Jacques a dit fermez les yeux

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Dans le roman La vie devant soi écrit sous le pseudo d'Emile Ajar, Shatan Bogat ou Fosco Sinibaldi, Roman Kacew déclare « Moi la vie je vais pas lui lécher le cul pour être heureux. Moi la vie je veux pas lui faire une beauté, je l'emmerde. On a rien l'un pour l'autre. » Alors je sors de la boîte à chaussure le revolver pas nazi qui n'a pas vécue la seconde guerre mondiale ou les camps de concentration ou la gestapo ou la milice mais est juste resté terré dans le grenier. Le MR 83 reste toujours dans la boîte à chaussure mais la boîte ne reste pas toujours sous mon matelas. Je la mets aussi dans mon sac à dos. Pis je la mets dans mes mains avant d'en sortir l'arme à feu. Masturbation du revolver. C'est vrai que ça fait du bien. Se masturber. Je veux dire, tenir le revolver entre les mains.

— Merde merde putain putain.

Ce n'est pas le docteur John Watson. Je me relève d'un bond le pistolet dans ma main et le pointe sur Trent Gerglinter.

— Calme toi. Je ne vais pas te faire du mal ! J'ai les mains en l'air !

— T'as levé les mains sur moi ! Tu m'as violé ! Est-ce que j'ai attrapé le sida ? Dis moi que tu n'as pas aimé me faire du mal ! Dis-le ! Dis-moi que tu regrettes ? Imagine que je sois Shatan Bogat. Il te dirait « Aime-moi, veux-tu ? Un tout petit peu. En tout cas, mens-moi. Dis-moi que tu m'aimes. Même si ce n'est pas vrai. »

— J'aime les personnes qui ne sont pas des nazis. Tu n'es pas un nazi, Fol Œil. Pose ce flingue. Ne fais pas l'idiot.

— Je suis déjà idiot.

— Merde merde merde putain lâche ça ! Tu perds la tête !

— J'ai déjà perdu ma tête ! Tu le dis souvent que j'ai perdu la boule ! Que j'ai perdu mes boules ! Je ne peux plus bander ! Je suis un mauvais alpiniste ! Je suis un médecin bûcheron. Je. vais. Te. Tuer.

Je sers la crosse. Il ne dit plus rien. Silence. Fusillade Columbine. Je passerai pour le méchant. Mais les méchants doivent être tuer. Voldemort. Palpatine. Dark Vador. Le roi Joffrey. Snow. Trent. Trent. Trent Gerglinter.

J'appuie et

                    Je demande en vain quelques moments encore

                                                                  Ô temps. Suspends ton vol.

D'après Roman Kacew, ce qui lui a toujours paru bizarre, c'est que les larmes ont été prévues au programme. Ça veut dire qu'on a été prévu pour pleurer. Il fallait y penser. Il n'y a pas un constructeur qui se respecte qui aurait fait ça.

— Je ne dirai pas que t'as introduit une arme au lycée et que tu as tenté de me tuer. Je ne dirai rien. Parce que toi aussi tu ne dira rien à propos de tu-sais-quoi, ce que je viens de te faire, ce que fait mon père et ce que j'ai l'intention de faire avec le fusil de mon voisin le vieux Jess.

— Je suis content de ne pas t'avoir tué, dis-je en baissant la tête.

— Moi aussi je content.

— Tu vas continuer tes saloperies ?

— Pourquoi est-ce que j'arrêterai ?

J'ai enlevé les cartouches après être monté sur le toit. J'avais oublié. C'est déprimant.

— Ne pleure pas, me supplit-il en reprenant les mots de La promesse de l'aube.

Je ne sais pas si mes larmes son programmés parce que j'ai oublier les munitions ou parce que je suis soulager de ne pas l'avoir tuer. Larme de joie ivresse euphorie masturbation incontrôlée de l'arme. Je donne la réplique du livre de Romain Gary.