24 - troubles

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Juillet 1999

Robin l'avait trompée. En fait, ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Elle l'avait toujours su, s'était à chaque fois promise de le quitter, en vain. Elle n'était plus amoureuse, depuis qu'elle avait réussi à l'avoir. Du moins, si elle avait vraiment réussi.

Margareth ouvrit un œil. Lorsqu'elle regarda le plafond de sa chambre, il lui sembla qu'il allait s'effondrer sur elle, l'écrasant contre son matelas, la noyant sous des tonnes de débris. Elle lui en aurait été presque reconnaissante. Robin l'avait trompée. Elle allait certainement se lever d'un bond, les poings serrés. Elle allait se diriger à la salle de bains et l'insulter devant le miroir, se barbouiller les yeux de maquillage noir pour laisser de vulgaires traces sous ses yeux lorsqu'elle pleurera, avant de revenir vers lui et de l'excuser lamentablement.

- Quelle conne, murmura-t-elle en plaquant son oreiller contre son visage. Regardez comme j'ai l'air gentille et faible. Je me laisserai faire, vous pouvez en être sûrs. Vous comptez me faire du mal ? Mais c'est parfait, j'ai l'habitude de recevoir des coups en souriant.

Elle ne savait même pas pourquoi elle restait avec lui. La première fois qu'elle avait appris son adultère, elle avait été anéantie, comme si le plafond s'était vraiment effondré sur son petit corps sans défense.

Elle avait été déterminée à quitter Robin, mais il était revenu s'excuser en lui promettant de ne jamais recommencer, qu'elle était la seule qu'il aimait, que les autres ne comptaient pas...

- Et je l'ai cru ! Idiot. J'ai ouvert grand les bras pour le supplier de me frapper à nouveau ! Stupid girl. Edith, elle a trompé sa copine, mais jamais elle n'a eu à subir le même sort. Pourquoi est-ce que je ne suis pas comme elle, tout simplement ? On est sœurs, on devrait tout avoir en commun ! Alors pourquoi est-ce que je rampe au sol alors qu'elle a réussi à s'envoler ?

Comme elle l'avait imaginé, Margareth sortit de son lit en prenant soin de rabattre le drap et de le lisser du plat de la main, elle s'habilla, revêtant une chemise rayée et une jupe blanche parfaitement repassée. C'était sa mère qui lui achetait ses vêtements, et ce depuis toujours. Marg n'avait jamais rien osé lui dire, comme avait pu le faire son aînée.

Et puis, Élizabeth n'avait pas si mauvais goût... Puis, l'adolescente sortit de sa chambre. Elle passa devant la salle de bains, mais n'entra pas, préférant rejoindre ses parents au salon.

- Hello, beautiful ! la salua son père, Walter, comme tous les matins.
- Bonjour.
- Tu as bien dormi, ma chérie ? voulut s'assurer Élizabeth, en lui plantant un baiser sur le front.
- Pas trop mal.

En réalité, il était dix heures du soir lorsque Sandra l'avait appelée pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Marg pouvait lui faire confiance, aussi elle n'avait pas douté de ses paroles. Après avoir raccroché, elle avait fondu en larmes et étouffé ses sanglots dans l'oreiller trempé. Elle avait finalement trouvé le sommeil vers une heure du matin, avec quelques somnifères dans l'estomac.

Elle avait caché la boîte de comprimés sous son matelas, et avait trouvé les mots pour convaincre sa mère d'en racheter, car ils « disparaissaient mystérieusement ».

Ce n'était pas le seul mensonge que Marg lui faisait avaler. En fait, cela faisait plusieurs années qu'elle mentait à tout le monde, sauf à Sandra, sa meilleure amie. C'était simple : depuis le départ de sa sœur, Marg n'était plus la même personne. Elle avait tout fait pour qu'Edith sorte de la dépression et de l'anorexie, et dès qu'elle allait mieux, elle avait décidé de ne jamais rentrer à la maison. Marg s'était sentie abandonnée, et ce sentiment persistait. Jamais un appel, une carte, un message, le moindre signe...

Mon insaisissableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant