La tempête. Partie 16

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Je ne veux pas penser. Le drap qu'Armand a soulevé sur mon passé me donne envie de vomir. Je retire les boules de geisha en tirant sur le cordon. Hou la ! Mm! c'est.. Je les pose en souriant malgré ce qui m'attend. Je pense rapidement que je vais les garder précieusement dans mon sac à main.

Mon verre est sur la table. Judith et Armand parlent en chuchotant, ce qui m'énerve.

-Des messes basses ?

Judith se tourne vers moi un peu confuse.

-Je demandais à mon frère de te ménager. Même si je ne sais rien de ton histoire, je me doute que cela ne va pas te plaire.

Je suis partagée entre savoir et fuir. Le monde va encore basculer et je vais chavirer et me noyer encore une fois. J'appuie mon regard et hausse les épaules.

-Je suis prête.  dis-je après avoir bu un peu.

Armand apaise sa sœur en lui touchant le bras. J'aimerai être encouragé  de la sorte, sauf que c'est de moi qu'il va s'agir et je me sens comme une pile électrique, les boules y sont aussi pour quelque chose dans mon état.

-J'avais deux informations pour faire mes recherches, L'histoire que tu as raconté quand tu t'es enivrée avec Alexandra et la copie du courrier de l'amie d'Elise. Reconnais, que c'était bien maigre pour une enquête ! Elise est décédé, il y a environ 6 ans."

-Le 25 février 2010 !  dis-je émue.

-Je suis désolé. Maintenant voila ce que j'ai trouvé, je ne te cache pas que j'ai une source fiable qu'il a fallut que je questionne. J'ai eu l'opportunité de rencontrer tes parents au vernissage de ma galerie. J'avais donc un point de départ. C'est la femme d'un commissaire que je connais bien qui m'a renseigné sur l'enquête qui a suivi la mort de ton amie. Le rapport indique qu'Elise est décédé d'une overdose. Pourtant l'autopsie annonce autre chose. 

Pendue à ses lèvres, je l'interroge.

-Quoi ? Que dit l'autopsie ?

-Strangulation. Ton amie à été étranglé. Ce qui veut dire que quelqu'un a modifier le rapport pour que l'affaire soit classée. A ce stade, je ne pouvais plus rien trouver. Sortir une affaire sans éléments nouveaux est impossible. J'ai bien failli baisser les bras, puis un soir, j'ai rencontré une personne qui te connais bien. Je me suis intéressée et j'ai posé les bonnes questions.

Je sens des larmes couler sur mes joues. Elise étrangler ! j'aurais du être la, il ne lui serais rien arrivée si je ne l'avais pas abandonné sur sa demande. Je m'en veux tellement. Je renifle en serrant plus fort la main de Judith.

-Qui l'a tué ?

-Cela fait 6 ans maintenant, ça ne sert à rien de te faire du mal. Me calme mon amante d'une vois douce.

-Je veux savoir ! C'est ma faute si elle est morte.

Armand croise mon regard, il est à la fois triste et dur. J'essaie de me concentrer sur son visage qui se brouille derrière mes larmes.

-Dans cette histoire, tu es la victime,  pas seulement par ce que ton oncle Olivier a fait le con avec toi, mais aussi par ce que ton père a caché la vérité et que ta mère ne t'a pas protégé, pire elle a favorisé la mort de ton amie.

Je me cale dans mon fauteuil. Mes mains commencent à trembler. J'ai envie de lui crier d'aller se faire foutre. Qu'il n'a pas à insulter ma famille.  Judith me prend la main. je regarde nos doigts se lier en me retenant de pleurer.

-Tu as l'air de tout savoir ! Qui t'a raconté tout ça ?

-Je te le dirais plus tard. Je vais détailler, sauf si tu ne veux plus rien entendre.

-Dis moi qui a tué Elise et pourquoi ?

Je l'interroge pour essayé de garder le contrôle, pour épargner ma famille. Je me doute maintenant que la vérité va m'anéantir, que ce que je vais entendre ne va pas me plaire. J'ai besoin de savoir pour  Elise, j'ai été tellement égoïste, que je n'ai pas pensé à sa peine, à sa solitude. Je veux savoir.

Armand est nerveux, il s'est levé et fait quelques pas. Je ne le quitte pas des yeux, mais cette fois c'est pas du plaisir que je ressens. Cet homme si parfait, va me faire mal, pas comme Olivier, mais avec des mots. Il sait.

-Tes parents ont eu le résultat de tes examens après ton accident dans ta salle de bains. Ils ont découvert que tu avais été violé plusieurs fois. La gynécologue a trouvé des cicatrices récentes du a l'utilisation d'un objet pour te violer. 

Je pousse un cri en me penchant sur mes genoux pour cacher mon visage. En moi la honte, la surprise d'entendre cette vérité m'anéantie. Armand poursuit sans tenir compte de ce que je ressens

-Tes parents n'ont pas porté plainte contre Olivier certainement pour éviter le scandale. Deux ans plus tard, ta mère t'a surprise avec Elise, vous ne l'avez pas vue. Elle a demandé à ton père d'agir discrètement pour faire cesser ce genre d'amitié . C'est à ce moment la que ton oncle réapparaît et croise ton père. Je ne sais rien de ce qu'il se sont dit, mais il est certain qu'Olivier a cherché à rencontrer Elise pour l'éloigner de toi.

Il fait une pause en cherchant mon regard, peut-être essai-t-il de me ménager.

-A mon avis Ton Oncle te désire encore, pour lui tu es sa chose, son jouet. Je pense que tu n'es pas en sécurité dans ta famille. J'ai bien l'intention de faire surveiller Judith pour qu'il ne lui arrive pas la même chose qu'a ton amie. 

Alors que je replace dans ma tête les événements qui ont suivi le décès d'Elise, Armand se mets a genou près de moi.

-Avec nous , il ne t'arrivera rien. J'y veillerais.

J'ai des larmes qui me coulent sur les joues. Je ne sais plus quoi penser et comment réagir. Le monde s'est écroulé autour de moi. Soudain le noir se fait et je m'enfonce dans le néant.

....

Je me réveille en sursaut, je suis sur d'avoir fait un cauchemar horrible. Judith dors profondément à coté de moi, sa main repose sur mon épaule. Petit à petit, la conversation avec Armand me reviens en mémoire. Il faut que je parle à mes parents, j'ai besoin de savoir ce qui s'est réellement passé avec Elise, et surtout ce qu'Olivier a réellement fait. Je souhaite que tout cela soit un mauvais rêve. Armand a forcement eu une mauvaise source. Pourquoi ne m a t il pas dit  qui est cette personne au courant de tout ?

Sans faire de bruit, je m'habille et laisse un mot a Judith. "J'ai besoin de savoir la vérité, je t'appel."  En signant le mot, je me demande si nous nous reverrons. Je l'aime bien, mais je n'arrive pas à me projeter dans l'avenirs avec cette histoire. J'ai l'impression d'avoir été jugé. je me sens trop mal pour continuer à vivre comme ça.

Quand la porte se ferme, mes larmes coulent de nouveau. Je pleure Elise et Judith, je pleure sur ma vie que je n'ai pas su apprécier. Je me suis échoué sur un banc de sable comme le font les navires qui ont perdu tout espoir.

L'appartement est vide, il est 5 heures du matin et mes parents ne sont pas la. Je ne sortirais pas d'ici sans les avoir vu. Ils me doivent une explication et la vérité. Je décide d'aller dans ma chambre pour les attendre.

Un colis est posé sur mon lit. Je ne reçois généralement rien, je ne commande jamais via le net, je préfère voir et toucher, des fois même essayer avant d'acheter. Ce colis m'intrigue surtout par sa forme, un grand carré plat, le papier est marron et une ficelle le maintien.

"Pour Sophie"  Avec une paire de ciseaux, je coupe le lien et arrache le papier kraft. C'est un tableau ! Je le retourne pour voir la peinture et surprise. je reconnais cette toile. Annick est le prénom qui me viens tout de suite a l'esprit.

je cherche une lettre ou un mot, mais je ne trouve rien. Seul au dos de la toile est écrit : "Comme un navire qui s'échoue"







Comme un navire qui s'échoueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant