Une inconnue au bras d'un homme d'un certain âge nous ouvre la porte de l'appartement, après les avoir remerciés, nous nous sommes présentés. La musique m'agresse les oreilles, ce qui me crispe un peu. Alexandra me prend le coude pour me pousser dans le salon.
Marc nous a évidemment très vite repéré, à croire, qu'il était impatient. Il ne s'est pas attardé à me détailler, il m'a juste fait un signe de tête pour me saluer, je suppose qu'Alex lui a dévoilé mes tendances, ce qui ne me gêne pas vraiment, car ce soir ce que je vais faire avec Judith, va cocher la case gay aux yeux de tous.
A vrai dire, j'en ai marre que le monde s'interroge sur ma vie, à Saint-Etienne, j'avais cette étiquette dans le lycée sauf que mes parents prenaient ça pour de la méchanceté vis-à-vis de leur fille chérie. Ici c'est différent, je vais être amené à côtoyer des personnes qui connaîtront tôt ou tard mon père. Pour moi, ce déménagement est en quelque sorte une nouvelle vie, Paris ne juge pas, c'est l'endroit le plus cosmopolite de la France. Ici une personne peut être ce qu'elle a envie d'être. Je me suis levée ce matin avec ce besoin de reconnaissance.
Judith est à croquer, je me sens frémir rien qu'en pensant à ce que j'ai envie de lui faire. Je ne cherche pas une compagne, enfin pas encore, pour le moment, j'ai un besoin sexuel, que je sens monter en moi. Judith a un grand sourire quand elle me voit, je devine d'instinct, qu'elle ressent cette même envie. Quand elle me fait la bise, sa main droite remonte ma hanche en une douce caresse, je fais la même chose avec mes deux mains. Son regard se perd dans le mien et son sourire se fait incertain comme si elle voulait m'embrasser à pleine bouche. Alexandra toussote dans son poing, ce qui me fait réagir rapidement. Calme me toi Sophie, me dis-je.
-C'est sympa chez toi.
Je me détourne en regardant tout autour de moi. l'endroit est sobre dans les tons beiges et gris. les tableaux sont sûrement des copies, mais les choix sont excellents. Le salon à lui seul peut largement contenir 30 personnes sans serrer les gens. c'est vraiment spacieux. J'aperçois une baie vitrée qui donne sur un balcon, au loin, je devine la tour Montparnasse. Cet appartement me plaît bien.
-Oui, ce n'est pas mal. Je vais te présenter mon frère et ensuite nous irons boire. Plus tard, je te ferais visiter si tu veux.
Alexandra fait la bise à Judith et annonce après avoir remarqué le regard intense du macho de service.
-Pas de visite pour moi je connais déjà, de toute façon, je compte bien m'occuper de Marc.
Judith S'irrite, elle aussi est comme moi face au comportement de notre amie. à moins que...
-Marc ! Tu vas perdre ton temps.
Je vois la tête de mon amie s'éclairer. elle ne tient pas du tout compte de l'avertissement de Judith.
-Peut-être, mais pour un soir, il sera suffisant.
-Jamais plus d'un soir ? demande-je
Alex me fait un clin d'œil en se cachant de Judith.
-Non, avec Armand c'est différent, il est très doué, mais j'aime bien changer.
Judith ne peut s'empêcher de me murmurer
-c'est de famille
Je comprends aussitôt l'allusion et je commence à me faire un film x dans ma tête.
-Cela veut dire quoi ? : C'est différent. je demande en fronçant les sourcils.
-C'est épisodique, quand je ne trouve rien à mettre sous la dent, je vais le voir. Il n'est pas disponible à chaque fois, je dirais même que c'est rare, mais quand il peut, c'est juste fantastique.
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Comme un navire qui s'échoue
Short StorySophie, étudiante en art, à un passé douloureux qu'elle essaie d'oublier. La promotion de son père est une opportunité pour recommencer une vie.