Chapitre V: Brooch

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La meilleur défense reste souvent la traque.
GASTON SAINT-LANGERS


Ayumi s'élance vers la droite et Dario par vers la gauche. De mon côté, je me faufile discrètement en ligne droite en essayant de ne pas perdre notre énergumène de vue, ce qui n'est pas facile tant la foule est compacte.

Je ne me laisse pas distraire et continue de surveiller notre mystérieux inconnu. Tout à coup, je vois un gamin qui est sur le point de se casser la figure. C'est plus fort que moi, la mission attendra, il faut que je l'aide. Je le récupère au moment même où il tombe et réussi à lui éviter une belle bosse. Ce sera ma bonne action de la journée !

Mais pendant ce temps, l'homme à la capuche à réussi à se soustraire à mon regard. Il y a tellement de monde dans cette rue ! Je monte alors sur un banc pour avoir une vue d'ensemble, et, à part un couple de retraités qui me regarde comme si je venais de commettre un crimes de lèse majesté à l'encontre du banc, personne ne semble s'occuper de moi.

J'en profite pour regarder si je ne discerne pas une capuche noire. C'est fou ce que les gens peuvent avoir comme coiffures ! J'aperçois une crête iroquoise, un chapeau de feutre rose, un crâne aussi lisse qu'une boule de bowling et une coiffure qui ressemble à s'y méprendre avec un gâteau de mariage, rose et blanc, et qui donne l'impression qu'elle va s'effondrer au moindre coup de vent.

Mais pas de capuche. Il fait trop beau pour en porter une de toute façon. Là ! Je l'ai retrouvée ! Une jolie capuche noire solitaire qui se ballade en faisant semblant de ne pas exister. Je redescend de mon perchoir sous le regard soulagé du couple, qui a l'air de s'attendre à une explosion de ma part d'une minute à l'autre.

Mais je n'explose pas et continue ma filature. Je retrouve Dario et Ayumi qui se sont cachés en m'attendant. Je leur fait un signe de tête comme quoi tout est prêt et nous recommençons à s'approcher de notre cible.

Mais à côté de notre véritable cible se trouve une autre cible : une grosse bonne-femme qui porte une énorme toile de tente, pardon, une «robe » violette et qui est affublée d'au moins trois kilos de bijoux. La dame en violet remarque notre manège seulement quelques mètres avant qu'on ait atteint notre « proie ».

Et sûrement à cause de son monticule d'objets précieux (et comme elle doit être un peu narcissique sur les bords) elle se persuade que c'est après elle que nous en avons. Elle commence alors à hurler comme un putois qu'on en veut à ses bijoux. En moins de temps qu'il n'en faut pour crier « Au voleur ! » toutes les personnes autour de nous nous encerclent et nous font perdre l'encapuchonné. La femme du couple d'avant (mais si, celui qui ne voulait pas que je monte sur ce banc) regarde son mari et lui dit :

-Je te l'avais dis, Roger, ce gamin est une graine de délinquant. Si c'est pas malheureux de voler à son âge.

A quoi « Roger » répond :

-Mais oui, mimine, tu as bien raison !

J'y crois pas ! Je me fais juger, moi qui n'ai jamais rien fait de mal dans ma vie. (Excepté la fois où j'ai vengé Kwak la grenouille qui s'était fait disséquer par la classe de cinquième, avec l'aide des autres. On avait fabriqué du slime, vous savez l'espèce de truc gluant mi liquide mi solide, et on en avait tapissé toutes les chaises et toutes les tables de la salle de biologie en écrivant au tableau : MORT AUX ASSASSINS ! Personne n'a jamais réussi à mettre la main sur les coupables...)

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