Juillet 1998
Alvaro ouvrit l'enveloppe, les mains moites et tremblantes. Il craignait de tremper la feuille des résultats tant il transpirait. Finalement, il la sortit et la déplia soigneusement, avant de risquer un coup d'œil sur les premières lignes :
Monsieur Alvaro Williams. Vous avez participé aux examens de fin d'années au sein de l'établissement -
Il cessa sa lecture et baissa directement les yeux sur les notes, répertoriées dans un tableau. Au fur et à mesure qu'il descendait, son sourire s'agrandissait, et il s'écria :
- J'ai eu mon bac ! Papa, maman !
Ne voyant pas la porte de sa chambre s'ouvrir avec des cris de joie, il appela ses parents de nouveau, plus fort. Toujours rien. Pourtant il savait qu'ils étaient dans le salon. Ce fut donc lui qui vint à eux, en brandissant sa feuille.
Il trouva sa mère dans la cuisine, qui pleurait avec la main devant la bouche. Alvaro se précipita pour la prendre dans ses bras.- Ne pleure pas, c'est une bonne nouvelle ! J'ai eu mon bac, maman !
Cependant, Andrea redoubla en sanglots, se laissant aller à l'étreinte de son fils, plus musclé que la plupart des jeunes de son âge.
- Bravo, je suis si fière de toi...
- Pourquoi est-ce que tu pleures, alors ? Je vais chercher le champagne.Il s'éclipsa dans le garage en sifflotant, et choisit leur meilleure bouteille, avant de revenir vers sa mère, qui n'avait pas bougé.
- Ton père et moi, on se sépare, finit-elle par articuler.
Alvaro laissa tomber la bouteille, qui se fracassa sur le sol. Entendre ces paroles lui fit l'effet d'un coup de pied dans le ventre. Alors que l'alcool se déversait sur le carrelage, sa mère et lui tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Elle murmura :
- Je suis désolée de t'annoncer cela maintenant, Alvaro... Je suis tellement désolée, si tu savais...
- Où est papa ?
- Dans la chambre, il fait sa valise. Je crois qu'il compte t'emmener avec lui aux États- Unis.Alvaro eut une pensée terriblement égoïste, qu'il regretta l'instant suivant : il rêvait d'aller en Amérique, le continent d'origine de son père. Cependant, sa mère avait toujours été là pour lui : elle avait même travaillée durement alors qu'elle était enceinte afin de lui payer son entrée au collège de Bristol. Elle avait ensuite fait une fausse-couche, directement liée à cela. Alvaro ne pouvait pas l'abandonner ainsi, il devait laisser parler son cœur, profondément attaché à sa mère, et non pas son cerveau, qui lui réclamait de partir pour les Etats-Unis.
- Je ne peux pas te laisser seule à Londres, maman...
- Fais ce que tu veux, mon chéri. Je m'en remettrai, tu sais.
- Tu gardes l'imprimerie ?Andrea acquiesça, visiblement soulagée de ne pas avoir perdu l'entreprise familiale, qu'elle tenait de son grand-père. Alvaro réfléchit quelques instants : il n'avait pas la moindre envie de finir comme elle. Là encore, il regretta ses pensées, mais il voulait vraiment prendre son avenir en main, coupant la parole au destin. Alvaro avait suivi des études économiques, pour devenir boursier. Il ne comptait pas finir ses jours à Londres, entre deux tas de feuilles teintées d'encre.
- Maman, je ne sais pas quoi faire...
- Ton père veut à tout prix t'emmener avec lui... Il parle du succès et d'argent, mais tu sais bien qu'il est avare.Alvaro hocha la tête en silence, pensif. Son père était peut-être égoïste et radin, mais il lui permettrait à coup sûr de se faire un nom aux Etats-Unis. Et puis, n'était-ce pas le pays qui suscitait l'admiration de tous ? Là-bas, tout était plus simple, à la portée de tous. Il suffisait de grimper les marches et de récolter l'argent. La vie était tellement plus simple qu'à Londres ! En plus, les Américaines étaient plutôt jolies...
Deux jours plus tard, Alvaro s'envolait pour l'Arizona.
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Mon insaisissable
RomanceAnnées 90, Angleterre. Edith Davis devient une adolescente insupportable pour certains, simplement rebelle pour d'autre. Pendant des années elle se cherche, passe entre les bras de filles comme de garçons, mais elle finit par se remettre en question...