce coup. Je les suis du regard, elles vont dans la cuisine. J'aimerais bien que cette beauté se retourne vers moi. La regarder encore une fois avant que ma sœur en fasse sa chose et que je ne devienne qu'un frère sans intérêt comme à chaque fois qu'elle se trouve une copine.

C'est sûr, sûr ce coup, elle a fait très fort, j'en suis vert de jalousie. Soudain la belle Sophie se tourne et me fixe intensément. J'ai envie de lui sourire, et de courir vers elle, puis c'est ma sœur qui lui prend le coude et l'entraîne loin de moi.

Je me sens comme ces navires que l'on abandonne sur une plage pour qu'ils meurent dans la solitude.