— Je le hais sa mère.L'Education Européenne de Roman Kacew alias Emile Ajar est le meilleur livre que j'ai pu lire de toute mon existence. Certes j'ai pris un an à le lire en remplissant avec du surligner vert les deux cent quatre-vingt dix huit pages du bouquin. De manière à fabriquer un pochoir : au milieu du vert, les lettre noirs ressortaient. J'ai utiliser vingt-trois surligner. Vert du SuperMarket du coin. Bien sûr l'année suivante j'ai fais la même chose avec L'Angoisse du Roi Salomon. Mais je l'ai oublié je ne sais plus où et je n'ai jamais lu les dernière pages. Aussi c'est chouette quand Graham alias John Watson me donne la réplique.
— Il ne faut pas. Quand nous auront des enfants, nous leur apprendrons à aimer et non à haïr.
— Nous leur apprendrons à haïr aussi. Nous leur apprendrons à haïr la force.
— Et le fascisme.
— Qu'est-ce que c'est le fascisme ?
— Je ne sais pas exactement. C'est une façon d'haïr.
— Je veux découvrir pourquoi Trent est méchant avec moi. D'après Roman Kacew chez une personne les morceaux les plus importants sont le cœur et la tête. Si dans la tête de Trent, ça ne va pas bien alors son corps n'ira pas bien. Peut-être que si ce qu'il y a dans sa tête, ce qui le rend méchant, s'arrange, alors que peut-être son corps ira mieux et il n'aura plus besoin de me frapper. Je veux l'aider à aller mieux, je déclare en frappant la boîte à gants. Peut-être qu'il voudrait bien nous aider mais que quelqu'un l'en empêche. Peut-être qu'il essaie. Peut-être qu'il réussira un jour, si on l'aide un tout petit peu.
— Peut-être, dit le docteur John Watson noir aux cheveux verts en achevant le passage de L'Education Européenne. On va au lycée, ajoute-t-il du but au blanc. Pourquoi est-ce que Trent était chez lui ? Il est censé être dans le même cours d'algèbre que toi. Il a séché. Est-ce que c'est fréquent ? Tu ne peux pas le savoir puisque tu ne le vois pas quand il ne met pas de pull vert. Il faut qu'on regarde s'il est souvent absent. Je vais aller au CPE. Pendant ce temps, fouille dans son casier pour voir s'il est déranger, s'il compte faire une fusillade comme à Columbine, c'est triste, regarde s'il a des pom-pom rempli de cachet de coke. Regarde s'il a un journal où il décrit ce qu'il va te faire, il ont fait ça ceux qui ont commis la fusillade.
J'hoche la tête pis quelque seconde plus tard, quand les Beatles sont passés à la radio, je descend du véhicule avec l'aide de John Watson et pénètre dans le couloir. Les casiers rouges. Je sais où est le casier de Trent car il est à côté du mien. J'enfonce l'antenne de mon talkie Walkie dans le cadenas. James Bond. Le casier s'ouvre comme par magie. Fol Œil. Je mets la main dedans à la recherche d'un je-ne-sais-quoi et je vois du vert ; un cahier vert. Sherlock Holmes. Je le feuillette dans le casier avec la lumière du GPS. Archéologue. C'est écrit en vert et il a des dates et je me mets à chercher la date d'aujourd'hui lire mais je suis interrompu par le grésillement dans ma poche. D'après le docteur John Watson, Trent a pleins d'absence injustifié et a demander à ne pas faire sport. Mystère et boulle de gomme. Je m'empresse de me plonger dans la lecture d'aujourd'hui.
Fol Œil est venu chez moi. J'aurai préféré qu'il s'abstienne. Parce que. Je. Romain Gary, que j'ai découvert après avoir lu le livre L'Angoisse du Roi Salomon de Fol Œil de ma classe qui avait surligné toutes les phrase au surligner vert et l'avait oublié sur le banc des vestiaires, a dit autrefois " C'est lui. C'est lui. Il passe son temps à se branler sur moi. Tantôt il dit que je suis métaphysique, tantôt il dit que je suis historique, tantôt il dit que je suis hystérique, tantôt il dit que je suis névrotique, tantôt il dit que je suis sociologique, tantôt il dit que je suis clinique, tantôt il dit que je suis comique, tantôt il dit que je suis pathologique, tantôt il dit que je ne suis pas assez stoïque, tantôt il dit que je suis catholique, tantôt il dit que je suis mystique, tantôt il dit que je suis lyrique, tantôt il dit que je suis biologique et tantôt il ne dit rien parce qu'il a peur que je lui casse la gueule. » C'est dingue parce que c'est exactement ce que je pense. Je vais le tuer. Je veux le tuer. Je peux le tuer. Techniquement je ne peux pas. Les nazis n'ont plus ne pouvaient pas tuer tous ces juifs, tous ces tziganes, ces homosexuels, ces malades mentaux, l'univers entier. Mais ils l'ont fait. Alors je vais le faire aussi. Romain Gary a déclaré « Il y a longtemps que toute trace de haine pour les Allemands m'a quitté. Et si le nazisme n'était pas une monstruosité inhumaine? S'il était humain? S'il était un aveu, une vérité cachée, refoulée, camouflée, niée, tapie au fond de nous-mêmes, mais qui finit toujours par resurgir? Les Allemands, bien sûr, oui, les Allemands... C'est leur tour, dans l'histoire, et voilà tout. On verra bien, après la guerre, une fois l'Allemagne vaincue et le nazisme enfui ou enfoui, si d'autres peuples, en Europe, en Asie, en Afrique, en Amérique, ne viendront pas prendre la relève ». Alors je vais prendre la relève. Je n'ai pas de revolver nazi ou pas nazi. Mais je vais aller en emprunter à mon voisin le vieux Jess. Je m'en fiche si je vais en prison ensuite. Je m'en fiche si je suis pris pour un fou. Il me fait du mal. Je veux juste tuer ce salaud. Je veux le voir mourir. Je veux tuer...
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Jacques a dit fermez les yeux
AventureJacques a dix sept ans. Il est aveugle. Jacques sait qu'il est idiot. Il est seul. Il a juste cet ami imaginaire. Pas vraiment imaginaire, en fait. Alors, oui, il lui parle. Il parle tout seul. Idiot. Fou. Idiot. Idiot. Stalagmite. Jacques attend so...