10 - Déluminateur

1.1K 71 43
                                    

Point de vue d'Hermione Granger.

Clic, clac.

Hier, tu m'as dit que tu devais partir en urgence pour une durée indéterminée.
Hier, tu n'as pris que quelques affaires et tu m'as embrassée comme si c'était la dernière fois.
Hier, tu m'as laissée seule et perdue à la maison.
Hier, tu es parti aux États-Unis pour une mission du ministère.

Nous étions le soir, la nuit était tombée depuis un petit moment. J'étais en train de dévorer le nouveau livre que tu m'avais offert pour mon anniversaire, même si c'était la troisième fois que je lisais. J'avais préparé le dîner et j'attendais que tu reviennes à la maison pour que l'on mange ensemble. Je voulais que tu rentres et que tu me racontes ta journée, parce qu'en ce moment, tu travailles au bureau des Aurors et non avec George. Alors je patientais, pour enregistrer dans ma mémoire chaque mot que tu me prononcerais pour que je connaisse ta vie au travail. Je retiendrais chaque nom et chaque chose que tu mentionnerais. Comme à mon habitude.
Quand j'ai entendu un "Alohomora" au son de ta voix, j'ai lâché mon livre. J'étais prête à t'accueillir avec le plus beau de mes sourires. J'aurais ouvert mes bras en grand pour que tu resserres les tiens autour de ma taille. Ensuite, nous nous serions embrassés jusqu'à ce que je te laisse entrer et qu'un sourire éclaire ton visage quand tu sentais l'odeur du dîner. Mais cette fois-ci, ça n'a pas été pareil.

Clic, clac.

Avant-hier, tu m'as dit que tu rentrerais bientôt, que tout irait bien. Mais jamais tu ne m'as dit ça, parce que je savais que tu reviendrais, alors pourquoi ?
Avant-hier, tu as déguerpi si rapidement de la maison que je n'ai pas eu le temps de te dire "je t'aime" comme je le devrais.
Avant-hier, tu avais l'air d'être terrifié même si tu essayais de le cacher.
Avant-hier, j'ai eu peur.

Mon sourire s'était évanoui quand j'ai vu ta mine stressée et inquiète. Je t'ai demandé ce qu'il y avait mais tu ne semblais pas être en état de me répondre. Tu ne m'as donnée aucun détail, absolument rien. Je ne sais rien de ce que tu vas faire, je ne sais pas pourquoi tu dois y aller, je ne sais pas avec qui tu y vas. Tu avais juste pris mon visage entre tes deux mains gelées, que je ne voulais que réchauffer, et d'une voix tremblante tu m'as annoncée que tu devais t'en aller. "Hermione, je dois partir, ne t'en fais pas, tout se passera bien. Je rentrerai rapidement. Je vais aller aux États-Unis, une mission au bureau. Je dois faire vite". Ensuite, tu as monté l'étage en vitesse et j'ai entendu tes pas disparaître peu à peu. J'ai fermé la porte d'entrée et je me suis précipitée pour te rejoindre. Tu étais dans notre chambre, murmurant des "Accio !" à chaque minute parce que tu ne trouvais pas tel ou telle chose. Tu as fourré toutes tes affaires dans un sac et quand tu m'as vue à l'entrée de la salle, si inquiète, je ne sais pas si tu hésitais soudainement à partir.

Clic, clac.

Il y a une semaine, j'ai eu tellement peur pour toi. Qu'allait-il t'arriver ?
Il y a une semaine, j'ai mangé seule alors que normalement, nous aurions discuté, ri et nous nous serions taquinés, comme à notre habitude.
Il y a une semaine, je n'ai pas pu bougé du hall, où tu es parti si précipitamment.
Il y a une semaine, j'ai pleuré toute la nuit.

Tu es resté bloqué pendant quelques secondes en me regardant de tes yeux bleus qui me transperçaient. Tu as bien vite repris tes esprits et fini ton sac. Quand tu comptais t'en aller, tu m'as enfin prise dans tes bras. J'avais envie de pleurer, de te montrer que je ne voulais pas que tu t'en ailles, que j'étais triste, mais je devais rester forte. Parce que si tu me voyais verser mes larmes, tu partirais le cœur encore plus lourd. Peut-être ne partirais-tu même pas ? Mais il faut que tu ailles aux États-Unis, c'est ton travail. Et je ne dois pas t'en empêcher. Alors je t'ai serré encore plus fort contre moi. Je voulais me souvenir de ton odeur que j'aimais tant, de tes cheveux, de tes yeux si bleus dans lesquels j'aime me perdre, de tes tâches de rousseurs qui te rendaient si adorable. Pour toujours. Tu m'as murmurée de ne pas surtout pas t'écrire. Je n'ai pas compris pourquoi, mais je te l'ai assuré. Tu as poussé un soupir de soulagement et tu m'as lentement quittée. Me jetant un regard peiné, tu as descendu les marches avant de courir vers la sortie. J'aurais juré t'avoir entendu me dire "je t'aime" avant de partir, mais peut-être ai-je rêvé.

Clic, clac.

Il y a deux semaines, je pensais que tout allait bien.
Il y a deux semaines, je réfléchissais à prendre du repos pour que l'on voyage, tous les deux.
Il y a deux semaines, j'allais te dire que je voulais un enfant avec toi. Que nous fondions une famille.
Il y a deux semaines, tout cela s'est envolé avec ta personne.

Tu étais parti si rapidement, de façon si imprévisible. J'ai senti mon cœur chuter, comme si tu l'avais emporté en même temps. Je t'ai observé t'en aller depuis la fenêtre du salon. Tu semblais si pressé, comme si tu étais déjà en retard. J'avais tellement mal. Je te voyais t'éloigner de plus en plus, jusqu'à ce que tu disparaisses. Je me suis autorisée à pleurer, tu n'étais plus là de toute façon.

Alors mes larmes ont coulé,
sans jamais vraiment vouloir s'arrêter.
Je les ai laissées se verser, encore et encore.
Un poids semblait se libérer de mon corps,
ça me faisait peut-être du bien d'évacuer.

La respiration irrégulière, j'ai décidé de prendre une douche pour me calmer et me remettre les idées en place. Comment allais-tu ? Avec qui étais-tu ? Pour quelle raison partais-tu ? Tant de questions sans réponses, je tente d'avoir une hypothèse à chacune d'elle, mais j'ai tellement peur que je n'arrive pas à réfléchir correctement. Mes pensées sont tournées vers toi, seulement toi. Et je me rends compte qu'en partant, tu m'as prise moi.

Clic, clac.

Il y a un mois, je me demandais si j'allais réussir à survivre sans toi, cela semblait tellement impossible.
Il y a un mois, je m'étais réveillée et avait espéré que ce ne soit qu'un rêve. La réalité m'a frappée si violemment, que mes larmes ont encore coulé.
Il y a un mois, j'ai dormi avec ton pull de Noël façon Weasley pour avoir l'impression que tu sois avec moi.
Il y a un mois, ma vie devenait un cauchemar, parce que tu n'y étais pas.

Après avoir rapidement dîné, je suis montée dans notre chambre. J'ai enfilé un de tes pulls et à ton odeur, mon corps se calme instantanément. Je ferme les yeux et une scène envahit mon esprit. Je vois une femme brune, souriante, emmitouflée dans un énorme manteau, un bonnet lui recouvrant sa chevelure. Elle était heureuse, cela se ressentait. Elle regardait un homme et une petite fille avec tout l'amour et la tendresse du monde. C'était moi. Je portais une magnifique bague au doigt, j'étais donc mariée avec toi ? En parlant du loup, toi, tu avais laissé ta veste ouverte et l'on pouvait voir apparaître un pull tricoté façon Weasley. Tu portais une écharpe maladroitement attachée, tu étais agenouillé et tenais un début de boule de neige entre tes mains, devenues rouges à cause du froid. Une petite fille, qui devait être la nôtre, tellement minuscule par rapport à toi, te regardait avec admiration. Quelques cheveux roux apparaissaient sur sa tête, digne d'une Weasley, et ses yeux marrons, sûrement comme les miens, la rendaient plus qu'adorable. Elle tenait aisément sur ses pieds mais tenait tout de même l'épaule de son cher père. Qu'est ce qu'on était beau là, dans ce parc, tous les trois, comme une famille. Petit à petit, l'image s'évapora de mon esprit. Quand je rouvris les yeux, la réalité fut difficile à accepter. Tu es le remède à tous mes problèmes, Ronald Weasley.

Clic, clac.

Il y a six mois, j'ai décidé d'être forte en attendant ton retour. Peine perdue.
Il y a six mois, je me demandais quand tu reviendrais. Après ton départ, les minutes m'avaient semblée être des mois. Sauf que maintenant, c'est le cas.
Il y a six mois, j'espérais que ta mission ne dure que quelques semaines.
Il y a six mois, j'étais déboussolée.

Le lendemain de ton départ, je me suis levée, maussade. Ma vie est si ennuyeuse quand tu n'es pas avec moi, Ron. Un horrible silence régnait dans la maison, c'était si inhabituel. Normalement, tu te serais peut-être déjà levé et tu essayerais de préparer le petit déjeuner. Ce jour-là, je n'ai pas mangé, l'envie n'y était pas. Plusieurs journées ont passé comme ça. Heureusement que Ginny est venue me rendre visite et qu'elle m'a vue dans cet état, sinon j'aurais continué. En arrivant, elle avait l'air heureuse. Ça voulait dire qu'Harry était toujours avec elle, qu'ils vivaient ensemble. Son sourire s'est évanoui en me voyant. Depuis, dès qu'Harry et elle le peuvent, ils viennent me voir. Leurs visites me font le plus grand bien, ils font attention à moi, mais tu me manques toujours autant. J'essaie parfois de les convaincre que tout va mieux, je ne veux pas qu'ils s'embêtent pour moi.

Quelques semaines plus tard, ta sœur devait partir pour une série de match de Quidditch et sans surprise, Harry s'est libéré pour l'accompagner. Ils m'ont proposée d'y aller avec eux mais j'ai refusé. Tout d'abord parce que je ne voulais pas m'incruster et les déranger, puis je voulais rester à la maison, au cas où tu reviendrais. Tu es indispendable à ma vie, Ron Weasley, alors je t'attendrai indéfiniment... Jusqu'à la toute fin.

Kid in love [Ron × Hermione] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant