Chapitre I: Run

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La seule façon d'être suivi, c'est de courir plus vite que les autres
Francis Picabia


Je cours. Ou plutôt je fuis. Je les sens qui se rapprochent de moi. Je sens un souffle dans mon dos. Je n’ai besoin que de quelques secondes. La course poursuite serait enfin terminée. Mais ai-je encore quelques secondes ? Cela fait déjà une heure que je sillonne les toits de la ville. Cela fait aussi une heure qu'ils sont a mes trousses alors que j'essaye de les semer.

J'arrive au bout de la piste. Je saute du toit de l’immeuble. J’ai l’impression de voler. Le temps semble s’être arrêté autour de moi. Je savoure l’instant présent et j’ai l’impression de vivre à 100%. Je me réceptionne en douceur sur le toit suivant. Ce n’est effectivement pas le moment de me blesser avec autant de personnes à mes trousses.

Une ombre apparaît dans mon champs de vision. Mais j’y suis. J’ai atteint mon but, ce qui mettra fin à tout ça. Je m’élance et tends la main. Oui! Je vais y arriver!

Une main. Une main fine et élégante. Une main d’artiste. Une main qui se saisit de ma cible. Devant mon nez. Je n’y crois pas!

- Haha! Je te l'avais dit! Je t'avais prévenu! Je savais que ça allait le faire! Je le sentait bien ce soir! Ahhh qu'est-ce que ça fait du bien de gagner.
- Ouais, ouais, c'est ça, Will, moque toi.

Je lui tire la langue. Je sais que c'est puéril, mais je n'y peux rien, je suis déçu. Je pensais vraiment y arriver aujourd'hui. Je considère ça presque comme de la triche qu'elle ait attendu le dernier moment pour me voler ma victoire. Mais bon, elle m'a battu, c'est le jeu.

- Alors, monsieur "je laisse tout le monde sur place dès le départ", on s'est fait moucher?

Je regarde qui vient d'arriver. Il s'agit bien sûr de Till, mon ami l'archétype Allemand. Il est grand, à de larges épaules et à, selon un billet trouvé au fond de son casier,
"des cheveux aussi blonds que le blé en été,
des yeux aussi bleu que le bleu des glaciers."
Quand on avait lu ça en cinquième, on avait été tellement mort de rire qu'on avait attiré tous les regards du collège. Mais il est vrai qu'il n'aurait pas détonné au fin fond de la toundra russe, avec une chapka sur la tête et une bouteille de vodka dans la main.

Entre temps, le reste de l'équipe est arrivé et félicite notre anglaise pour sa victoire.

La première à venir la féliciter est Ayumi, une jeune japonaise complètement otaku. C'est vrai que ça fait un peu cliché mais c'est comme ça. Elle sait tout ce qu'il y a à savoir sur la culture nippone. Avec sa petite frange et ses lunettes, elle respire la joie de vivre, et sa mémoire photographique lui permet de tout retenir. Des fois je l'envie... Surtout quand je me retrouve devant mes contrôles et que je ne sais plus rien... Et d'ailleurs, je ne doit pas être le seul.

Will est en train de sauter sur place en serrant le drapeau dans sa main comme s'il s'agissait d'un trophée. Avec ses cheveux roux coupés aux carré et sa petite taille, on pourrait presque la comparer au petit chaperon rouge.

D'ailleurs quelqu'un l'a déjà fait. Il ne le fera plus jamais. Je ne vous donnerai pas de détail, mais sachez juste qu'il était question de ketchup, d'un ananas et d'une bonne dose d'humiliation pour le coupable.
Plus personne ne l'a jamais embêté avec sa couleur de cheveux après ça...

Elle est tellement heureuse qu'elle déborde d'énergie. C'est à croire que pour venir sur ce toit, elle a pris l'ascenseur, et qu'elle ne vient pas de parcourir la ville de long en large pendant une heure.

Le dernier à la féliciter est Dario. Du haut de son mettre soixante-dix, il n'est pas très grand mais sa peau mate de péruvien le rends beau (toujours selon les filles de la classe, parce qu'étant un garçon, je ne peux pas trop comparer. )

D'ailleurs, il ne se gêne pas pour me charrier:
- Alors, Nat, on se fait battre par une fille?
- Je te signale que moi, au moins, je ne me suis pas laissé distancer par cette même fille.
- Un point pour toi, il est vrai.
- Vous avez pas bientôt finit de vous disputer?
- Mais ma petite Ayumi, rien n'est plus défoulant que de se disputer avec quelqu'un. Surtout si ce quelqu'un en question vient de se faire battre par une fille.

Il part alors d'un grand éclat de rire et je me retient de lui donner un coup de coude. Parfois, il est vraiment agaçant, mais bon, je laisse couler.

Ayumi secoue la tête en me regardant d'un air navré et se retourne vers Will, qui est en train d'improviser une danse de la victoire qui ressemble à un mélange entre une danse de la pluie et  les gestes que ferait un vieux grand-père atteint de rhumatisme essayant de guider un avion.

Ce que je m'empresse de lui faire remarquer et qui me vaut un regard noir de sa part.

Till intervient alors:
- C'est pas tout ça, mais je vous rappelle qu'on a cours demain et que si on veut pas se taper une bulle au contrôle de maths en deuxième heure, on a intérêt de rentrer fissa.
- Attends, il est quelle heure?
- Neuf heure et demi...
- Aïe! On va se faire tuer par Mme Delabruyère!

Ça m'embête de le dire, mais (pour une fois) Dario à raison. Mme Delabruyère est très gentille mais elle a une tolérance zéro en ce qui concerne les entorses au règlement.

Or, il y une règle de notre pensionnat qui stipule clairement que "les élèves n'étant pas rentrés avant le couvre-feu se verront interdit de sortie pour les sept prochains jours."

Or, ce fameux couvre-feu est instauré à... 21 heure 35. Pourquoi 35? Je n'en sais absolument rien. Un jour, quelqu'un s'est sûrement demandé ce qu'il allait faire de sa journée et a décrété qu'il allait faire quelque chose de totalement absurde. Comme imposer un couvre-feu cinq minutes après neuf heure et demi.

Ce qui nous laisse exactement cinq minutes pour descendre du toit, traverser le jardin d'étude situé à un kilomètre d'ici et passer la Grand-Porte. Facile!

Je m’élance et hurle:
- Le dernier arrivé paye une tournée!

J'entends des pas et je sens mes amis qui s'élancent à ma suite.
Nous sommes vivants!

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Merci d'avoir commencé cette histoire, ça me fait très plaisir, j'y passe beaucoup de temps et c'est sympa de voir que des inconnu(e)s  (et des connu(e)s) s'y intéressent.

J'espère que vous avez aimé le début et que la suite sera à votre goût. Si vous voulez que l'histoire s'améliore, n'hésitez pas à commenter et à voter, ça m'aidera beaucoup et me donnera envie de continuer.

Si vous avez aimé cette histoire, du moins son début, n'oubliez pas d'en parler autour de vous.

Par contre, si ça ne vous plaît pas du tout, vous avez le droit de la supprimer et de l'oublier à tout jamais. ( Si vous pouviez juste dire pourquoi ça ne vous plaît pas avant 😉)

Voilà comment ce termine ce premier chapitre, bonne lecture.

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